lundi 27 avril 2020

L’affaire Dreyfus Par Octave Mirbeau





L’affaire Dreyfus : Derrière les grillages

« Quand, plus tard, les indifférents, les neutres, cet amas de larves humaines qu’on appelle les sages, se rendront compte de ce qu’ils ont laissé faire et laissé dire, peut-être seront-ils épouvantés ! »

« Francis de Pressensé a dit du colonel Picquart que c’était un héros. Il a inscrit ce mot en tête du livre, désormais illustre, qu’il lui a consacré. J’en demande pardon à mon cher et noble compagnon de lutte, mais moi, qui n’aime pas les héros, moi qui sais quelles brutes aveugles et sanglantes sont, tout au long de l’histoire, ces êtres néfastes et généralement militaires qu’on appelle des héros, je dirai du colonel Picquart que c’est un homme. Dans les temps de déchéance et d’avilissement que nous traversons, être un homme, cela me paraît quelque chose de plus émouvant et de plus rare que d’être un héros...L’humanité meurt d’avoir des héros ; elle se vivifie d’avoir des hommes... »

L’affaire Dreyfus : L’iniquité !

« Il faut lire ce livre ; il faut le relire ; il faut se pénétrer de lui. C’est plus que de la polémique, c’est de l’histoire, de la forte, grande et tragique histoire. Dans ce temps où l’iniquité triomphe partout, dans la rue, au Parlement, à l’Église, dans les temples de justice, au gouvernement, ce livre est le bienvenu, car il double les énergies des militants, et il apporte un nouveau courage à ceux qui seraient tentés de se lasser, à ceux dont l’effort pourrait mollir, à combattre, toujours seuls et toujours sans autres armes que la vérité, l’armée nouvelle du mensonge et de l’iniquité »

« L’iniquité !... Oui, oui !... C’est bien elle, toute nue et sans fard, qui a pris possession de la vie, de toute la vie, de la vie politique, de la vie judiciaire, de la vie sociale !... Elle est partout. Jamais encore elle n’avait montré, aussi effrontément, avec une telle impudence, dans une si sanglante lumière, sa face détestée de ténèbres et de crimes. »

S’en prend à l’idée de justice. « Cette idée fondamentale, il la supprime de son code, non pas socialement, mais matériellement. Il invente des lois pour dire au pays : « Il n’y a pas de loi ». Et c’est une chose admirable, car, mieux que les anarchistes, il a ruiné, dans l’esprit des hommes, avec des idées de patrie et de justice, l’idée de gouvernement... Et il n’a rien laissé debout, que la monstrueuse iniquité ! Si c’est l’anarchie qu’il veut, soit ! Mais qu’il le dise ! L’Aurore, 2février 1899 

L’affaire Dreyfus : En Province :
« Ô Patrie, idole toujours gorgée de viande humaine, quand donc auras-tu fini d’accomplir, sur l’humanité, ta besogne sinistre ? » L’Aurore 28 juillet 1899

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