Tableau 3 . Un homme et une femme.
F - Que vais-je faire de vous ?
H - Ne sauriez-vous pas vous servir d'un homme ?
F - J'ai cette ignorance.
H - Invoquer cette innocence m'aurait certainement séduit davantage.
F - J'ai craint qu'innocence ne vous renvoie à passivité.
H - Je sais que le mouvement des organes est assez restreint. Au final, leur combinaison se ramène à une seule.
F - La multiplicité des postures compense éventuellement cette restriction de la nature.
H - Voilà une réflexion qui témoigne assez mal de votre ignorance.
F - Est-ce à dire que vous me trouvez belle ?
H - Je n'en suis pas encore aux appréciations. Sachez d'ailleurs que je n'ai pas le culte de l'apparence.
F - Mais avec quoi faire figure ?
H - Nous pourrions nous regarder en silence.
F - Nous pourrions nous toucher en silence.
H - Dans ce cas, quel serait votre premier geste ?
F - J'afficherais une stupeur pudique tout en vous adressant un sourire qui en serait le démenti.
H - Anticipez-vous le résultat de cette attitude ?
F - Je n'ai pas à vous dévêtir de votre indifférence. Je ne préjuge pas de la rapidité de votre échauffement.
H - Etes-vous capable de vous fier au premier plan ?
F - J'ai à coeur de vérifier d'abord s'il est partagé.
H - Comment distinguer la chiennerie d'un penchant décisif ?
F - Le risque a l'avantage d'être l'intermédiaire le plus résolu de la chance. Peut-être n'aimez-vous pas la chance ?
H - Ne vaut-il pas mieux encadrer les circonstances afin de favoriser sa venue ?
F - Elle perdrait son caractère à être ainsi favorisée.
H - Je pensais à la cérémonie.
F - L'approche, le déshabillage, la nudité...
H - Pas du tout ! Je ne pensais qu'au glissement. Aux moyens de provoquer le glissement vers l'inévitable.
F - Vous désirez une situation sans issue ?
H - Non à une seule issue !
F - Suis-je concernée par ce débat ?
H - Tout dépend finalement du choix.
F - Dites plutôt du style...
H - C'est vrai ! Mieux vaut mener la relation comme on mènerait un récit. Articuler des gestes comme on articulerait des phrases.
F - Votre langue a-t-elle assez de goût ?
H - Le récit a l'avantage d'autoriser une pénétration élective, chose qui permet un passage à l'acte fictif.
F - Et si mon corps trouve un peu trop insuffisante votre fiction ?
H - Tant pis, nous en reviendrons à la réalité !
F - Le sang, la boue, les excréments, les larmes, la sueur...
H - ET la mort par-dessus le marché !
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