samedi 23 août 2025

Lignes N°22

 [...] Je marche dans la rue et je vois venir à ma rencontre dans la foule, mon père (qui habite la ville). J'esquisse la composition d'un sourire - et je m'aperçois qu'il s'agit de mon reflet, dans une vitrine. Je suis atterré.

Deux jours plus tard, dans le train, j'essaie de me rappeler où Freud raconte que plus il vieillit - plus la mort le gagne - , plus il  se surprend à répéter des gestes, des intonations, des mimiques, etc. de son père , duquel, pendant tout le temps qu' il a combattu pour accéder à la vie ( à son existence), il n'a pourtant pas cessé de se démarquer avec toute la violence sourde du rejet. La "ressemblance", ici, le retour incontrôlable de la ressemblance comme le signe même de la mort, déjà, qui s'annonce et qui vient."

Point de littérature.

Il y a d'un côté ce que Philippe Lacoue-Labarthe peut vivre comme sensation, ce jour-là, à Bordeaux, ca tout dans sa vie, à ce moment-là,  était normal. 

Vieillissant, il ressemble de plus en plus à son père, l'ombre de la mort se profilant. Sensation étrange de finitude, d'accomplissement et l'inexorable vers le fini.


Et de l'autre, il y a moi, comprenant cette sensation, la trouvant émouvante. Mais me renvoyant à ma propre histoire, ma propre finitude. Et, au fait, que jamais mon reflet ne me renverra jamais une image de moi se confondant avec mon père.

Celui-ci étant mort jeune, j'ai dû à un moment lui ressembler mais je n'en ai eu aucune connaissance n'ayant aucune image m'y renvoyant.


Il m'est interdit de vivre les reflets de mon existence dans ce que fut la mort de mon père . Alors, ce chemin sera celui que je fuis dans les miroirs. Finalement, ne connaissant pas ce reflet là, je fuis tous les reflets pour n'en fuir qu'un seul.

Celui que je ne connaitrai jamais.


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