« ce
qui rend ce désordre social encore plus injustifiable, et partant
inacceptable, c'est que les prédateurs et les parasites qui tiennent
le haut du pavé, bien loin d'être les meilleurs et les plus
méritants, comme le proclament les darwiniens apologistes du
libéralisme économique, tels que Leroy-Beaulieu, nous donnent le
piteux exemple d'êtres qui ne se définissent que négativement, par
l'absence de toute sensibilité, de toute émotion esthétique, de
toute espèce de conscience morale, de spiritualité et d'esprit
critique. »
« En
posant de la sorte le problème social de la servitude domestique de
la belle époque, Mirbeau espère peut-être aider les opprimés à
prendre conscience de leur misérable condition, quoique sans la
moindre illusion sur leurs capacités d'action collective, mais il
entend surtout susciter dans l'opinion publique un scandale tel qu'il
oblige les gouvernants à intervenir pour mettre un terme à cette
turpitude permanente. »
« Tout
d'abord, l'image y est donnée de la gent domestique n'a rien de
gratifiant pour elle et ne lui laisse guère entrevoir des lendemains
qui chantent. Atomisés, et de surcroit conditionné par leurs
maitres et leurs complices ensoutanés, qui oblitèrent leur
conscience de classe, les « gens de maison », comme on
les appelait, empruntent aux nantis leurs vices et leurs préjugés,
et sont majoritairement réactionnaires, à l'instar de Joseph ou de
William. Au lieu d'unir leurs forces contre l'ennemi commun, ils
passent une bonne part de leurs temps à se jalouser et à se tirer
dans les pattes, amoindrissant ainsi les potentialités de
résistance. La haine de ceux qui leur sucent le sang, au lieu d'être
le moteur d'une lutte émancipatrice et de déboucher sur une révolte
collective, est soigneusement refoulée, par peur de perdre un emploi
précieux, ou, on l'a vu, s'effiloche en de symboliques vengeances,
comme celle dont on se gargarise Célestine. Comme le dit le
misérable jardinier qu'elle croise, ils n'ont « de courage que
pour souffrir ». »
« Si
tu veux devenir vraiment un homme du monde, apprends d’abord à
être un imbécile ou à te taire… »
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