jeudi 11 septembre 2025

"Que trahis-tu là de toi, que tu abrites depuis l'enfance, en n'écrivant plus?"

 "Que trahis-tu là de toi, que tu abrites depuis l'enfance, en n'écrivant plus?"


Que me dis-tu ami, quand la souffrance est autant dans le fait d'écrire que de décider d'arrêter? 

La réponse à l'écriture, au fait d'écrire, au fait de partir ailleurs pour ne pas être présent, dans le présent ou les présents.

Peut-on n'être qu'ailleurs quand le temps devient une course qui ne s'interrompt plus, quand il n'y a plus de rêves, ou d'échappatoire.

Comment à 12 ans déjà vouloir être ailleurs que dans le milieu familial?

Comment à 12 ans ne pas vouloir être avec sa "famille"?  La famille est un milieu fasciste m'as-tu dit un jour? 

Ecrire ce que je ne pouvais vivre, écrire pour lire ce que je ne parvenais pas à lire?


Mais aujourd'hui, aujourd'hui, je te paraphrase avec plaisir dans une remarque tirée de ton roman "Le monde des amants/ l'éternel retour : 


« Je ne vais plus écrire, non parce que je t’ai rencontré, mais parce que je n’ai plus à écrire que je t’ai rencontré ».


Ecrire me fait souffrir, ne plus écrire me fait souffrir. Quelle est la plus pénible des décisions? 

En effet, je n'ai jamais écrit pour être lu mais pour écrire. L'idée, le but a changé parce que il existe des lieux où la course à la notoriété nous oblige à produire, produire, chaque jour comme pour ne pas disparaitre. 

Et, en fait, j'étais en contradiction avec moi-même, puisque je n'ai de cesse de disparaitre pour prouver que je n'ai jamais existé. 

Alors, produire, être lu, admiré même pourquoi pas, salué, congratulé. Qu'est ce devant ce que je m'apprête à vivre d'ici quelques années? Ce qui est en fait la vraie question.

Et je ne veux plus me débattre dans ce monde, je ne veux plus parler, expliquer, argumenter quand les mots prononcés sont passés systématiquement au travers de filtres ; la religion, la politique, le syndicalisme, la morale, l'église, le travail.

Rien est écouté, ceux en face de nous superpose leur vie minable sur la mienne qui n'est guère moins minable. Ils utilisent des mots pour d'autres, ils retournent les sens. 


Fini tout cela, le silence. Voilà le silence. Et peut-on pervertir le silence? 

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