Fragments III
A un certain point de vue la quête poétique est essentiellement le fait d'une singularité qui se creuse, une affaire personnelle.
Pourtant rien ne s'approfondit sans circulation, sans mise en jeu, sans transformation - c'est à dire sans échange d'éléments.
A l'un de ses extrêmes, l'expérience qu'on appelle poésie n'est rien d'autre que ce mouvement de circulation qui se creuse, en permutation permanente avec les éléments du monde, où il devient difficile sinon impossible de cerner des points fixes, de distinguer des pôles stables.
Qui sont les poètes, alors?
Peut-être simplement ceux qui sont engagés consciemment dans un tel mouvement. On leur a donné un nom spécifique parce que, de fait, tous les hommes ne sont pas volontairement engagés dans ce mouvement, tous les hommes n'y prennent pas pied pour pousser cette expérience aussi loin qu'il sierra. Mais la poésie, ce mouvement de circulation sensible et sa concentration elliptique dans une épreuve ( pour autant que la poésie est humaine), n'appartient pas aux poètes: c'est une grande confusion que de penser qu'il existe des spécialistes du rêve ("ce rêveur définitif": c'est bien l'homme , pas le poète)."
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