Il parle de l’Histoire :
« Qu’elle n’ait qu’un
sens, qu’elle puisse n’en avoir qu’un, c’est à quoi se tiennent tous ceux qui l’embrassent,
qu’ils l’embrassent sous sa forme dogmatique – le communisme – ou qu’ils en
embrassent les diverses hérésies. L’Histoire n’a qu’un sens, disent en somme
les uns et les autres, quoique le sens qu’elle a n’engage pas chacun de la même
façon. Autrement dit, quoiqu’elle ne les entraine pas pareillement à consentir
aux formes de l’observance qu’elle appelle. Les communistes sont des religieux
de stricte observance ; les autres, non. Aux premiers, il est beaucoup
demandé ; aux seconds, peu. Sur les premiers, règne un appareil doctrinal
inspirant la crainte ; des seconds, on n’a jamais vu qu’ils fussent plus
que les doctrinaires accommodants de leur propre expérience.
Et cette différence a un
sens considérable : en effet, s’il a été possible de parler de religion, s’agissant
du communisme, ce n’est pas tant parce que le communisme a voulu faire de ceux
qui le revendiquaient des coreligionnaires, que parce que ceux qui le
revendiquaient voulaient ne pas revendiquer moins que la règle des religions.
On a beaucoup dit que les partis communistes furent intraitables ; ils l’étaient
sans doute. On n’a pas assez dit cependant que, longtemps, il y eut peu de
communistes à vouloir qu’il en fût autrement. Le parti exigeait-il qu’on se
donnât sans réserve à lui ? Sans doute, mais c’est sans réserve que ce
sont spontanément donnés à lui tous ceux qui l’ont rejoint. Si parler de
religion a du sens dès lors, c’est en cela : on a vu les intelligences les
meilleures faire le sacrifice d’elles-mêmes, non pour que le communisme devînt
lui-même intelligent, mais pour que l’intelligence intrinsèque et suréminente
du communisme ne les exclût pas du salut qu’il promettait. »
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