Il
fallait integrer les espagnols. Lors de ce congrès, il s'agissait
pour les communistes de mettre la main sur tous les syndicats. Les
contestations furent coupées et Trotsky lui-même condamna toute
contestation dans le préambule à un discours.
au
2 congrès de la Troisième internationale en 1920
« Dans la majorité des
pays belligérants, la plupart de syndicats avaient été lors des
douloureuses années de guerre, partisan du neutralisme ( apolitisme
) ; ils avaient été les serfs du capitalisme impérialiste et
avait joué un rôle néfaste en retardant l'émancipation des
travailleurs (…) à la dictature de la bourgeoisie, il fallait
opposer, comme seul moyen décisif et transitoire, la dictature du
prolétariat, seule capable d'ébranler la résistance des
exploiteurs et d'assurer ainsi que de consolider la conquête du
pouvoir par le prolétariat. »
Le
congrès décida en conséquence de :
« Condamner toute tactique
destinée à faire sortir les éléments d'avant-garde des
organisations syndicales existantes et éliminer, au contraire, d'une
façon radicale, de la direction du mouvement syndical les
opportunistes qui avaient collaboré avec la bourgeoisie en acceptant
la guerre... »
Voici
ce qui sortit de ce congrès : Projet de l'Internationale
Syndicale Rouge
«
1. un
comité spécial devra être organisé dans chaque pays par le parti
communiste.
- Ce comité se chargera de recevoir et distribuer à toutes les organisations syndicales les circulaires et les publications de l'organisation internationale Rouge.
- Le comité nommera les rédacteurs des journaux professionnels et révolutionnaires en leur inculquant le point de vue de l'Internationale contre l'internationale adverse.
- Le comité interviendra avec ses propres moyens d'intervention et de polémique.
- Le comité travaillera en étroites relations avec le parti communiste tout en étant un organe différent.
- Le comité contribuera à convoquer des conférences dans lesquelles seront discutées des questions d'organisation internationale et choisira les orateurs après à la propagande.
- Le comité sera composé de camarades de préférence communistes. Les élections seront supervisées par le parti communiste.
- Dans le pays où cette méthode ne pourra être adoptée des émissaires du parti communiste seront envoyés afin de créer une organisation semblable. »
A
propos de la révolution espagnole
« C'était
quelque chose d'entièrement nouveau en Espagne, et dans le monde et
qui ouvrait une ère nouvelle dans l'histoire. Pour la première
fois, un peuple entier s'était dressé contre le fascisme. En
Allemagne et dans d'autres pays, l'embourbement parlementaire et la
fossilisation bureaucratique du mouvement ouvrier avaient favorisé
la montée de la dictature ; en Espagne, la rupture de
l'ensemble des travailleurs d'avec les méthodes parlementaires et la
politique bourgeoise, permit au peuple tout entier d'opposer une
résistance aux généraux. »
Durruti a été un héros
pour la lutte antifasciste avec sa célèbre colonne « la
colonne Durruti ». Lorsqu'il arriva à Madrid pour sauver la
capitale avec ses 5000 hommes, le peuple crut tout de suite à la
victoire. Hélas, cela sentait à plein le piège puisqu'on lui
attribua le quartier de la ville le plus dangereux.
Il reçut ce qu'on a appelé
« une balle perdue ». Egal à lui-même, il lutta contre
la mort en supportant les multiples interventions chirurgicales.
Hélas, il mourut au petit matin le 20 novembre 1936.
3 thèses courent sur la mort
de Durruti :
1 Durruti aurait été tué
par des militants anarchistes parce qu'obligés de combattre à
Madrid aux côtés des communistes il aurait eu tendance à se
rapprocher d'eux. C'est l'hypothèse la moins vraisemblable.
2 Durruti aurait été
supprimé par des membres de l'aile droite et réformiste de la
C.N.T. Qui auraient voulu accentuer le compromis politique avec les
autres forces républicaines pour enlever à la lutte tout caractère
révolutionnaire, ceci contre la volonté de Durruti, partisans, lui,
de la lutte révolutionnaire à outrance.
3 Enfin Durruti aurait été
exécuté par la Guépéou sur l'ordre de Staline, car son immense
popularité était un obstacle aux sinistres machinations du parti
communiste espagnol.
Emma
Goldman rencontre Durruti qui s'explique
« J'ai
été anarchiste toute ma vie, me répondit-il et j'espère continuer
de l'être. C'est pourquoi je considérais qu'il me serait très
désagréable de me convertir en général et de commander mes hommes
avec la discipline stupide à esprit militaire. Ils sont venus à moi
par leur propre volonté, disposés à donner leur vie pour notre
lutte antifasciste. Je crois, comme je l'ai toujours cru, en la
liberté. La liberté comprise dans le sens de la responsabilité. Je
considère la discipline indispensable, mais celle-ci doit être une
autodiscipline mue par un idéal commun et un fort sentiment de
camaraderie ».
« Je suis satisfait de ma
colonne. Mes camarades sont bien équipés et, quand l'heure vient,
tout fonctionne comme une bonne machine. Je ne veux pas dire par là
qu'ils cessent d'être des hommes. Non, nos camarades sur le front
savent pour qui et pour quoi ils luttent. Ils se sentent
révolutionnaires, ils ne luttent pas pour la défense de nouvelles
lois plus ou moins promises, mais pour la conquête du monde, des
usines, des ateliers, des moyens de transport, de leur pain, de la
culture nouvelle. Ils savent que leur vie dépend du triomphe.
Nous faisons, et ceci est mon
opinion, parce que les circonstances l'exigent ainsi, la révolution
et la guerre tout en même temps. Les mesures révolutionnaires ne se
prennent pas uniquement à Barcelone, mais aussi depuis les lignes de
feu. Dans tous les villages dont nous nous emparons, nous commençons
à développer la révolution. C'est le meilleur de notre guerre et
quand je pense à elle, je me rends compte davantage de ma
responsabilité. Depuis les premières lignes jusqu'à Barcelone, il
n'y a que des combattants pour notre cause. Tous travaillent pour la
guerre et la révolution.
Un des mots d'ordre les plus
importants réclamés par l'actualité : discipline. On en parle
beaucoup, mais peu travaillent dans ce but. Pour moi, la discipline
n'a d'autre signification que le concept que l'on a de la
responsabilité. Je suis ennemi de la discipline de caserne, celle
qui conduit à la brutalité, à l'horreur et à l'action mécanique.
Je ne reconnais pas, non plus, ce mot d'ordre erroné : liberté
qui ne convient pas dans les moments actuels de la guerre et qui est
le recours des lâches. Dans notre organisation, la C.N.T. impose la
meilleure des disciplines. Les confédérés admettent et
accomplissent les décisions prises par les comités qui sont
proposées par les camarades élus pour accepter ces charges de
responsabilité. Durant la guerre, on doit se soumettre aux délégués
qui ont été élus. Aucune opération ne peut être faite d'une
autre manière. Si nous savons que nous nous affrontons avec des
hésitants, alors parlons à leur conscience et à leur amour-propre.
De cette manière, nous saurons faire d'eux de bons camarades.
Je suis satisfait des camarades
qui me suivent. J'espère que, eux aussi, sont contents de moi. Ils
ne manquent de rien. Ils ont à manger, de quoi lire, ils ont des
discussions révolutionnaires. La fainéantise est absente de nos
colonnes. On construit continuellement des tranchées.
Nous gagnerons la guerre,
camarades ! »
Aux ouvriers Russes
« De nombreux
révolutionnaires internationaux, qui nous sont proches par le cœur
et la pensée, vivent en Russie, non pas en liberté, mais dans les
isolateurs politiques et les bagnes. Plusieurs d'entre eux ont
demandé à venir combattre l'ennemi commun en Espagne, au premier
rang de la ligne de feu. Le prolétariat international ne
comprendrait pas qu'ils ne soient pas remis en liberté ; et il
ne comprendrait pas non plus que les renforts en armes ou en hommes
que la Russie se dispose, parait-il, à envoyer en Espagne, soient
l'objet d'un marchandage comportant une abdication quelconque de la
liberté d'action des révolutionnaires espagnols.
La révolution espagnole doit
suivre un autre cours que la révolution russe. Elle ne doit pas se
développer selon la formule : « un parti au pouvoir, les
autres en prison ; » Mais elle doit faire triompher la
seule formule qui permette à l'unité du front de n'être pas une
duperie : « Toutes les tendances au travail, toutes les
tendances au combat contre l'ennemi commun. Et le peuple choisira le
régime qui lui conviendra le mieux ».
Si la militarisation par la
Généralité est faite pour nous intimider et nous imposer une
discipline de fer, on se trompe et nous invitons les auteurs du
décret à monter au front pour se rendre compte de notre moral et de
notre cohésion ; ensuite, nous viendrons les comparer avec le
moral et la discipline de l'arrière. »
Le
choix pour les jeunes anarchistes étaient soit de rentrer dans
l'armée régulière (sa discipline, ces gradés) soit les milices
anarchistes.
« Nous ne refusons pas de
remplir notre devoir civique et révolutionnaire. Nous voulons aller
libérer nos frères de Saragosse. Nous voulons être des miliciens
de la liberté mais non des soldats sous l'uniforme. L'armée s'est
avérée un danger pour le peuple ; seules les milices
populaires protègent les libertés publiques : miliciens oui !
Mais soldats, jamais ! »
Le
milicien, individu conscient
« Mon prédécesseur à
cette tribune a parlé de la structure. Je veux développer davantage
la question. Une unité de commandement absolu qui décide de la
fonction que l'individu doit tenir dans la guerre sera-t-elle plus
efficace dans l'action que les convictions de cet individu ?
Parce que je vous le dis :
ceux qui s'insurgent contre la Colonne de Fer, parce qu'elle descend
à l'arrière faire la révolution que vous ne savez pas faire,
ceux-là, je vous le déclare, ne savent pas ce qu'ils disent.
Le simple milicien vient à la
Colonne par ce qu'il sait trouver en elle une unité morale,
révolutionnaire et intellectuelle. C'est pourquoi, nous, qui sommes
allés les premiers au champ de bataille, nous ne pouvons permettre
que maintenant le marxisme et la démocratie bourgeoise, comme hier
la réaction, tentent d'anéantir le meilleur du champ
révolutionnaire levantais, c'est-à-dire la moisson anarchiste et
révolutionnaire.
C'est encore pourquoi nous ne
pouvons accepter le commandement unique, parce que les militaires
n'ont su que rester à l'arrière-garde. Et nous, qui avons admiré
le moral de nos frères confédérés, qui savons qu'il y a parmi eux
des éléments qui valent cent fois plus que des militarisés, nous
ne voulons pas d'entraves, nous ne voulons pas qu'on invoque ce
mensonge que sans unité de commandement on ne peut gagner la guerre.
Les pratiques des partis
politiques de l'ancien régime qui veulent créer l'unité de
commandement pour le donner à leurs Armées Rouges, pour créer une
dictature aussi fatale peut-être que la précédente, mettent la
révolution en péril. A cela, nous ne pouvons consentir, et je dois
dire, à ce qsujet, que tout ce plénum, malheureusement mal orienté
par le comité régional, est en train de se dérouler dans une
ambiance nettement réformiste et politique, et c'est pourquoi on
doit écouter notre faible voix, parce que plus tard, tous nous
payerons les conséquences de notre malentendu. »
De
la participation de la C.N.T. au gouvernement espagnol, il y eut
beaucoup de critiques et encore aujourd'hui le débat reste entier et
pourtant, personnellement, je reste convaincu que de participer à un
quelconque gouvernement en pensant, ou en trouvant comme alibi le
prétexte, de vouloir changer les choses de l'intérieur, ne fait que
renforcer cet état. Le système est tel que tout ce qui le conteste
est ingurgité et recraché comme un appendice de ce même système.
« Déclaration de
principes
Le congrès réuni à Toulouse
le 20 octobre 1947 et jours suivants ;
considère que toutes les
expériences vécues et tous les événements qui se sont produits
dans le monde au cours des dernières années ne font que confirmer
la voie suivie depuis 1870 par le prolétariat organisé sous les
mots d'ordre de la première Internationale ;
considère que toutes les
concessions faites à l’État n'ont entraîné qu'une consolidation
de celui-ci et que toute acceptation, même provisoire, du principe
d'autorité, représente une perte effective de positions et implique
le renoncement à des buts finaux intégralement libérateurs ;
(…) considère que les
expériences de la guerre et de la révolution en Espagne ont
confirmé la valeur permanente des efforts entrepris sous l'impulsion
populaire et la revalorisation, par la force des choses, des
tactiques d'action directe, antiétatique et révolutionnaire ;
(…) en raison de tout ce qui
précède, le Congrès déclare : qu'il ratifie les principes et
tactiques d'action directe antiétatique et révolutionnaire,
consubstantiels à l'anarchisme et à l'anarcho-syndicalisme ;
(…) que tout pouvoir constitué
sur le principe de l’État politique et économique, quel que soit
son nom et quels que soient les partis et organisations qui
l'appuient, n'est qu'un des multiples visages de l'autorité ;
(…) que notre mouvement a pour
but final l'implantation du communisme libertaire , sans aucune étape
de transition, et avec des tactiques conformes à nos principes
(...) »
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