jeudi 2 février 2023

NÉO-CATHOLICISME n. m. encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure


C'est l'une des plus risibles prétentions du catholicisme d'affirmer qu'au cours des siècles ses croyances, sa morale, ses rites essentiels n'ont pas varié. Admettre que son inspirateur divin, le Saint-Esprit, s'est contredit souvent et qu'il tient un langage opposé, selon les âges et les régions, serait trop préjudiciable à l'autorité de l'Eglise et du pape tenus pour infaillibles. Aussi, depuis saint Paul, les théologiens orthodoxes répètent-ils à l'envie que le dépôt des vérités religieuses demeure intact, transmis d'une génération à l'autre sans nouveautés profanes. Tout au plus reconnaissent-ils que, d'implicites, les dogmes deviennent explicites, par décision des papes ou des conciles ; et l'autorité ecclésiastique, par son attachement obstiné à des formules vieillies, comme par son désir d'écarter toute idée nouvelle, arrive à donner l'illusion de l'immobilité aux fidèles qui ne réfléchissent pas. Illusion dont l'historien sincère ne peut être dupe, tant il est manifeste qu'une évolution dogmatique se produit au sein du catholicisme et de n'importe quelle religion. Des textes bibliques demeurés identiques, quant à la lettre, furent dotés d'un sens contradictoire au cours des temps ; c'est le cas pour le récit de la création du monde. Les pères de l'Eglise seraient étrangement surpris de l'interprétation donnée aux passages de l'Evangile qui fondent la primauté du pape, au dire des croyants modernes ; en admettant qu'il ne s'agisse pas de textes interpolés, comme on le suppose concernant le fameux verset : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les parles de l'enfer ne prévaudront pas contre elle ». Les premiers chrétiens ne comprendraient rien au dogme de la transubstantiation, l'eucharistie consistant, pour eux, à rompre le pain ensemble, afin d'affirmer leur fraternité. Et s'ils lisaient dans les textes d'alors, ce qui est douteux : « Ceci est mon corps ... ceci est mon sang », ils ne concluaient pas à la présence réelle du Christ sous les apparences du pain et du vin. Ajoutons qu'en majorité les catholiques, même instruits, sont d'une ignorance profonde concernant les mille et mille dogmes affirmés par leur religion. Et de les connaître ils n'ont cure, se bornant à déclarer qu'ils admettent ce qu'enseigne l'Eglise ; prêts, dans la discussion, à faire bon marché de croyances qu'ils ne comprennent plus ou de formules dont l'utilité leur échappe. On doit constater qu'un abîme sépare habituellement la religion du théologien et celle du peuple ; pour eux le même vocable revêt un sens différent, l'identité des phrases parlées n'implique nullement celle du contenu de la pensée. Accomplir certains rites traditionnels, suivre les directives données par le confesseur, voter pour le candidat du curé, voilà qui résume l'essentiel catholicisme aux yeux des fidèles contemporains. Quant aux discussions sur la grâce, l'incarnation, la divinité, qui passionnèrent leurs prédécesseurs, ils s'en détournent indifférents ou ennuyés ; la foi vivante abandonne les problèmes métaphysiques aux spéculations, sans efficacité pratique, des théologiens. Combien de prêtres ont déploré en ma présence la manie dogmatique des premiers chrétiens, gênés qu'ils sont aujourd'hui par un amas de formules mortes souvent infirmées par la science et la raison. Débarrasser l'Eglise du lourd fardeau des dogmes contradictoires ou inutiles était la tâche que s'assignait la tentative néo-catholique connue sous le nom de modernisme. Nombreux furent les mouvements néo-catholiques au cours des siècles : l'évolution religieuse étant toujours inachevée, des croyances nouvelles étant sans cesse en voie de gestation, il serait impossible qu'il en fût autrement. Le philonisme du pseudo-Jean, le platonisme d'Augustin, l'aristotélisme de Thomas d'Aquin comptent parmi ceux que l'autorité ecclésiastique adopta, après des résistances ; moins heureux, les hérétiques, particulièrement nombreux durant les premiers siècles, se virent définitivement rejetés hors de l'Eglise romaine Depuis Descartes, jamais n'a pu se réaliser un accord durable entre la philosophie et la religion ; au cours du XIXe siècle, les progrès de l'histoire et des sciences expérimentales achevèrent de ruiner les affirmations des théologiens. Chez la majorité des peuples, les vieilles croyances s'en trouvèrent ébranlées ; dans le monde musulman, cette crise aboutit au triomphe des jeunes turcs ; grâce au libre examen, elle fut moins profonde chez les protestants ; par contre, elle devait être particulièrement grave dans le catholicisme, religion essentiellement dogmatique et autoritaire. Disons même qu'elle est loin d'être terminée : au cours des dix dernières années, j'ai fourni, pour ma part, à une cinquantaine de prêtres, le moyen de secouer un joug qui leur pesait ; et le nombre est énorme de ceux qui m'ont avoué leur dégoût pour un métier qu'ils n'ont pas le courage de quitter. Une constatation impartiale nous oblige d'ailleurs à reconnaître que les principaux adversaires du catholicisme sortent de son sein et qu'en général, au contraire, les défenseurs de la religion se recrutent parmi les élèves des lycées ou des grandes écoles de l' Etat ; en France du moins. Sans doute parce que les premiers ont constaté de visu la sottise et la méchanceté du prêtre, alors que les seconds, bernés par les pontifes universitaires, ont cru à la bonne foi et aux mérites du clergé. Les instituteurs, heureusement, ont moins de respect que les secondaires pour toutes les vieilleries nationales ; leurs élèves ignorent la bigoterie qui déshonore trop de lycées où l'aumônier règne en maître.

A l'origine du néo-catholicisme moderniste, nous trouvons les écrits de Newman et des protestants anglo-saxons ralliés à la communion romaine. En France, il prit une forme historique avec Duchesne, Loisy, Turmel ; une forme philosophique avec Laberthonnière et Leroy. Ce dernier, un universitaire, disciple convaincu de Bergson, eut l'imprudence, en 1905, de poser cette question : « Qu'est-ce qu'un dogme ? » et de répondre que s'il implique vérité éternelle et immobile, sa formule, toujours imparfaite, demeure variable et changeante. « L'objet de la foi reste toujours le même, mais non point la manière de le penser et d'y accéder. » L'histoire des dogmes serait seulement celle des formules utilisées successivement par la foi vivante et abandonnées lorsque le progrès intellectuel permet de les dépasser. Comme Leroy n'était qu'un laïc, l'Eglise, tout en réprouvant sa doctrine, l'a traité avec ménagement ; ses caquetages avec de rusés jésuites, qui le dupent impunément, durent depuis des années. Néanmoins, Rome vient à nouveau de le condamner, ces jours derniers. On peut dire la même chose de Blondel, ce philosophe dont le principal mérite consiste à rendre obscures les notions les plus claires. Un bouffon de la littérature vendu corps et âme à la réaction, s'est même avisé, ces derniers temps, de vulgariser la logomachie de l'auteur de l'Action, thèse grotesque qui faisait le charme d'Ollé-Laprune, ce clérical forcené, chargé par la république de ramener au giron l'Eglise les élèves de Normale Supérieure, alors trop émancipés au gré des gouvernants. Avec Laberthonnière, un prêtre, l'autorité ecclésiastique n'usa pas d'une pareille mansuétude. Et l'on peut constater l'avortement total du néo-catholicisme philosophique. Le modernisme historique a donné de meilleurs résultats ; c'est à lui surtout que sont dues les nombreuses défections qui déciment les rangs du clergé instruit. Loisy, hébraïsant remarquable et professeur d'exégèse biblique à l'Institut catholique de Paris, en fut le promoteur principal. Révoqué de ses fonctions en 1893, il continua d'écrire ; ses livres furent mis à l'index et lui-même, refusant de se soumettre à l'encyclique Pascendi, en 1907, fut frappé d'excommunication majeure. On a prétendu depuis qu'il était sur le chemin de la conversion ; je n'en crois rien, car il y a peu d'années, il m'écrivait encore : « Mieux vaut ne pas sortir de l'Eglise si c'est pour y revenir ». Et sachant mes idées beaucoup plus avancées que les siennes, mon incrédulité infiniment plus radicale, il s'est pourtant montré à mon égard d'une bienveillance extrême. Houtin, ancien professeur au petit séminaire d'Angers, auteur d'ouvrages historiques fort remarquables, quitta de même l'état ecclésiastique. Peu de temps avant sa mort, il m'écrivait, sentant sa fin prochaine, qu'il était heureux d'avoir énergiquement combattu la religion ; il me chargeait, en outre de faire savoir au public, toujours trompé par la grande presse, qu'au seuil de la tombe, il n'éprouvait nul regret d'avoir quitté l'Eglise. Bien d'autres les imitèrent : le Père Rose, dominicain, traducteur des Evangiles ; le jésuite anglais Tyrrel1, etc .. Brémond, l'académicien, ex-jésuite, fut admonesté par Rome pour avoir assisté ce collègue dans ses derniers moments, sans exiger de rétractation. Auffret, agrégé de l'Université, et Alfaric, professeur à la Faculté des lettres de Strasbourg, se virent persécutés par les réactionnaires au pouvoir, dans les années qui suivirent la guerre ; nous dûmes agir énergiquement pour les arracher aux griffes de leurs anciens confrères. Ce sont des penseurs dont j'ai pu apprécier la sincérité et la modestie. N'ayant rien d'un moderniste et désireux de détruire le catholicisme, non de le réformer, j'ai trouvé parfois de précieux auxiliaires parmi les anciens prêtres ; mais une crainte excessive de l'opinion publique paralyse souvent leur action. D'autres, tout en restant dans l'Eglise, ont accompli, à leur insu peut-être, un prodigieux travail de démolition ; citons Duchesne, Lagrange, etc., qui contribuèrent à dépister les erreurs dont fourmillent la Bible, les décrets ecclésiastiques, les légendes pieuses, la vie des saints. Nous leur devons d'assister à la ruine progressive des idées théologiques, malgré le soutien apporté au catholicisme par les romanciers, les critiques, les phraseurs académiques : Brunetière, Lemaître, Faguet, Barrès, Bourget et Cie. Comédiens qui, sachant la religion fausse, l'ont défendue au nom de la tradition et de l'intérêt national. L'histoire survenue à Turmel, dont j'appréciais la science profonde et dont je connaissais l'incrédulité, ne m'a pas surpris.

En fait de nouveautés admises par les autorités ecclésiastiques, les penseurs chrétiens se sont bornés à nous offrir les sornettes poussiéreuses de la vieille scolastique. Restauré, après un long déclin, surtout grâce à Léon XIII, cet astucieux italien qui se promettait, dès sa prime jeunesse, d'être pape, le thomisme triomphe maintenant près des snobs littéraires, des conservateurs sociaux et dans les cercles mondains. Ma vie entière, je garderai l'impression de vide et de sottise que j'éprouvai à la lecture du manuel de philosophie scolastique composé par Farges et en usage dans presque taus les séminaires de France, au début du XXe siècle. On m'avait toujours dit que les grandes vérités métaphysiques et religieuses reposaient sur des preuves convaincantes et que les nier c'était nier l'évidence même. Devant la piteuse argumentation de Farges, devant son verbiage sans consistance et ses raisonnements sans profondeur, je fus surpris au-delà de ce que je puis dire ; malgré un déchirement intérieur, je résolus d'étudier les bases du christianisme, et, sans pousser plus loin, je m'arrêtai avant de pénétrer dans le sanctuaire. C'est en lisant les apologistes les plus orthodoxes, en étudiant la philosophie et l'histoire, que j'achevais ensuite de perdre progressivement les restes d'une foi profondément ébranlée dès mon premier contact avec le thomisme. Depuis j'ai compris que le catholicisme n'était pas faux seulement, mais qu'il était l'un des pires chancres du genre humain spécialement dangereux parmi des religions toutes nuisibles. Aussi ne puis-je que sourire des élucubrations d'un P. de La Brière, d'un Maritain et des autres jésuites, de robe longue ou courte, que les organes de publicité littéraire voudraient nous faire prendre au sérieux. Sous prétexte d'adapter la, scolastique à la pensée moderne, tâche d'ailleurs impossible nos néo-thomistes escamotent dextrement les insanités dont la philosophie de l'Ange de l'Ecole est pleine. Compilateur, superficiel et sans génie, Thomas d'Aquin a laissé une œuvre qui fourmille d'incohérences et de contradictions. Ses modernes disciples ont pour eux les faveurs de la bourgeoisie riche et des universitaires qui veulent être reçus dans les salons ; malheureusement, la raison, le simple bon sens même, moins faciles à corrompre, sont absents de leurs écrits.

Qu'on le veuille ou non, le catholicisme est à l'agonie ; agonie qui peut se prolonger longtemps, mais dont l'issue fatale sera la mort. Nul médecin ne saurait guérir ce malade : et c'est en vain que se pressent à son chevet de nombreux docteurs attirés par l'appât du gain, Entre les faits observés aujourd'hui et ceux qui marquèrent la fin du paganisme gréco-romain, le parallélisme apparaît saisissant. Déjà les empereurs devenus chrétiens avaient fermé les temples, que la noblesse, restée fidèle aux dieux nationaux, proclamait toujours le maintien du culte ancestral nécessaire à la prospérité de Rome. Au Ve siècle, Claudien, prince des poète, choyé par l'aristocratie, méconnait encore de parti-pris le christianisme vainqueur. Symmaqne se fait l'éloquent défenseur du paganisme expirant et, comme un Barrès ou un Bourget, c'est au nom de la patrie qu'il adjure les autorités de rester fidèles aux dieux des premiers romains. Dans les écoles, la mythologie continue d'être en honneur ; et le terme païen (paganus, paysan) suffit à témoigner de la persistance du vieux culte chez les habitants des campagnes. Or riches nobles, écrivains, agriculteurs sont aujourd'hui les soutiens du catholicisme moribond, et leurs raisonnements sont identiques à ceux des païens du Ve siècle.

- L. BARBEDETTE

NÉGOCE n. m. (du latin : negotium, trafic, commerce) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 


Le mot négoce se dit dune opération de commerce, de trafic, d'une entremise pour la conclusion d'une affaire, d'un marché, etc. Se dit aussi de certaines combinaisons auxquelles il est dangereux de se livrer, Dans un sens péjoratif dit : l'on ne sait quel négoce font ces gens-là. L'usure est un négoce infâme, comme la contrebande est un négoce périlleux. Le mot négoce s'emploie surtout pour le gros commerce et comporte des marchés. Le négoce s'étend aux affaires de banque, de marchandises, etc ... Le commerce et le trafic se bornent, généralement, aux affaires qui n'ont trait qu'aux marchandises. Le commerce se fat par la vente et l'achat. Le trafic se rapporte à l'échange et le négoce à la spéculation. Ces trois termes sont parfois usités indifféremment. Le mot négoce est usité dans diverse, combinaisons. On dit : bien faire le négoce ; il y a le grand négoce là où se fait un commerce important ; un banquier fait d'énormes bénéfices dans ses négoces. En parlant d'une province, d'une nation, on ne dit pas négoce, mais commerce. Partout où il y a des hommes en contact, partout où il y a société, il se fait quelque trafic, quelque négoce. Le simple rapport des membres d' u n e même tribu, et même de deux familles fait naître le négoce, c'est-à-dire donne lieu à des opérations d'échange : soit de services, soit d'objets et produits. Dans nos sociétés civilisées et policées, il s'en faut cependant que le simple contact des hommes entre eux assure une égale liberté à chacun pour faire du négoce, étant donné la domination du capital qui fixe les conditions du travail. Inévitablement, il ne saurait être question de liberté et d'égalité là où le travail subit l'emprise du capital, et l'entreprise du commerce, du négoce, ne peut être tentée que par les détenteurs de capitaux. La libération du travail donnera, seule à tout le monde, à tout travailleur qui en manifestera le désir, la liberté du commerce et une égalité relative dans les rapports des hommes entre eux. La Souveraineté du Travail, seule, donnera à tous la liberté de consommer, puisque chacun pourra produire en vue de ses besoins. Quand tout travailleur, c'està-dire quand chaque individu se trouvera placé, socialement, dans des conditions de liberté et d'égalité équivalentes pour la production des richesses, la consommation en sera aussi étendue que possible et le négoce de notre époque n'existera pas. Mais quand le travailleur principal, le prolétaire, ne dispose pas des moyens nécessaires pour assurer sa liberté et son indépendance économique, la liberté du négoce ne l'intéresse pas ou peu, car il sait, d'avance, que l'organisation sociale fait de lui une victime. Les maîtres de l'heure, et non les prolétaires, peuvent seuls échanger librement, faire du négoce, puisque, seuls, sous un régime plus ou moins restrictif, ils accaparent et accumulent les produits et richesses diverses.

Plus l'échange est libre, plus il y a pour les capitalistes, pour les maîtres exploiteurs, des facilités pour s'enrichir et plus les prolétaires s'appauvrissent par l'apport aux développements de leur intelligence.

Sous l'esclavage du travail, c'est-à-dire sous l'organisation sociale actuelle, le négoce, rendu libre entre capitalistes seulement, aboutit à la création de cartels, de trusts, d'omnium... et constitue un pas décisif vers l'esclavage du travail aussi bien que vers le despotisme de la finance.

Le moyen essentiel que puisse mettre en œuvre l'Humanité pour moraliser le commerce et sortir de ce gâchis déplorable et malfaisant, pour rendre la société vivable dans une harmonie relative, consiste, au point de vue économique, à établir la souveraineté du travail.

- Elie SOUBEYRAN

NEGATIF (IVE) adj. (du latin : negare, nier) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 


Qui exprime une négation ; ex. : terme négatif, argument négatif, réponse négative. Grammaire : mots négatifs : mots qui ajoutent à l'idée caractéristiques de de leur espèce et à l'idée propre qui les individualise, l'idée particulière de de la négation grammaticale. Les mots : personne, rien, aucun, ne, ni, non, sont des mots négatifs. La négation renfermée dans ces mots tombe sur la proposition entière dont ils font partie et la rend négative. Il ne faut pas confondre les mots négatifs avec les mots privatifs grec ou latin que nous avons transportés dans notre langue et dans lesquels on a voulu voir des négations : Avoir voix négative, avoir droit de s'opposer. Philosophie : qui consiste dans une négation. Le vrai bonheur est pour nous une chose négative ; il consiste surtout (dans l'absence du mal (Boiste). Théologie : commandement négatif : commandement qui défend de faire une chose ; vous ne déroberez point, vous ne tuerez point, sont des des commandements négatifs. Peines négatives, par lesquelles on exclut certains citoyens des honneurs, des dignités, sans leur infliger aucune peine directe et positive. Physique : étal négatif se dit, dans l'hypothèse de Franklin, du fluide électrique : voir Electricité : pôle positif et pôle négatif. Botanique : caractères négatifs, caractères fondés sur l'absence de certaines parties. Géographie : delta négatif, espèce d'embouchure d'un fleuve, qu'on nomme plus communément estuaire. T. d'algèbre : grandeurs ou quantités négatives, celles qui sont l'opposé des grandeurs ou des quantités positives. On les fait précéder du signe de la soustraction (-). Morale : caractère négatif, caractère sans vices et sans qualités. Le pire des caractères, c'est de n'en avoir aucun ; c'est le caractère négatif (Labruyère).

NECROMANCIE n. f. (du grec : necros , mort ; manteia, divination) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 


C'est à évoquer les morts, pour connaître l'avenir ou découvrir les choses cachées, que visait l'antique nécromancie. Afin de recevoir les réponses souhaitées, les Thessaliens arrosaient un cadavre de sang chaud, non sans avoir accompli, au préalable, mes expiations et le sacrifices requis. Les légendes grecques reviennent souvent sur l'évocation des morts : Ulysse se rend au pays des Cimmériens pour consulter l'ombre de Tirésias ; Orphée va en Thesprotie pour rappeler celle d'Eurydice. Moïse défendit, sous peine de mort, la nécromancie que les Juifs pratiquaient volontiers. Bien qu'il eût chassé les magiciens de son royaume Saül alla secrètement consulter la pythonisse d'Endor, la veille de la bataille de Gelboë. Ce fut, d'après la Bible, pour s'entendre dire par le grand-prêtre Samuel, mort depuis deux ans : « Demain tu seras avec moi ». Durant tout le moyen-âge, les nécromanciens jouèrent an grand rôle. Ils n'ont pas disparu ; spirites et autres évocateurs de trépassés sont leurs modernes successeurs. Vers 1848, deux jeunes américaines nommées Fox entendirent des coups qu'elles attribuèrent à un homme décédé dans la maison ; une convention établie par ces demoiselles permit bientôt des conversations suivies : un coup signifiait « oui », deux coups « non ». Ce fut le début des tables tournantes et frappantes, dont la fortune fut considérable dans la seconde moitié du XIXe siècle, aussi bien en Europe qu'en Amérique. Mais l'on s'aperçut que certaines personnes jouaient un rôle prépondérant dans la production de ces phénomènes ; on les appela des médiums. Par leur intermédiaire, nous entrerions en rapport avec les esprits désincarnés. Après la mort, ces derniers qui vivent d'une existence transitoire et se décident avec peine, semble-t-il, à quitter les zones terrestres, rôdent autour de nous. C'est pendant cette période d'errance, où l'âme reste environnée du perisprit ou corps astral, qu'elle parvient à se manifester aux vivants. Plus tard, elle devra s'incarner à nouveau, soit sur notre planète, soit sur une autre, selon son degré d'évolution. Les défunts peuvent entrer en communication avec nous de bien des manières : certains médiums écrivent avec un crayon, une planchette, etc., on a alors l'écriture automatique ; d'autres dessinent ; d'autres parlent et ne peuvent s'empêcher de prononcer « des paroles dont ils ne soupçonnent pas le sens et qu'ils sont tout surpris d'entendre » ; d'autres gesticulent ou imitent la voix, les gestes, la tournure d'un défunt ; d'autres, par leur seule présence, provoquent des mouvements ou des bruits, etc ... Enfin, toujours grâce aux médiums, on parvient. dans certains cas, à voir les esprits, à les photographier, à prendre des moulages de leurs mains ou de leurs pieds. Une mystérieuse substance, l'ectoplasme, leur permettant de se modeler un corps semblable à celui qu'ils avaient autrefois, de se matérialiser. D'accord avec les spirites sur l'ensemble de la doctrine, les théosophes estiment, toutefois, qu'il faut laisser les morts en paix. En les attirant dans notre ambiance terrestre, nous leur rendons un très mauvais service en les empêchant d'évoluer. De plus ils insistent sur les dangers que court le médium. « Si le médium,écrit Aimée Blech, n'est pas protégé, sa passivité, sa réceptivité habituelle en font une victime toute prête...Combien 'aliénés ont commencé à n''être que des obsédés ! J'ai eu, pour ma part, tant de confidences poignantes et tragiques, tant de demandes d'aide parfois tardives, que je ne crois pas trop m'avancer en affirmant ce danger. » Quant aux occultistes, ils raillent volontiers les spirites et les manifestations « beaucoup plus matérielles que spirituelles », provoquées par les médiums. « Rien de ce que j'ai vu, écrit Oswald Wirth, ne m'oblige à croire à l'intervention des esprits, dans les phénomènes du spiritisme. » C'est un spectacle qui devrait faire réfléchir les plus crédules, que celui des disputes mettant aux prises les modernes explorateurs de l'au-delà. Chacun prêche pour sa personne, pour sa chapelle : et comme il néglige d'accorder son violon avec celui du voisin, les auditeurs sont gratifiés d'un concert où tout est discordance et cacophonie. Rien d'étonnant, ce domaine étant par excellence celui de la fraude et de l'illusion. Pour nous, il n'y a pas fraude, les déplacements de table sont dus à des inconscients du médium ou à des actons inconscientes des personnes présentes. Ajoutons que la mentalité du médium ou des assistants se retrouve dans toutes les communications. Home, le célèbre anglais qui mystifia si longtemps Williarm Crookes, avoua qu'il n'avait invoqué les esprits que pour attirer les badauds. Si compatir à la sottise n'était risquer de la rendre contagieuse, on plaindrait les naïfs victimes des spirites professionnels et des mauvais plaisants. Faut-il ramener toutes les manifestations médiumniques, hypnotiques, etc ... , à de simples expressions des constatations hypérémotives et mythomaniaques découvertes par Ernest Dupré ou à la cyclothymie si bien décrite par Emil Krœpelin ? Je n'ose me prononcer ; en science, il faut de longues recherches avant d'aboutir à des résultats incontestables. Du moins, il est hors de doute que les morts n'ont rien à voir avec les manifestations spirites ou médiumniques. Les expériences mystiques chères à William James sont rentrées dans le domaine de la physiologie voire de la physiologie sexuelle, d'où et n'auraient jamais dû sortir. Pour l'édification du lecteur, , rappelons l'histoire récente du médium Albertine. Le mari de cette dame était l'auteur de livres fort appréciés dans les milieux spirites : Les Témoins posthumes, Ecoutons les morts. Après production de phénomènes secondaires : déplacement de tables à distance, bruit de castagnettes et de tambourin, danse de guéridons, Albertine provoqua des manifestations ectoplasmiques. A la demande de son mari, écrivait le Docteur Osty, « un cabinet noir, c'est-à-dire un espace entouré de rideaux noirs, à été monté dans le laboratoire de l'Institut Métapsychique, pour se conformer aux habitudes du médium Albertine. M. B... a apporté un sac d'étoffe de couleur foncée pour que le corps du médium y soit enfermé jusqu'au cou. Le sac est examiné par plusieurs personnes et par moi. Le fond en est sans couture, les deux coutures latérales sont solides. L'ouverture est garnie d'anneaux de cuivre à rideaux. Albertine y est introduite. L'ouverture du sac est fermée par des lacets réunissant entre eux tous les anneaux de chaque côté et plombé aux extrémités... Le sac est attaché aux bras et à une traverse du fauteuil au niveau des hanches et du sol, par des liens plombés passés dans les anneaux bien cousus à l'étoffe. Les paroles échangées par les spectateurs expriment l'opinion qu'il est impossible d'imaginer comment on peut sortir et surtout rentrer dans ce sac, sans briser les liens de clôture et de fixation. » Ainsi, toutes les précautions sont prises pour que le médium ne fraude pas. Et, passant sur les séances d'intérêt médiocre, nous arrivons à celles qui présentaient un caractère vraiment remarquable. Le médium, ficelé dans son sac, est placé dans le cabinet noir que des rideaux séparent du public. « Une lampe rouge, continue le Docteur Osly, est allumée à la rampe du plafond du laboratoire. Dix minutes environ après le début de la séance, des manifestations commencent. On entend un crayon écrire et tomber. Bientôt une main et un avant-bras nus passent entre les rideaux. Les rideaux sont rouvert lentement, une forme humaine apparaît, vêtue clair, tenant un écran lumineux pour mieux éclairer sa tète entourée d'un voile blanc. Les rideaux retombent. Ils s'entrouvrent de nouveau et encadrent une forme féminine que quelques assistants jugent plus petite que celle de l'apparition précédente. La tête est nue. Les cheveux partagé en deux tombent de chaque côté des joues. Quelqu'un dit : « C'est ma soeur, je la reconnais ». L'apparition, d'un signe de main, confirme joyeusement cette reconnaissance. Les rideaux se referment. Quelques minutes se passent, et une autre forme humaine se montre. La tête est recouverte de quelque chose de vague et de couleur claire. Quelqu'un dit « C'est est ma mère ! ». Et la comédie recommença bien des fois ; les apparitions deviennent de plus en plus nettes. Enfin, voici le récit de la dernière séance : « Qui me minutes s'écoulent. Les gémissements se précipitent et s'accentuent. Les anneaux des rideaux grincent sur la tringle. Un visage et une longue forme claire et imprécise se montrent dans l'intervalle étroit des deux rideaux et disparaissent. Une forme humaine complète apparaît tôt après. Elle donne l'impression d'une femme. Timidement elle se montre, puis écarte largement les rideaux et se met bien en vue. La tète est recouverte d'un voile clair. Le cou et les bras sont nus. Le corps semble vêtu d'un tissu clair. M. Garçon demande, le premier, de toucher la main de l'apparition. Il la touche. Les rideaux se ferment deux fois, et deux fois l'apparition se montre. Il y a maintenant deux lampes rouges allumées au plafond. Ma demande, plusieurs fois renouvelée, que l'apparition mette sa main dans la mienne, reste sans succès. Je ne retrouve plus la complaisance obéissante des séances précédentes. Je prie M. Garçon, mon voisin de droite, de redemander le toucher d'une main. L'apparition, d'un geste gracieux, approche sa main droite de celle qu'il lui tend. Je saisis le poignet de l'être mystérieux et dis : « Lumière ! » Une lampe plafonnière de quelques centaine de bougies, commandée par M. Sudre, inonde le laboratoire de lumière. Voici le tableau que les quatorze témoins contemplèrent : Le médium Albertine, immobilisé de stupeur, est devant nos yeux costumé en apparition. » Un tel compte-rendu se passe de commentaires. Les histoires de ce genre sont innombrables ; et l'on dit même que la race des médiums est en voie de disparition, depuis que l'on prend quelques précautions, pourtant très élémentaires, contre les charlatans qui prétendent faire parler les morts. On trouvera d'ailleurs au mot Métapsychie de nombreuses explications complémentaires, ainsi qu'au mot Spritisme.

- L. BARBEDETTE

NÉCESSAIRE, NECESSITE (du latin necessarius) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 


Voici quelques-unes des meilleures définitions de ce qui est nécessaire, empruntées au dictionnaire philosophique de Lalande :

1° Est dit « nécessaire » l'être qui ne dépend, pour exister, d'aucune autre cause ou condition ;

2° Est dit « nécessaire » (par rapport à un ensemble de causes données), l'effet qui en résulte infailliblement ;

3° Est dit « nécessaire », l'enchaînement des causes et des effets dans un système déterminé ;

4° Est dit « nécessaire » le rapport d'un moyen à une fin, d'un condition à un conditionné, si cette fin ne peut être atteinte que par ce moyen, ou si ce conditionné ne peut être réalisé que sous cette condition.

Remarquons que, sauf la première des définitions, toutes les autres ne prennent leur caractère de nécessité que a priori : après expérience. Ce qui les ramènerait en somme à ceci : « Est nécessaire ce qui est, ce qui existe et se passe dans le présent ». Ce caractère de nécessité se rapporterait donc aux faits présents que l'on subit, que rien ne peut modifier et contre lesquels on ne peut rien. Ce qui n'est donné que par les faits tirés de l'expérience. D'après cela, tout événement futur ne serait pas absolument nécessaire, tant qu'il ne s'est pas complètement réalisé, qu'il ne s'est point imposé par l'existence même. D'où vient alors que certains phénomènes futurs prennent pour nous le caractère de la nécessité absolue, par exemple la chute d'une pierre jetée en l'air, ou même notre propre mort ? Cela vient d'une particularité psychologique créée par l'expérience qui fait qu'une série de phénomènes dont la succession et la répétition s'effectuent toujours avec la même invariabilité, sans aucune exception connue, se présente à notre esprit avec le même degré de certitude pour le futur que pour le passé. Le futur « est comme déjà joué » (pour employer l'expression assez heureuse de Bergson). Cela nous ramène à l'éternelle question du déterminisme, à la nécessité en soi et à la première définition, citée plus haut, de ce qui est nécessaire. Il est évident qu'il y a quelque chose qui existe par soi-même, car ce n'est ni nier, ni expliquer l'existence d'une chose en soi, c'est rendre toute existence intelligible. Il y a donc quelque chose dont les attributs propres ne dépendent point du dehors (ne serait-ce que le mouvement), car il faudrait encore reporter au dehors, à un autre quelque chose, les attributs que l'on nie à cette première chose, ce qui est reculer l'explication.

Ces attributs peuvent-ils être considérés comme libres on comme nécessaires ? Nous sommes, ici, au cœur même de la question du déterminisme. Remarquons que les attributs ne tiennent l'existence que d'eux-mêmes ; quant à leur origine et leurs particularités, ils sont libres, bien que se modifiant mutuellement et perpétuellement dans leurs mouvements ; mais l'esprit répugne à admettre une telle possibilité car si le vieil anthropomorphisme nous fait douer ces attributs de la faculté d'être facultativement ceci ou cela, sans raison, une chose ne peut être (pour notre compréhension habituelle) qu'une chose à la fois et non plusieurs choses différentes ou contradictoires. Si donc elle est ce qu'elle est, et non autre chose, c'est qu'elle ne peut être cette autre chose. Nous voyons là encore un caractère de nécessité. Il nous est impossible de concevoir qu'une chose puisse être plusieurs choses en même temps ni changer d'elle-même sans motif. Tout porte donc le caractère de la nécessité.

Cela vient de ce que nous ne pouvons concevoir de changements, de variations sans causes antérieures les déterminant. Ce qui recule indéfiniment le problème des causes déterminantes, sans le résoudre.

En réfléchissant suffisamment, il n'est pas plus pénible d'admettre qu'une chose puisse être, sans motif antérieur, soudainement, autre chose que d'admettre que, sans autre motif antérieur, cette chose soit actuellement ce qu'elle est. L'incompréhensible n'a pas de mesure. Si l'on admet une chose incompréhensible, on peut en admettre une quantité indéfinie.

Le caractère de la nécessité ne serait donc pas exclusivement le fait de l'invariabilité et de la répétition, mais, plutôt, celui de l'existence même : Est nécessaire ce qui est. En réalité, nous sommes, ici, en dehors du champ de l'expérience, dans le pur domaine de l'imagination, avec le seul guide de notre logique, tirée de l'expérience sensorielle; laquelle n'a plus aucune mesure avec des faits qui se passent à une échelle de grandeur qui n'affecte plus notre sensibilité.

Les seules explications que nous puissions nous donner, dans ce domaine extra-sensible, sont plutôt des inventions, des jeux de notre esprit, auxquels nous ne pouvons que demander certaines conditions de logique pour ne point heurter notre bon sens, Ce qui porte, pour nous, le caractère de la nécessité, ce sont surtout les faits prévisibles s'appliquant aux phénomènes se déterminant les uns les autres. La logique humaine, notre raison issue des réactions de la substance vivante contre les forces du milieu, nous fait connaître ces nécessités qui sont comme les bornes mêmes de toute vie, hors desquelles notre existence est compromise ou en danger. La seule morale possible et acceptable pour les humains ne devrait être qu'une morale basée sur ces nécessités inéluctables, imposées par les lois naturelles à tous les êtres vivants. C'est en connaissant exactement ces nécessités que l'homme pourra triompher de la nature et l'utiliser à son avantage, pour son bien-être et sa conservation.

- IXIGREC

NECESSITE n. f.

Je veux bien qu'un très grand nombre des acquisitions de l'homme aient été faites sous l'empire de la croyance à la liberté métaphysique. On a même prétendu que ces acquisitions auraient été moins rapides si cette croyance n'avait pas dominé l'horizon de la pensée humaine. C'est une question qui demande il être discutée à fond et sérieusement. Pour ma part, je crois que la nécessité, dans la plupart des cas, est à l'origine des conquêtes ou des « progrès de l'esprit humain », pour parler comme Condorcet. D'ailleurs, le problème n'est plus là. Puisqu'il est entendu que l'unité humaine n'est pas libre, mais qu'elle possède, dans une certaine mesure, la faculté d'opposer son déterminisme personnel au déterminisme ambiant, de le combattre même, - éthiquement et socialement s'entend - il appartient à l'animateur, à l'initiateur, au propagandiste d'insister avec puissance sur le rôle dévolu à la volonté de résistance et d'affirmations personnelles, à l'action de l'association des déterminismes individuels dans la lutte pour la conquête d'acquis nouveaux, de nouvelles utilisations, de connaissances nouvelles, de nouveaux procédés ou modes d'existence permettant à l'être humain d'évoluer avec plus d'aisance. En deux mots, il appartient à l'éducateur - si l'on préfère ce mot - de démontrer que la nécessité n'est pas un générateur de crainte ou de résignation, mais un facteur d'évolution, d'épanouissement, dans tous les cas.

- E. ARMAND

NÉBULEUSE n. f. (du latin : nebula, nuage) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 


On appelle « nébuleuses » des taches d'aspect laiteux, aux contours imprécis, présentant beaucoup d'analogies avec les légers nuages blanchâtres appelles « cirrus », et perdues comme de pâles lueurs dans l'insondable espace. Avant les perfectionnements de l'optique, avant l'application de la spectroscopie à l'étude du monde sidéral, ou supposait que ces créations de la nature étaient toutes composées de vapeurs cosmiques phosphorescentes, de tourbillons de substances lumineuses. Les perfectionnements récents des instruments d'optique et la spectroscopie nous permettent de diviser les nébuleuses en trois catégories distinctes. La première comprend les amas d'étoiles, qui seraient comme des prolongements de notre voie lactée et situés extrêmement loin dans l'espace, à des distances variant de 200.000 à 225.000 années de lumière. Parmi ces amas, presque tous de forme globulaire et généralement composés d'une multitude d'étoiles très voisines en apparence, mais, en réalité, séparées par des distances énormes qui sont de plusieurs années lumière ; il convient de citer les deux nuées de Magellan, dans l'Hémisphère austral, renfermant plusieurs centaines de milliers d'étoiles. Dans les mêmes parages, notons l'amas du Toucan, celui du Centaure et, dans l'Hémisphère boréal, nous remarquons le magnifique amas d'Hercule, renfermant plus de 6.000 étoiles.

Pour les nébuleuses de la seconde catégorie, la spectroscopie est venue préciser la différence d'avec les premières. Ce sont de véritables masses gazeuses, isolées au milieu de l'espace interstellaire et composées d'hydrogène, d'hélium, ainsi que d'un élément encore inconnu sur notre globe auquel on a réservé le nom de « nébulium ». Ces nébuleuses gazeuses qui ont des dimensions énormes et dont le nombre est très élevé sont des corps froids (température probable 223 degrés sous zéro), qui ne sont lumineux que parce que l'arrivée en leur sein de poussières électrisées chassées par la pression de la radiation, les rend luminescentes et permet de les apercevoir, malgré leur basse température, sur le fond obscur du ciel. Constituées par la matière à un état de raréfaction extrême, ces ]nébuleuses qui présentent différentes formes, depuis celle sans contours définis, comme la grande nébuleuse d'Orion, jusqu'à celle qui se révèle comme un anneau de matière nébulaire entourant un noyau central (nébuleuse annulaire de la Lyre), sont le berceau, la semence des mondes futurs.

Le troisième groupe de nébuleuses comprend les nébuleuses spirales, présentant l'aspect d'une vaste spirale ou d'un immense tourbillon. Ces nébuleuses, dont le nombre est voisin du million, semblent s'écarter de la Voie Lactée et se montrent particulièrement nombreuses vers les pôles de la Galaxie. Elles s'éloignent de celle-ci à des vitesses moyennes de 500 à 700 kilomètres à la seconde et constituent des Voies Lactées différentes de la nôtre. Nous devons les considérer comme de véritables univers, d'étendue énorme, extérieurs à notre univers stellaire. La spectroscopie nous les montre comme réellement composée de millions et de millions d'étoiles et de même nature que notre Voie Lactée. (voir ce mot et Univers) et composées, comme elle de milliards d'étoiles, de nébuleuses non résolubles et d'amas stellaires importants. Les plus proches sont à la distance de 100.000 parsecs (un parsec équivaut à 3,26 années-lumière) et ont des dimensions analogue à la Voie Lactée. La plupart d'entre elles sont situées à plus d'un million de parsecs et la lumière emploie, pour les plus éloignés, 8 à 10 millions d'années-lumière pour nous parvenir. Elles sont séparées entre elles et de notre système galactique par des océans de vide que la lumière si follement rapide ne franchit qu'en des myriades de siècles. Citons, parmi les plus remarquables d'entre les spirales, la belle nébuleuse des Chiens de chasse, la magnifique spirale de la Vierge, celle d'Andromède, de la Grande Ourse, etc...

- C. A.

Les repas familiaux Partie I Par M.A.

 

Nous avons tous connu les déjeuners le dimanche avec la famille celle que l’on ne fuit jamais assez jamais assez loin jamais assez définitivement de toute façon nous ne la fuirons jamais comme si elle n’avait jamais existé il existe toujours quelque chose qui nous y ramène la pitié le dégoût ou la curiosité aucun sentiment de bienveillance que du malheur du mépris de la jalousie

Revenons à ces déjeuners glaciaux inhumains et qui nous poursuivent chaque dimanche gigot haricots verts fromage dessert et promenade dans les sous-bois froids des fins d’après-midi sans fin

Il pleut toujours un peu ces jours-là même le ciel est triste maussade il pleure il nous pleure car il maudit avec nous ces jours-là

Nous sommes égarés à une table qui ne cesse de s’allonger de s’assombrir au fur et à mesure que l’alcool coule car il coule comme le venin dans des veines à vifs il coule

Le tonton celui dont tout le monde est fier l’image de la famille pourtant il est celui qui se vomit ou se chie dessus de son alcoolisme et on se mord la langue pour ne pas poser la question

« Mais passe-t-il toujours les mains au cul de la femme de son fils ? »

« Mais tata quand la dernière fois l’as-tu ramassé dans son vomi après un dernier verre de l’amitié ? »

Et tu as l’autre tante qui dit comme pour détendre l’atmosphère

« Et si je vous montrais mes seins  »

 

Il y a le coco c’est le même que précédemment celui qui parle d’un communisme qui n’existe pas qui n’a peut-être sans doute jamais existé et nous nous prenons les pieds dans le tapis les socialos rigolos démagos qui geignent qu’ils détiennent la vérité

 Et toujours cette tata, celle qui vote facho parce qu’elle suce un flic grand bien lui  fasse il lui passe les menottes et l’encule à volonté nous parle de son vote pendant qu’elle a envie qu’on la pelote.

 

« Et moi je ne mets pas de slip »

A-t-elle raison d’être dispo à volonté dès que l’envie lui prend qu’on la prenne qu’on l’avilisse telle qu’elle le réclame qui est-elle que représente-t-elle