Partie de l'ouvrage N° III : De la domination le capital, la transparence et les affaires
"Les premiers à profiter de la disparition du politique (du moins, de sa réduction à l'état de trompe-l'oeil) sont les marchés financiers. Viennent ensuite les juges. Viennent enfin les journalistes. Financiers, juges et journalistes sont les premiers intéressés à une fissuration qui n'a pas de précédent. Y seraient-ils intéressés d'une façon qui les oppose en apparence. Ceci les unit cependant qu'ils ne s'emparent de "tout le pouvoir" qu'à la condition qu'aucun de ceux qui le détenaient ne le détienne encore. L'argent n'a corrompu les élus qu'assistant longtemps que c'était eux qu'il lui fallait corrompre. Il s'apprête à corrompre juges et journalistes (il les corrompt déjà) avec la tranquillité qui présidé au partage des dépouilles."
"Ils ne s'opposeront de nouveau lorsqu'il n'y aura plus pour chacun de pouvoir qu'au prix que nul ne le lui dispute."
"Ce moment est inscrit dans leur action, sinon comme ce que celle-ci veut elle-même, du moins comme ce qu'elle rend inévitable. A qui en appelleront-ils alors quand tous ceux auxquels il faudrait qu'ils en appellent autant été privés par eux des moyens qu'ils avaient de les protéger. Il leur apparaîtra alors, mais trop tard, que mieux valait que la démocratie ne fût pas irréprochable ( il leur apparaîtra qu'un monde auquel il n'est plus possible de rien reprocher est un monde en effet fasciste)."
"Les juges se défendent de faire de la politique. Tout au plus, ils seraient ce qu'il reste de la politique quand celle-ci a failli. Mais, s'il le faut, ils feront qu'elle soit faillible pour qu'il ne reste qu'eux."
"En d'autres termes, non seulement les conditions de l'exploitation se font chaque jour plus oppressantes (enjoignant à chacun de se surpasser par le même mouvement qu'il faut que chacun surpasse ce dont tous les autres sont capables- ceci à l'infini), mais il faut encore que les moyens qui sont opposés à cette exploitation puissent n'être pas suspectés de vouloir démontrer que cette oppression est trop grande pour être supportée.
Que tous soient égaux devant l'exploitation veut simplement dire : l'exploitation elle-même est juste."
"Il faut faire avec cette évidence, au sujet de laquelle on se méprend volontiers : il n'y a pas moins "politique" que l'épuration à laquelle le capital se prête. Et avec cette autre : nul ne cherche à faire que l'accusation qui est portée contre ke capital devienne à aucun moment une zccusation "politique ". En d'autres termes, nul ne generalise L'accusation qu'il porte contre certains excès du capital au capital lui-même. C'est-à-dire, nul n'accuse le capital en tant que tel."
"Ce dont on trouve sans mal la preuve dans le fait qu'il n'est pas jusqu'à ceux qui ont le plus à souffrir de lui à n'être maintenant convaincus que rien ne saurait lui être raisonnablement opposé. Le capitalisme est l'horizon indépassable de notre temps."
"Une protestation aussi diffuse, qui n'avait à opposer à ce qui était que ce qui n'était pas (les sans emploi, les sans domicile, les sans papiers etc), ne suffit pas à former "une autre representation". Une représentation "politique". Parce qu'il n'y a pas de représentation politique que la domination n'ait condamnée. Elle-même ne se donnant plus comme l'une d'elles, mais comme leur fin."
"La gauche ( la dernière à avoir tenté d'exister : en 1981) aura eu cette importance imprévue : s'être elle-même rangée au nombre des moyens variés dont la domination sait qu'elle dispose pour conspiration à la disparition définitive de toute politique. Jusque-là, l'illusion pouvait en persister. L'échec de la gauche serait resté historiquement sans conséquences si les mouvements appelés un peu partout à apparaître l'avaient ignoré. C'est parce qu'ils ne l'ignorent pas qu'il n'y aura dorénavant plus de mouvement social à s'en prendre "politiquement" à la domination."
"Ce qui est en outre entre-temps apparu, c'est que ce n'est plus le souci du capital qu'un nombre "nécessairement" majoritaire jouisse des moyens qu'assemble et gère la domination. La domination ne changerait de moyens, quand bien même il n'y aurait plus pour en jouir qu'un nombre minoritaire. Cette confusion est la plus fréquente. Et elle est de cette sorte (idealiste) qui fait qu'on oublie régulièrement que le capital sait "aussi" être fasciste ( ce qu'il n'est pas nécessairement ni même logiquement). C'est-à-dire qu'il l'est chaque fois que ne lui restent que les moyens politiques du fascisme pour continuer d'assurer ceux de sa domination."
"Ce qui constitue en effet un principe aussi peu politique que possible. Du moins au sens que tous étaient convenus de donner jusqu'alors à ce mot (et qui a fait que des négociations étaient possibles).
Décembre 1995 constitue le premier effet observable de la défaite défi itinéraire de la gauche en France. Ou le premier effet observable de la défaite définitive de la politique. C'est à dire de l'échec de la gauche à faire de la politique qu'elle prétendait mettre en œuvre autre chose, à la fin, que la défense des intérêts de la domination. Cet échec a ce sens : nul ne croit plus, surtout pas le monde du travail, qu'existe la possibilité d'une politique dont ne décide pas seule la domination et que met en œuvre le capital "
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