samedi 22 juin 2024

Le Monde diplomatique: Manière de voir : des non-alignes Le Sud existe t il?

 Article: "la diplomatie n est pas une affaire de gourdin".

Extrait du discours d ouverture de la conférence de Bandung prononcé par le président indonésien Sukarno (1950-1967), le 18 avril 1955.

"Nous appartenons à différentes nations, avec des arrière-plans sociaux et culturels différents. Notre façon de vivre n'est pas la même, nos caractères nationaux, ni nos couleurs, ni nos motifs...Nous sommes issus de différentes souches raciales. Mais qu'est-ce que cela peut faire? L'humanité s unit ou se divise pour des considérations d'un autre ordre. Les conflits n ont leurs origines ni dans la variété des peaux ni dans la variété des religions, mais dans la variété des désirs

Nous tous,  j en ai la certitude,  sommes unis par des choses plus importantes que celles qui superficiellement nous divisent; nous sommes Unis, par exemple, par la haine commune du colonialisme, sous quelque forme qu il apoaraisse; nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune de préserver et de stabiliser la paix dans le mond. (...)

Or on ne saurait affirmer que dans nos pays sont entièrement libres. C'est pourquoi nous ne pouvons penser que nous sommes déjà arrivés au but. Aucun peuple ne peut se sentir libre tant qu'une partie quelconque de sa patrie n'est pas libre. Comme la paix, la liberté est indivisible. De même qu'on ne peut pas être à moitié vivant, on ne peut pas être à moitié libre. On nous dit souvent que le colonialisme est mort. Ne nous laissons pas illusionner, ou même endormir, par cette formule trompeuse. Je vous assure que le colonialisme est bien vivant. Comment peut-on affirmer le contraire tant que de vastes régions d'Asie ou d'Afrique ne sont pas libres? Et je vous prie de ne pas penser seulement au colonialisme de forme classique tel que nous l'avons connu en Indonésie et dans différentes parties de l'Asie et de l'afrique. Le colonialisme moderne se présente aussi sous la forme de contrôle économique, du contrôle intellectuel et du contrôle physique, exercé par une communauté étrangère à l'intérieur de la nation. C'est un ennemi habile et décidé qui ne manifeste sous diverses déguisements ; ils ne lâchent pas facilement son butin. N'importe où, n'importe quand, et quelle que reçoit la forme sur laquelle il apparaît, le colonialisme est un mal qu'il faut éliminer de la surface du monde. (...)

Que pouvons-nous faire les peuples d'Asie et d'Afrique ne disposent que de peu de forces physiques; leur force économique même est dispersée et peu importante. Nous ne saurions nous engager dans une politique de puissance. La diplomatie, pour nous, n'est pas une affaire de gourdin. (...) En vérité, nous autres peuples d'Afrique et d'Asie, au nombre de 1, 4milliard, c'est-à-dire beaucoup plus que la moitié de la population terrestre, nous pouvons mobiliser ce que j'appellerais la violence morale des peuples dans l'intérêt de la paix. Nous pouvons démontrer à la minorité, qui vivent sur d'autres continents, que nous, la majorité, sommes pour la paix, non pour la guerre, et que toute la force que nous pourrons avoir sera toujours mise au service de la paix. (...)

L isolement splendide était jadis possible, il ne l'est plus aujourd'hui. Les affaires du monde sont nos affaires, et notre avenir dépend de la solution que recevront tous les problèmes internationaux, ausi loin de nous qu'elles paraissent se situer. Faisons du principe "vivre et laisser vivre" et du dicton "unité dans la diversité" la force unificatrice qui nous maintiendra tous ensemble."

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