L’affaire Dreyfus :
Derrière les grillages
« Quand, plus tard,
les indifférents, les neutres, cet amas de larves humaines qu’on
appelle les sages, se rendront compte de ce qu’ils ont laissé
faire et laissé dire, peut-être seront-ils épouvantés ! »
« Francis de
Pressensé a dit du colonel Picquart que c’était un héros. Il a
inscrit ce mot en tête du livre, désormais illustre, qu’il lui a
consacré. J’en demande pardon à mon cher et noble compagnon de
lutte, mais moi, qui n’aime pas les héros, moi qui sais quelles
brutes aveugles et sanglantes sont, tout au long de l’histoire, ces
êtres néfastes et généralement militaires qu’on appelle des
héros, je dirai du colonel Picquart que c’est un homme. Dans les
temps de déchéance et d’avilissement que nous traversons, être
un homme, cela me paraît quelque chose de plus émouvant et de plus
rare que d’être un héros...L’humanité meurt d’avoir des
héros ; elle se vivifie d’avoir des hommes... »
L’affaire Dreyfus :
L’iniquité !
« Il faut lire ce
livre ; il faut le relire ; il faut se pénétrer de lui. C’est
plus que de la polémique, c’est de l’histoire, de la forte,
grande et tragique histoire. Dans ce temps où l’iniquité triomphe
partout, dans la rue, au Parlement, à l’Église, dans les temples
de justice, au gouvernement, ce livre est le bienvenu, car il double
les énergies des militants, et il apporte un nouveau courage à ceux
qui seraient tentés de se lasser, à ceux dont l’effort pourrait
mollir, à combattre, toujours seuls et toujours sans autres armes
que la vérité, l’armée nouvelle du mensonge et de l’iniquité »
« L’iniquité
!... Oui, oui !... C’est bien elle, toute nue et sans fard, qui a
pris possession de la vie, de toute la vie, de la vie politique, de
la vie judiciaire, de la vie sociale !... Elle est partout. Jamais
encore elle n’avait montré, aussi effrontément, avec une telle
impudence, dans une si sanglante lumière, sa face détestée de
ténèbres et de crimes. »
S’en prend à l’idée
de justice. « Cette idée fondamentale, il la supprime de
son code, non pas socialement, mais matériellement. Il invente des
lois pour dire au pays : « Il n’y a pas de loi ». Et c’est une
chose admirable, car, mieux que les anarchistes, il a ruiné, dans
l’esprit des hommes, avec des idées de patrie et de justice,
l’idée de gouvernement... Et il n’a rien laissé debout, que la
monstrueuse iniquité ! Si c’est l’anarchie qu’il veut, soit !
Mais qu’il le dise ! L’Aurore, 2février 1899
L’affaire Dreyfus :
En Province :
« Ô Patrie, idole
toujours gorgée de viande humaine, quand donc auras-tu fini
d’accomplir, sur l’humanité, ta besogne sinistre ? »
L’Aurore 28 juillet 1899
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