mardi 28 novembre 2017

L'Injure Sociale N°3




« Aussi est-ce avec le plus grand plaisir que nous recevons les injures angoissées de gens qui ont crûs nous posséder, dans tous les sens du terme, et qui nous ont vu les fuir avec l'énergie même qu'ils avaient mis à nous lier à eux. Petits bourgeois des trotskystes, provocateurs des staliniens, délirants des sociologues, renégats des ultras-gauchistes , plus que jamais nous sommes tous ce que nous ne sommes pas. Et nous serions portés à en être fiers , si le ridicule même de nos juges ne nous poussait à leur rire au nez. »

« Ce n'est qu'en reconnaissant la vie dans sa totalité et sous tous les apparats dont elle se plaît à se déguiser que nous prendrons , en la dévêtant avec le goût même qu'elle met à jouer avec nous, le plaisir de la pénétrer comme une amante fidèle au seul souvenir des passions ».

« Osmose : La maladie sociale la plus courante réside dans l'identification toujours plus poussée du travailleur et de l'instrument de son travail...Dépossédé de lui-même par le travail salarié, le prolétaire perd peu à peu le sens de l'humain pour devenir prolongement dynamique de la machine qui le domine, qui lui suce sa vie... L'amour du travail bien fait, le soin accordé à l'instrument de travail font partie des symptômes de l'aliénation des prolétaires...Le fil de la vie réelle est devenu si ténu , si mince, l'attention se reporte sur l'agent de la misère, la machine, expression matérielle de l'organisation capitaliste du travail. L'usine devient pour le prolétaire l'axe de sa survie...Et si la machine tombe en panne, s'arrête, la « vie » semble s'arrêter elle aussi pour l'aliéné ramené à sa misère vraie dès qu'il ne s'active plus dès qu'il ne produit plus. Alors il s'empresse à réparer, à remettre en route l'organe de son propre suicide d'homme salarié... »

« Venez rêver, sentir, jouer, créer au centre Beaubourg, aimer marcher, parler, dormir, manger au Club Méditérranée, les programmeurs de la vie aliénée nous invite à nous livrer aux joies de l'aventure, à retrouver le goût de l'authentique et du merveilleux, à nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres, à recomposer le puzzle de notre existence fragmentée, bref en clair, à nous laisser tenter par le piège des distractions, passions et activités illusoires, soigneusement planifiées dans un cadre vide de vie et présentées grossièrement comme le retour à la COMMUNAUTE HUMAINE.
Comble de l'illusion, c'est dans le cadre déshumanisé des loisirs aliénés fonctionnant comme organisation de l'ennui et remplissage "des temps libres que chacun de nous est convié à RECONQUERIR ce que nous ne possédons pas en propre, NOTRE VIE MEME. Ceci par le biais d'une gamme d'activités qui sont normalisées, chloroformées, vidées de leur contenu et de leur richesse créatrice, agencées pour nous nous pensions libres d'agir. De fait, nous sommes REELLEMENT contrôlés par toute une organisation qui nous enlève ce qu'elle prétend nous revendre: le rêve, la création etc...Sans doute, cette prétention mensongère qu'affichent les organisateurs à réapprendre aux gens les signes élémentaires de la vie trouve-t-elle ses racines dans le vide de l'existence, LA PARCELLISATION ·et LA DESARTICULATION à l'infini des activités, des passions émasculées au point d'apparaître comme nulles et bestiales: l'amour vu au travers des bordels bourgeois, le langage codifié par la publicité marchande...Cette ATOMISATION procède de cette même réalité sociale qui scelle chaque individu dans une sphère spécifique d'activités et de catégories (prolétaire, électeur, consommateur.) et qui sous les effets de la division du travail et de l'organisation sociale rend les hommes étrangers à leur être et réprime tout un monde de dispositions et de facultés productrices.
Ce qui est en jeu dans ce monde de séparation, au travers de la programmation de nos Vies, c'est L'IMPOSSIBILITE pour les individus morcelés à maîtriser la totalité de leurs manifestations humaines, à déployer leurs aptitudes physiques et intellectuelles, à posséder cette vie universelle ennemie des passions tristes. Ce qui est proposé ici, c'est la fuite vers « des séjours trompeurs, ces abris classiques qui ont la réputation de dispenser une consolation" : celle où faute de créer passionnellement sa vie, on consomme passivement ce qui n'est plus qu'une caricature de l'existence, et où l'individu n'échappe en rien à l'exploitation forcenée de sens et·activités, présentés sous le seul angle de la consommation marchande »

«Alors que les moyens de prévision et de manipulation sont parvenus à un degrés jamais atteint dans l'histoire de l'humanité, l'incertitude qui pèse sur l'avenir, comme les surprises du présent, sont la tabula rasa salutaire pour toute pensée radicale. Seuls les :fonctionnaires appointés de la théorie, perpétuant la stupidité congénitale de leurs analyses, peuvent y voir une simple "lacune". »

« Dans les heures de détresses et de reflux, le fragmentaire grain de sable à :faire grincer la machine, se réduit à son minimum, l'individualité. Il n'est qu'a voir comment l'individu est attaqué de toute part, avili dans son travail et son repos pour comprendre qu'il est le dernier bastion toujours menaçant et toujours imprenable. »

«En ce sens le capital tend à la totalité. C'est aussi pourquoi cette totalité est fausse. Car le nombre, l'unidimensionalité, le quantitatif se réalise par la liquidation du qualitatif. Mais tant que Pierre ne sera pas identique à Paul, ni Paul à Pierre, la domination du capital reste menacée. »

«Disons tout de suite qu'ici se trouve refusée l'instance fondamentale de la société bourgeoise, la médiation. Cette médiation existe aussi bien au niveau social que dans la sphère de la pensée. Au niveau social,. parti, syndicat, délégué, gouvernant, la médiation s'interpose toujours entre le sujet et le pouvoir, entre le capital et le travail. Comme Hegel l'a montré, elle est· le moyen terme qui permet d'accomplir l'équivalence, l'échange. Sans la médiation syndicale la revendication brute du travailleur ne serait pas recevable, donc monnayable par·le patronat. »



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