dimanche 12 novembre 2017

TRIBUNE ANARCHISTE COMMUNISTE N°2



Ce qui est notre faiblesse actuelle sur tous les conflits, tant politiques que syndicalistes, c'est ce refus d'analyser ce qui s'est passé : nos défaites, et leurs causes, nos victoires, et les moyens utilisés pour y arriver.

Ceux qui s'enferment sur leur syndicat, ou sur leur parti politique et qui ne veulent en aucun cas entendre quelques critiques que ce soient, sont ceux qui nous entraînent inévitablement vers de nouvelles défaites. Qui sont d'ailleurs de plus en plus cinglantes.

Analyser les causes de nos défaites et comprendre ce qui nous a fait perdre, n'est pas une accusation sur qui que ce soit, sauf à dénoncer les simulateurs qui nous mystifient pour leur propre parcours politiques ou syndicaux. Ce sont des manipulateurs, qui n'ont intégré un quelconque mouvement que pour arriver à leur fin.

Exemple flagrant qui me vient immédiatement à l'esprit : Cohn-Bendit. Cet étudiant qui se mit debout face à la police et aux autres étudiants, quels furent ses motivations ? Pour juger ou analyser celles ci, regardons sa « carrière » et écoutons ce que ce monsieur tente de nous démontrer : l'Europe de 2005 pour lequel une majorité à voter non, il nous dit qu'il fallait voter oui ; il est pour Macron et nous voyons quelle politique celui-ci nous impose. Celui qui pourfendait les dictatures politiques et médiatiques de l'époque est activement complice de celles ci aujourd'hui.

L'une des premières choses que nous pouvons en conclure, c'est qu'il faut se méfier des meneurs et qu'un mouvement « populaire » doit entièrement rester dans les mains du peuple. Pas dans celles d'un meneur autoproclamé.

Aujourd'hui, il me semble primordial d'analyser nos méthodes de luttes, d'interpréter librement et sans sectarisme toutes les décisions des centrales syndicales, comprendre que nous devons mettre en place de nouvelles formes de lutte.

Et sans aucun doute, sans aucun doute, il ne faut rejeter aucune forme de lutte. Même celle que l'on ne comprend pas. Mais nous devons nous poser la question : qu'est ce que je ne comprends pas et pourquoi je ne la comprends pas ?

Je prends l'exemple des Black Blocs.

Comment médiatiquement nous sont-ils présentés ? Comme des « casseurs » ? C'est à dire des gens qui ne se réclament d'aucune intelligence ? D'aucune lecture de la société ? Mais regardons ce qu'ils brisent : agences bancaires, distributeurs, agence d'assurance. Que font-ils dans les manifestations ? Ils sont en avant poste pour bloquer la répression qui s'intensifient de mouvements sociaux en mouvements sociaux. Ils sont là pour sauver des matraques des policiers tous les jeunes ou les vieux qui tombent, ou qui sont gazés.

Sont-ils si asociaux que cela ?

Qui sont-ils ? Des « ultras-gauches libertaires comploteurs » ? Pernault le clame mais ce sont des personnes qui ont une autre vision de la société actuelle. Et vous seriez très étonnés de savoir qu'ils ont, à peu près, la même vision que vous.

La différence avec vous alors ?

Ils ont compris, qu'hélas, le pacifisme ne sera peut-être pas la solution ; ils ont compris que ceux qui possèdent ne donneront jamais rien ; ils savent que tant que nous discutons, nous perdons tous ce que nos anciens ont gagné dans le sang.

Alors, je vous demande de les regarder, dans la prochaine manif, d'une manière différente, de comprendre qu'ils sont peut-être dans la vérité. Et en tout cas, n'écoutez plus les merdias



Commentaires sur les événements de Mai 68 :

« Les camarades de "Lutte Ouvrière" écrivent : (N° Juillet-Août)
"Les gauchistes n'ont pas été capables de cristalliser 1' espoir né en Mai. Ils n'ont pas su répondre aux aspirations profondes de milliers de combattants du printemps de I968 ouvriers et intellectuels. Le courant gauchiste n'a pas su se dresser au dessus de ses petites querelles intestines. Cet esprit s'est manifesté par le refus systématique de tenter le regroupement entre les différentes .tendances du mouvement révolutionnaire, alors que seul un tel regroupement pouvait cristalliser les énergies du mouvement dans son entier et constituer une véritable force révolutionnaire dan le pays. Trop souvent, la discussion des idées a été remplacée par les calomnies, les ragots, le mépris affiché des positions d'autrui. »

«Cette candidature a été présentée comme "anti-électoraliste" alors que les affiches qui proclamaient ce mot d'ordre appelaient tout de même à voter. Cette tactique d'utilisation de la légalité bourgeoise à des fins de propagande est connue. Elle n'a jamais donné aucun résultat et qui plus est n'est absolument pas comprise par les masses. »

«Pourquoi renoncer à une propagande anarchiste auprès du public au profit de celle des Comités du "M.R." ? Pourquoi dépenser autant d'énergies pour un mouvement où militent des marxistes alors que ces m~mes énergies seraient mieux 'employées au triomphe: de 1' Idéal anarchiste ? (ce type de pensée était d'ailleurs aussi largement répandu au sein des "pablistes" qui ont fini-par y céder). Nous nous refusons, pour notre part à céder à cette tentation qui n'est que sentimentale. Ainsi ce qui importe à ces camarades qui nous critiquent ou ne nous comprennent pas, ce n'est pas que la Révolution ou l'Anarchisme : avancent dans la société d'une manière objective. Ce qui leur importe, c'est que l'étiquette soit mise en avant? Nous sommes sûrs que c'est cet esprit de 'boutique" qui, tout compte fait retarde la réalisation de ce qui leur est cher. Pour notre part, nous préférons le contenu de la bouteille à son étiquette ! ! »

« Nous écrivions déjà dans notre "Lettre au Mouvement Anarchiste Inter national" :
"Pour nous, 1'ANARCHIE au sens absolu du terme, c' est-à-dire la libération totale de l'homme de toutes les aliénations et de toutes les causalités est un devenir permanent et une réalisation qui n'aura pas de fin. Ce que nous pouvons seulement faire c'est dégager la parcelle d'Anarchie possible de chaque acte qui contribue à la libération de 1'Humanité.
"C'est pourquoi, nous ne craignons pas d'affirmer que là dans la période donnée de l'évolution du monde qui est celle où nous vivons, il est RIDICULE de croire à une Révolution à forme anarchiste INTEGRALE promue par un MOUVEMENT PUREMENT ANARCHISTE. C'est parce qu'ils ont cru trop longtemps posséder le monopole de la Révolution que les anarchistes se sont coupés des masses et que l'histoire. Dès lors se pose la question de la présence de l'Anarchisme révolutionnaire et de son intégration dans un mouvement plus large ayant la démarche révolutionnaire pour base. »

«Nous avons déjà dit et écrit que l'évolution du mouvement révolutionnaire dans le monde, et surtout en Mai chez nous, doit nous obliger à remettre en question les idées les plus consc1crér. Qu'est ce que cela veut dire aujourd'hui : être marxiste ou être anarchiste tout court alors qu'il existe nombre de conceptions opposées parmi ceux qui se réclament de l'une ou de l'autre position? Au cours des récents événements, nous avons été amenés à maintes reprises à faire le point. A qui les événements donnent ils raison si nous comparons les faits aux théories et divergences exprimées par les anarchistes et les marxistes du XIX siècle ? Il y a sans doute « match nul » et il est clair que les problèmes.- qui se posent aux révolutionnaires d'aujourd'hui nous amènent à dépasser nos options primitives. Nous avons écrit déjà que nous sommes persuadés qu'à partir des options de MAI, l'AUTOGESTION, l'auto-organisation des masses sont une réponse au problème de.1'Unité idéologique qu'il faut rechercher. Nous avons dit aussi que les divergences sont moins grandes qu'elles ne paraissent..Nous nous réclamons de l'Anarchisme communiste au sein du Mouvement Révolutionnaire parce que nous procédons d'une tradition qui est irremplaçable et dont l'expérience historique doit être analysée au même titre que celle des marxistes.Nous voulons que nos options anarchistes soient une contribution permanente au débat qui doit s'instaurer entre tous les révolutionnaires. Nous pensons aussi que la pratique commune devra demain faire disparaître les tendances. Nous sommes prêts pour notre part à disparaître. »

« Cette organisation n'existe toujours pas et il faut chercher comment la construire. Dans l'immédiat, c'est la liquidation de la mentalité groupusculaire qu'il faut amorcer. »

« Mais dans la perspective d'une société basée sur l'AUTOGESTION et l'auto-organisation des masses (même le P.C.M.L.F. La:B'. parlait en Mai 68 de la "prise du pouvoir dans les usines" : il 1' a oublié depuis. Une dynamique peut le lui rappeler !), on ne peut avoir les mêmes pratiques organisationnelles que lorsque 1'on revendique seulement la prise du pouvoir d'état. Le rôle de l'avant-garde doit donc être différent et c'est en ce sens que nous pensons que la conception archinovienne dont nous avons parlé dans notre premier numéro est restée actuelle. » 

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