mercredi 31 juillet 2024

Principes pour une littérature qui empeste Par Michel Surya

 Marcel Moreau est l'un de ceux que le virus a tués (à la vérité, que le virus a fini de tuer, qui mourait déjà). Moreau, justement, qui a pris toute sa part de la saleté propre à l'écriture, qui a fait de ses "oeuvres" les "raclures de l'âme" dont Artaud disait être faites les siennes, qui l'a dit alors qu'elles n'existaient encore qu'à peine. Signe des temps : à peu près personne pour savoir qui Moreau aura été. Moins encore à l'avoir lu. S'il avait écrit moins, il est vrai, et avec moins de mots; s'il s'était montré plus affable, et sous un meilleur jour ( moins mauvais, hirsute, possédé), sous le jour de ceux qui semblent n'avoir écrit leurs livres - pas des "raclures", surtout pas de "l'âme" - que pour pouvoir parler partout d'un peu tout, surtout d'eux, ce qu'on voit tous faire, qui pensent pourtant en remontrer à l'ordre, qui le prétendent même, qui ajoutent juste au divertissement qui domine.

Génie des titres à Moreau, lesquels suffisent à faire penser à Artaud (pour quoi je pense à lui) : Quintes, Bannière de bave, La Terre infestée d'hommes, les arts viscéraux, discours contre les entraves, ados de dieu, corpus scripti etc.

Quintes, Bannière de bave, la terre infestée d'hommes ont paru, le premier en 1963, les deux autres en 1966. Un an avant, pour ces deux derniers, que parût Tombeau pour 500000 mille soldats de Pierre Guyotat.

Marcel Moreau est mort le 4 avril 2020, à l'âge de 86 ans, quand Pierre Guyotat est mort le 7 février 2020, à l'âge de 80. Aucun rapport? A l'évidence ( pas la même portée d'oeuvres, pas les mêmes conséquences d'art). Le plus grand cependant du point de vue de ce que "l'écriture" engagea pour quelqu'uns de cette génération, ou tenta d'engager, engagement auquel si peu se tiennent encore

Principes pour une littérature qui empeste Par Michel Surya

 Pourquoi je tourne sur les textes de Michel Surya?


Parce qu'il y a dans ces textes là la puissance de la réflexion sur la littérature et de la pensée. Penser en tout temps et sur tout. Sur tout ce qui ne se pense plus assez ou plus du tout. 

Ce qui nous amène vers ce qui vient..."Ce qui vient" numéro 72 ( ultime) du magazine Lignes. Ce qui vient et qui vient car personne n'a la volonté d'y mettre un terme. 

Nous n'avons plus la puissance et nous n'avons plus le réseau.

Les réseaux sont squattés par les pense petits, les égocentriques, les cloportes.

Malheureusement, malheureusement, ils sont nuisibles par leurs attitudes et leurs discours.

Alors la pensée, la littérature, le discours sont ce qui nous aident à respirer.

A respirer...A pleins poumons...

De là où nous sommes, nous regardons les pantins s'agiter sous les fils qui les dirigent, eux qui se croient libres, engoncés dans les dogmes ou les définitions faciles. .

Faciles comme des slogans, faciles à comprendre et à répéter jusqu'à plus soif.


Maintenant, lisons, respirons, aspirons, et pensons, apprenons, réfléchissons...et sourions...


"L'art jeune d'Artaud, en réalité, est moral, qui emprunte au moralisme surréaliste, que le moralisme surréaliste rassure, dans la proximité duquel il se tient encore, un temps. Moral est en effet, l'est à sa façon, une façon qui n'est pas que surréaliste , un art qui considère que "toute l'écriture est de la cochonnerie", et que tous ceux qui s'y adonnent "sont des cochons" (Le Pèse-nefs, 1925). Moral, parce qu'Artaud ne dit pas le disant, ou pas encore, ce qu'on croit ou veut croire (anticipant), que c'est ça qu'il faut qu'elle soit en effet, l'écriture : "de la cochonnerie". Ni ça qu'il faut, en effet, qu'ils soient, ceux qui écrivent : des "cochons". Il dit juste qu'écrire, l'écriture sont une cochonnerie; et ceux qui s'y adonnent des cochons.

Il changera donc, qui dira plus tard que c'est ça en effet qu'il faut que l'écriture soit, ni plus ni moins : une cochonnerie (convenant par là que c'est ce qu'est devenue la sienne, entre-temps). Cochonnerie, c'est-à-dire : qu'écrire et qui écrit aient "le sale en propre", ni plus ni moins (principe cette fois de toute littérature à venir, et leçon). Tout le sale : des linges (familiaux), du sexe (de la reproduction des noms), des affaires (de la propriété des biens), de l'argent (de l'exploitation des corps), des microbes ( de la syphilis en ces temps), des races ( la juive, il n'y en a qu'une alors à "empester" le sang franchement "français"), de la maladie, de la mort même -tout ce qui a droit à "sale" et qui doit ce droit à tout ce qui domine, et à tout ce que hait et exècre ce qui domine. Le sale, soit tout ce qu'un hygiénisme obsessionnel, morbide, s'emploie depuis Pasteur par tous les moyens à repousser partout, toujours, à éradiquer -avoir le sale en propre, c'est avoir l'expérience en propre.

Qu'écrire et qui écrit aient le sale ou l'exécration en propre, ne serait-ce que parce que le sale ou l'exécration est l'autre de chacun, qu'il est l'autre qu'à chacun, pour commencer, et que chacun cache, dont chacun souffre, étouffe à la fin, et meurt.. Que chacun chasse (expurge) partout, chez autrui, auquel il donne toutes les formes et les figures possibles d'autre chose et d'autrui pour n'avoir pas à le chasser de soi, pour n'être pas soi-même ce qu'il faut qu'il chasse - pour n'être pas soi-même rendu ou réduit à l'état de rebut.

N'ignorant pas cependant que le sale, le "crasseux" (Guyotat plus tard), comme le mal, inlassablement, reflue, retourne, revient, déborde, diffuse, qui s'empare des corps, de tous les corps, qui les dessaisit, les désempare, à strictement dire : les dés-organise, portant à la puissance deux "le corps sans organe" qu'annonce, qu'instruit Artaud dans la même conférence (pour en finir avec le jugement de Dieu). A la fin, qui les défait, les défunte, les éteint par abréaction.

Quelque chose comme ce que Bataille aura, en partie, appelé part maudite. La modernité ne les aura pas pour rien associés (Artaud & Bataille) dans les années soixante-dix; en tout cas aura-t-elle eu l'intuition du lien qu'il faut qu'on leur prête : ils auront représenté l'un et l'autre quelque chose d'analogue, en butte à quoi à peu près tout système de représentation reste.

Capitalisme & Djihadisme : une guerre de religion Par Michel Surya partie 2

 &  On peut en dire ceci cependant, et ce sera fait pour constituer une troisième hypothèse, inattendue ou contestable :'capitalisme et djihadisme sont l'un et l'autreune variante du puritanisme'; mieux : ils sont l'un comme l'autre une variante violente d'un même puritanisme à son stade terminal.

&   Puritains, en ceci qu'ils obéissent chacun à une 'passion' (il ne faut pas moins que la passion pour que le puritanisme s'exerce sans reste) : la 'passion ascétique' ( le djihadisme), la 'passion' narcissique' (le capitalisme).

&   Au contraire de ce qu'il semble en effet, le capitalisme est un puritanisme aussi, et violent, dont le commandement est : 'Joui_'. Pas de commandement plus violent, quand on sait que nul ne jouit, au juste, 'a fiotiori' aux conditions du capital.

&  'Jouis', sous=entendu: aux conditions de l'argent dont il dépend de la distribution du capital que chacun juisse ou non, pour son plus grand bénéfice ou pour son plus grand préjudice identificatoire ou narcissique (seul universel occidental manifeste). 'Ce qui demanderait d'établir par la suite l'équivalence stricte de la jouissance et du narcissisme; et de faire même de cette équivalence violente la formle accomplie et doncreligieuse du capital ayant enfin atteint au stade terminal du prutanisme').

&  Son identification au moins. Au plu, sa place dans la distribution inéquitable des jouissances permises par l'argent, par nature frustrantes et par avance toujours déjà perdues.

On notera qu'identification' ( à préférer ici, en revanche, à 'identié', ç quoi il prélude) constitue déjà une jouissance, quand chacun crie après la sienne, sinon déjà perdue du moins comme incessamment menacée.

&  Le commandement de la passion ascétique est : 'Meurs _'

Sous=entendu : aux conditions de Dieu dont il dépend que chacun jouisse de l'éternité, pour le rchat de son existence ( seul universel non=capitaliste fantasmable).

'Pour le rachat de son existence', que l'ascèse seule rachète en effet, qui ne promet la félicité aux fidèles qu'à la condition qu'ils accèdent à la mort par le moyen du martyre.

&  Dans un cas comme dans l'autre, si l'on va vite, que chacun ressuscite : ici bas sans relâche (la politique comme religion); au=delà  une fois pour toutes ( la religion comme politique).

&  Jouis est un commandement à peine moindre que 'Meurs', qui ne parait pas d'ailleurs qu'à peine moins comminatoire. Par lequel le salut des uns n'est pas davantage assuré que le narcissisme des autres est rassasié. Lesquels, par principe, leur échappe. Qui ne satisfont qu'à ceux qui leur commandent.



mardi 30 juillet 2024

Le monde diplomatique du mois d'Aout

 La grande désillusion politique

 par Bruno Amable.

extraits


'Racistes, réactionnaires, le corpus d'idées auquel elles ( les catégories populaires) adhèrent ainsi n'est plus vraiment problématiques. Et les menées de M. Macron pour intégrer des groupes sociaux conservateurs au bloc bourgeois n'y sontpas pour rien : de son éloge de Pétain, à l'expérimentation de l'uniforme à l'école ou à l'interdiction de l'abaya, de la tentative de faire passer grâce au vote du RN la loi sur l'immigration  la 'plus ferme depuis ces trente dernières années' selon le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, à la répression brutale de tous les mouvements sociaux, des 'gilets jaunes'aux révoltes des banlieues de 2023.'


'Certains, du côté du PS, des Ecologistes et du PCF peuvent éprouver la tentation de concevoir une version 'de gauche' de la stratégie du bloc bourgeois. Mais elle demeure illusoire en raison des contradictions entre la poursuite d'une politique économique orthodoxe et les principales attentes des groupes sociaux traditionnellement de gauche. Le soutien à l'Ukraine impliquerait une hausse des dépenses militaires qui, combinée avec les investissements dans la trasition énergétique demandés par une fraction du peuple de gauche, rendrait encore plus difficile le maintien du niveau de dépenses sociales dans le cadre budgétaires imposé par les traités européens, alorsmême que les groupes sociaux venant de la droite ne manqueraient pas de réclamer des baisses d'impôts. Car conserver une orientation néolibérale amènera nécessairement à rechercher un soutien du côté du bloc de droite.

Ainsi, toute recherche de l'apaisement sous la forme d'une alliance de la gauche d'accompagnement, des forces macronistes et de la droite échouera à agréger un bloc dominant susceptible de lui fournir en retour un soutie durable. La comparaison avec la situation allemande présente certes des limites mais peut se révéler instructive. dans un contesste institutionnel qui implique la formation de coalitions, qlors que les partis ont l'habitude de ce genre de configuration, avec une gauche radicale divisée et considérablement affaiblie, l'alliance entre le parti social=démocrate (SPD), les Verts et le parti Libéral=démocrate (FPD), éprouve les plus grandes difficultés à définir une ligne politique cohérente et même tout simplement à s'entendre sur un budget. Les sondages montrent que la situation profite non seulement  aux conservateurs de l'Union chrétienne=démocrate d'Allemagne (CDU) et de l'Union chrétienne=sociale en Bavière (CSU°, mais aussi à l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AFD). On peut donc anticiper ce que donnerait en France une coalition des partis  dits 'républicains', allant du PCF à LR, et quelle force politique profiterait le plus de la situation.'

Le monde diplomatique du mois d'Aout

 Le mirage de l'apaisement   par  Benoit Bréville


Depuis que M. Emmanuel Macron a décrété la dissolution de l'assemblée nationale, les esprits s'échauffent. Des élus sont agressés, des permanences saccagées, des militants tabassés. Les menaces pullulent sur les réseaux sociaux, les dirigeants politiques s'investivent. Dans les médias, journalistes et commentateurs s'inquiètent d'une flambée de violence politique qui embraserait tout l'Occident, à commencer par les Etats=Unis où M Donald Trump vient d'échapper à une tentative d'assassinat = comme avant lui le premier ministre slovaque Robert Fico et l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro.

Face à ce climat, une solution transpartisane semble se dégager 'l'apaisement'. Il reviendrait aux dirigeants politiques de calmer les débats, d'atténuer les clivages, de refroidir les passions. Car comment imaginer une société de la quiétude dès lors qu'au sommet du pouvoir on multiplie les outrances? Le président Emmanuel Macron appelle donc les parlementaires à retrouver 'le sens de la concorde et de l'apaisement, afin de 'bâtir des compromis avec sérénité et respect de chacun'. Le socialiste Boris Vallaud 'plaide pour l'apaisement plus que pour la radicalité'. Même le Rassemblement National se proclame'parti de l'apaisement'. Tout recalcitrant se voit immédiatement tancé. Quand l'insoumise Sophia Chirikou compare le 'hollandisme' à des punaises de lit, sa partenaire écologiste Marine Tondelier la reprend : 'On doit montrer l'exemple. Parce qu'il y a une violence qui monte dans la société et que nous, on doit être là pour protéger, réparer, et pour apaiser'. Et lorsque les Verts refusent de serrer lamain d'un député d'extrême droite, la remontrance vient plutôt de la droite : 'En démocratie, il faut respecter son adversaire. le pays a besoin d'apaisement', chapitre M. Philippe Juvin (les Républicains). Les frontières de la bienséance dépendent de qui les fixe.

Un peu de recul historique fait apparaitre fort chimérique le projet d'un parlement assagi, réglant courtoisement ses divergences pour donner l'exemple au reste du pays. Les noms d'oiseaux ont toujours volé au Palais Bourbon, de toutes parts, et  à toutes les époques. Analphabète, servile, idiot, salaud, chien couchant, bandit, menteur, judas, traitre, assassin, filou, aussaire, dégonflard, Tino Rossi, valet, vendu, sous=Badinguet, abruti, gâteux, gland de potence...La période contemporaine se distingue d'abord par sa moindre inventivité. Comme l'a montré l'historien Thomas Bouchet, les moments  de crise favorisent les affrontements verbaux et le chahut dans l'Hémicycle = la 'bordélisation' du Parlement, comme on dit aujourd'hui = ; avec des députés qui font claquer leurs pupitres, hurlent leurs désaccords et parfois même chantent à tue=tête. La crise boulangiste, l'affaire Dreyfus, les lendemains de la première guerre mondiale, l'arrivée au pouvoir du Front Populaire, les grèves de 1947, la loi sur l'avortement...Les tensions et les clivages qui traversent le pays rejaillissent sur la vie démocratique, non l'inverse, et l'apaisement' n'est pas un point de départ, mais le résultat potentiel des politiques qui s'attaqueraient à ces fractures. 'On dit d'un fleuve emportant tout qu'il est violent. Mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent', écrivait Bertolt Brecht.

Or, ces derniers temps, les motifs de mécontentement ne manquent pas. La situation sociale n'en finit pas de se détériorer, les réformes impopulaires s'enchainent, les manifestations sont ignorées, quand elles ne sont pas réprimées. Et les élections, qui se résument pour beaucoup à un choix par défaut, ne paraissent plus permettre de rien changer, avec un camp présidentiel discrédité, défait dans les urnes, mais qui s'accroche au pouvoir à coups de manoeuvres politiciennes et de stratagèmes institutionnels. Faut=il dès lors s'étonner du durcissement  des antagonismes, et d'une conflictualité toujours plus aigue?

lundi 29 juillet 2024

Capitalisme & Djihadisme : une guerre de religion par Michel Surya partie 1

 &   Faire, pour commencer, l'hypothèse que deux représentations, ou deux systèmes, ou les représentations de deux systèmes s'opposent : le capitalisme d'un côté, le djihadisme de l'autre. Hypothèse dont on déduira alors ( déduction minimale) que c'est la prémière réelle opposition mondiale (dans un monde en effet se mondialisant) depuis la chute du mur de Berlin et la fin du communisme historique ( la fin d'un monde encore grandement provincialisé).


&   Il y aurait donc, selon cette hypothèse, d'un côté le capitalisme et de l'autre le djihadisme.

Du capitalisme il est de règle de dire qu'il n'est pas  "politique ". Parce qu'il a depuis toujours eu peur qu'on le prenne pour ce qu'il est = une idéologie =, quand il s'emploie à passer pour ce qu'il n'est pas =un état de nature. Du djihadisme, il convient de plus en plus de dsire qu'il est "politique", pour qu'on ne le confonde pas avec l'islam religieux.

De fait, le capitalisme n'a de cesse de ne pas passer pour ce qu'il est, quznd le djihadismen 'a de cesse de passer pour ce qu'il n'est pas; politique pour l'un, religieux pour l'autre.


&    cette double dénégation doit nous amener à en déduire ceci, fait pour tenir lieu de deuxième hypothèse : ils sont l'un et l'autre politiques et religieux, ce qui veut dire qu'on ne différenciera pas dorénavant entre politique et religion =ainsi que le veut la fin du matérialisme historique. Politiques et religieux, ils le seraient donc l'un comme l'autre, et c'est radicalement qu'ils ne le seraient pas moins l'un que l'autre ("et"et "comme" ne cherchent pas ici ni dans la suite à désigner une identité, intenable, tout au plus une possible identification perverse de l'un à l'autre.


&   On ne se demanderait sans doute pas autant pourquoi est apparu l'islamisme politique radical (le djihadisme) si l'on admettait que le capitalisme a lui=même atteint au stade religieux du radicalisme politique (exactement, depuis la chute du mur de Berlin et la fin du communisme). Et que c'est en tant que le capitalisme est ce radicalisme religieux qu'est né de lui, contre lui ( peu importe à ce stade) ce radicalisme antagonique qu'est l'islam politique radical.

Un premier indice : "la fin de l'histoire" (Francis Fukuyama) était un énoncé téléologique, pour le moins, théologique ensuite, apocalyptique pour finir, qu'on a, à tort, pris de haut. A tort : il énonçait sans ambages de quelle victoire le capitalisme se prévalait alors. Une victoire dont c'est toute téléologie, toute théologie et tout apocalyptisme qui ne pouvaient pas manquer de s'inspirer pour re=naitre. Dont le théo=téléo=apocalyptisme islamiste (le djihadisme) est en effet né.


&   Sur ce que le capitalisme et le djihadisme ont en commun de politique =ou d'opposé, puisque c'est la même chose de ce point de vue (une première méprise consiste en effet à ne voir que ce qui les oppose, qui n'est certes pas négligeable, pas ce qu'ils ont en commun) =, il n'y a à peu près rien à dire que nous ne sachions. Il y a par contre beaucoup à dire, et qu'on ne dit pas,  sur ce qu'ils ont en commun de religieux = à moins qu'il ne faille faire des religions actuelles l'équivalent des idéologies passées, et des politiques actuelles l'équivalent de l'idéologie et de la religion passées (deuxième méprise).


&  (Je précise, I : le capitalisme ne vaut pas ici pour "la démocratie" dont il procède par aberration et à laquelle il échappe de part en part; 2 : la religion ne vaut pas ici pour la mystique, qui s'en excepte avec superbe, un peu à la façon dont il arrive que l'amour s'excepte de la reproduction).

samedi 27 juillet 2024

Alexandre Marius Jacob

 



JACOB Alexandre, Marius [dit Georges, Escande, Férau, Jean Concorde, Attila, Barrabas] [Dictionnaire des anarchistes]

Par Jean-Marc Delpech


Né le 28 septembre 1879 à Marseille, mort le 28 août 1954 à Reuilly (Indre), fils de Joseph (ouvrier boulanger) et de Marie Berthou ; anarchiste illégaliste ; bagnard ; marchand forain.

Alexandre Jacob (1905)

Le 28 août 1954, Alexandre Jacob rédigea sa dernière lettre. Il la destina à son amante qui n’ignorait rien du suicide à venir. Quelques jours plus tard, l’article « Un homme » du Canard enchaîné dressait du défunt un portrait presque hagiographique. Défense de l’Homme, par l’entremise de Pierre-Valentin Berthier* et de Robert Passas, fit l’éloge de celui que le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français qualifiait en 1972 de « dernier des grands voleurs anarchistes ». Alexandre Jacob cumule les comparaisons, notamment avec Arsène Lupin. Il ne fut pourtant ni le gentleman cambrioleur né de l’imagination d’un romancier bourgeois et normand en mal de reconnaissance littéraire, ni même un nouveau Mandrin du XIXe siècle, insécure et finissant, et encore moins un autre Papillon tentant la belle 17 fois au bagne des îles du Salut, revenu de l’enfer guyanais et reniant à la fin de sa vie les principes de sa jeunesse. Tous ces clichés dissimulent mal une authentique figure de l’anarchisme, « un cas témoin » de l’illégalisme dont Alain Sergent fut le premier en 1950 à narrer les faits et gestes dans Un anarchiste de la Belle Époque.


La vie d’Alexandre Jacob est entièrement vouée à la cause libertaire. À 11 ans, le « minot » marseillais, certificat d’études en poche, suivit l’exemple paternel et s’engagea comme mousse. « J’ai vu le monde, déclara-t-il lors de son procès à Amiens en 1905, et il n’est pas beau. » Jacob abandonna la navigation et fréquenta de plus en plus les cercles anarchistes de la métropole des Bouches-du-Rhône. En 1897, la période des attentats était terminée depuis trois ans. La hantise de la marmite à renversement perdurait pourtant. À l’occasion du voyage présidentiel de Félix Faure dans le Midi, la police arrêta deux jeunes apprentis chimistes et lecteurs assidus de L’Indicateur anarchiste, brochure que leur avait remise le provocateur Lecca. À sa sortie de prison, la police marseillaise ne lâcha plus Alexandre Jacob. Le jeune homme peina à trouver un emploi stable.


Le vol du mont de piété de Marseille, le 31 mars 1899, marqua son entrée dans la famille des illégalistes. Arrêté quelque temps plus tard à Toulon, Jacob simula la folie pour éviter cinq ans de réclusion. Le 19 avril 1900, il s’évada de l’asile Montperrin à Aix-en-Provence avec la complicité de l’infirmier Royère. Dès lors, Alexandre Jacob organisa sa reprise individuelle. À Sète, chez Ernest Saurel*, ancien compagnon de Caserio*, il mit au point la première brigade des Travailleurs de la nuit.


La bande de voleurs agit au nom de l’anarchie. Mais, à la différence des propagandistes par le fait, le sang ne devait pas couler, sauf pour défendre sa liberté. Centralisation oblige, les Travailleurs se fixèrent à Paris. Ils utilisèrent le train pour cambrioler en province et à l’étranger (Belgique, Allemagne, Italie, etc.). Le principe d’un pourcentage reversé aux organisations anarchistes fut vite remis en question par certains membres de la bande. Mais nombre de compagnons dans le besoin, des journaux comme Le Libertaire de Sébastien Faure* ou Germinal à Amiens bénéficièrent amplement des largesses de Jacob.


Les quelque 150 cambriolages que la police lui attribua défrayèrent d’autant plus la chronique qu’il sut joindre l’ingéniosité à la raillerie. De temps à autre, des billets furent laissés chez les victimes (militaires, curés, notaires, rentiers, nobles) dépitées : « Dieu des voleurs, recherche les voleurs de ceux qui en ont volé d’autres » (Rouen, église Saint-Sever, 14 février 1901) ; « Au juge de paix, nous déclarons la guerre » (Le Mans, vol Hulot, 9 juin 1901). Paris, 6 octobre 1901, 76, rue Quincampoix : le bijoutier Bourdin rentrait chez lui et découvrit un logement vide. Alexandre Jacob, Honoré Bonnefoy et Jules Clarenson* étaient passés par l’appartement du dessus. Jules Dassin reprit la scène du fameux cambriolage en 1955 dans son film Du rififi chez les hommes : un trou dans le plancher, un parapluie dans le trou pour éviter le bruit de la chute des gravats. Le vol fut estimé à plus de 120 000 francs.


L’entreprise délictueuse, fondée sur des mouvements rapides, semblait pérenne. Elle connut toutefois de nombreux accrocs. À Orléans, le 27 février 1901, Jacob manqua de se faire prendre et tira sur l’agent Couillot pour protéger sa fuite. Son ami et complice Royère fut arrêté. Ferrand et Vaillant tombèrent à Nevers au début de l’année 1903, Clarenson à Monte-Carlo un an plus tôt. Le 22 avril 1903, Alexandre Jacob, Félix Bour* et Léon Pélissard* furent arrêtés dans des circonstances dramatiques : un cambriolage avorté à Abbeville, une fuite précipitée dans la campagne picarde, une rixe sanglante et mortelle avec deux policiers à la gare de Pont-Rémy et une battue qui aboutit, par ricochet, au démantèlement complet d’une bande estimée à plus de quarante personnes.


Selon l’expression du juge Hatté, chargé d’une instruction qui dura près de deux ans, « on est en pleine anarchie ». Les 23 coaccusés ne professaient pourtant pas tous des principes libertaires. Mais cela justifia un procès sous haute surveillance militaire et une ville, Amiens, en état de siège. La presse nationale et quelques journaux étrangers se complurent à dresser les crimes des « quarante voleurs » de « la bande sinistre » du 8 au 22 mars 1905. Alexandre Jacob se saisit de l’occasion pour passer de la propagande par le vol à celle par la parole. Il se révéla rhéteur et parvint à développer toute une théorie illégaliste : « Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. » Ses discours firent mouche et l’homme étonna par sa verve, sa truculence et ses réparties caustiques visant tout à la fois juges et victimes : « Madame était à son château pendant que je suis entré chez elle, c’est toujours des malheureux que j’ai dévalisés ! » Il se lança surtout dans de longs monologues justifiant et légitimant ses cambriolages. « La propriété, c’est le vol », écrivait Proudhon* en 1848.


"Messieurs les jurés,

J’ai cambriolé beaucoup de prêtres. Chez tous, j’ai trouvé un coffre-fort, et quelques fois plusieurs. Ils ne renfermaient pas des harengs saurs, je vous prie de le croire ! S’ils contenaient quelque hectogrammes de pains à cacheter, ils contenaient aussi de fortes sommes que des imbéciles envoyaient à Dieu et que les portes-soutanes gardaient. Les églises ne sont que des entreprises commerciales. Ce sont des appels incessants au gousset. Et voilà les charlatans qui osent m’appeler voleur et qui m’accusent. Mais je suis bon prince. Je ne leur en veux pas. Je leur donne ma bénédiction. Ainsi soit-il. […]

Vous savez qui je suis : un révolté vivant du produit de ses cambriolages. De plus, j’ai incendié plusieurs hôtels et défendu ma liberté contre les agents du pouvoir.

J’ai mis à nu mon existence de lutte ; je la soumets comme un problème à vos intelligences. Ne reconnaissant à personne le droit de me juger, je n’implore ni pardon, ni indulgence. Disposez de moi comme vous l’entendrez ; envoyez moi au bagne ou à l’échafaud, peu m’importe. " "La propriété c’est le vol "écrivait Proudhon en 1848" …


« J’ai préféré être voleur que volé », rajoute Jacob cinquante-sept ans plus tard.


La sentence de la justice amiénoise tomba sans surprise le 22 mars 1905 : les travaux forcés à perpétuité.


« J’ai cessé cette lutte du fait de mon arrestation mais je l’ai reprise au bagne sous une autre forme et par d’autres moyens », écrivit Alexandre Jacob à Jean Maitron en 1948. Le matricule 34777 débarqua aux îles du Salut le 13 janvier 1906. Se considérant comme « un prisonnier de guerre sociale », il adopta dès le départ l’attitude caractéristique des anarchistes internés au bagne. Son opposition à l’Administration pénitentiaire lui valut de nombreux passages devant la commission disciplinaire. Il fut également jugé sept fois par le Tribunal maritime spécial de Saint-Laurent-du-Maroni pour meurtre (celui du forçat Capelletti en 1908), évasion et tentative d’évasion. Il dut subir quelque trois années de réclusion dans les cachots de l’île Saint-Joseph. Malgré l’épuisement physique, Jacob parvint à survivre : « Aujourd’hui j’ai regagné deux kilos. Il est vrai que j’avais mes chaussettes. Je pèse 39 kilos. J’en pesais 65 il y a un an » (lettre à Marie Jacob, 2 février 1911). De nombreuses fois, le matricule 34777 tenta de se soustraire à la surveillance de ses geôliers.


Il entretint une correspondance salvatrice avec sa mère qui, à Paris, maintint et créa des réseaux de solidarité. Par le biais des époux Aron (Romanitza, artiste, et André, avocat), elle réussit à intéresser les milieux politiques et gouvernementaux (Pierre Laval, Anatole de Monzie) au sort de son fils. Dans le contexte de critique généralisée du bagne faisant suite aux articles d’Albert Londres en 1923, Francis Million, du Peuple, et Louis Roubaud, du Quotidien, lancèrent dans leurs journaux une campagne en faveur de la libération de Jacob. Elle réunit en février-mars 1925 de nombreux témoignages de soutien : Albert Londres, le docteur Louis Rousseau, l’ancien Travailleur de la nuit Jacques Sautarel*, le gestionnaire des îles du Salut Alric, etc. Le 14 juillet de cette année-là, une grâce présidentielle ordonna le rapatriement de Jacob en métropole. Sa peine venait d’être commuée en cinq ans de réclusion à purger en France.


Après un passage par Saint-Nazaire, Rennes et Melun, Alexandre Jacob se retrouva à la prison centrale de Fresnes. Il fut finalement libéré le 31 décembre 1927. Il travailla immédiatement comme chef d’atelier pour le compte du magasin Le Printemps à Paris, mais opta en 1931 pour le commerce ambulant.


Il s’installa en 1935 dans l’Yonne puis à Reuilly, dans le Berry, en 1939. Entre-temps, en 1930, il participa activement à l’élaboration du livre du docteur Louis Rousseau, Un médecin au bagne. Il fréquenta assidûment les néo-malthusiens, Eugène et Jeanne Humbert*, ainsi que certains pacifistes comme Louis Louvet*. En 1936, il partit pour l’Espagne libertaire et républicaine en guerre avant de retrouver ses amis Pierre-Valentin Berthier*, Louis Briselance* et Bernard Bouquerau sur les marchés du Val de Loire. Le commerce de bonneterie de Marius était florissant.


Mais la Seconde Guerre mondiale vint ruiner cette petite aisance financière. Marie Jacob décéda en 1941 ; Paulette, la femme du vieux marchand forain, en 1950. Jacob pensa dès lors de plus en plus au suicide, refusant l’idée de dépendance et préférant « mourir en bonne santé » en « faisant la nique à toutes ces infirmités qui guettent la vieillesse. Elles sont là, ces salopes, prêtes à me dévorer. Bien peu pour moi. J’ai vécu, je puis mourir » (lettre à Guy Denizeau, 17 août 1954). La biographie que lui consacra Alain Sergent, ancien collaborateur reconverti dans l’écriture, en 1950 provoqua la rencontre et l’amitié avec un jeune instituteur drômois : Robert Passas. Josette, la femme de ce dernier, à qui Jacob venait de déclarer sa flamme, passa un mois chez lui. Quelques jours après le départ de son amante, il mit son projet à exécution. Alexandre le voleur, Jacob le bagnard, Marius le forain mourut le 28 août 1954.


vendredi 26 juillet 2024

Capitalisme et Djihadisme : une guerre de religion par Michel Surya

 Notice editoriale

Des evenements se sont succédés dont les conséquences nous obligent à penser la situation qu'ils ont déterminé:

1/ les attentats de Paris, après ceux de Toulouse et Bruxelles, avant celui de Copenhague- d'autres, inévitablement à venir;

2/ La réponse sécuritaire que le gouvernement français est résolu d'opposer à leur récidive (au nom des libertés, au prix de celles-ci);

3/ La réponse idéologique qu'il leur objecte: l'union nationale, à laquelle la tentation semble grande en lui de réduire tout ce qui lui reste de politique;

4/ L'ascension irrésistible - de l'extrême droite française (des extremes droites européennes avec elle), attirant à elle (presque) toutes les droites et une large majorité de l'électorat (populaire, y compris de gauche);

5/ Le surenchérissement d'un séquençage identitaire jouant en tous sens, opposant entre eux des groupes se constituant en communautés: de quoi il résulte une forte augmentation du nombre des actes et propos racistes et antisémites. ETC.

Situation d'autant plus préoccupante qu'elle prend appui sur ce que la France et l'Europe connaissent interminablement de la crise (économique et sociale), et de la défaillance ou de l'indifférence des gauches ( de gouvernement ou de majorité) à y répondre (qui la secondent au contraire et l'aggravent).

La question de départ doit être décisive en cela : oui ou non la situation est-elle nouvelle? Ou n'est-elle que la même, aggravée? Change-t-elle de nature ou seulement de degré? Quel sens, quelle pertinence, etc. ont les évocations du passé (les années trente)? Comment ne pas s'étonner surtout (un parti pris s'impose) de ce qu'ont pu dire beaucoup de ceux pour qui, à gauche de la gauche, chez les anticapitalistes précisèment, la situation ne serait pas nouvelle, mais la même, et pour qui les attentats - peut-être parce qu'ils ne veulent voir dans ceux-ci que les attentats "français" - témoigneraient d'un malaise (au sens emphatisé de Freud) que la seule interprétation sociologique suffirait encore à circonvenir; malaise qu'expliqueraient -séquelles du colonialisme raciste - les effets de la relégation et de la ségrégation des classes pauvres et immigrées (ou d'origine). Tous points justes, mais qui ont déjà été servis et dont l'efficacité n'a pas été avérée.

Surtout, à les lire, à les entendre, une césure opérante a semblé se dégager  : ce serait selon que le capitalisme est premier ou second dans l'analyse que s'établiraient les pensées et se distribueraient les déclarations. Ce qu'on peut dire autrement : soit l'anticapitalisme est premier, et il n'y aurait de moyen de penser cette situation - même dans ce qu'elle aurait de nouveau ou d'inédit - que comme l'un des symptômes dont seul son renversement viendrait à bout; soit cette situation témoigne d'autre chose qui ne menace pas davantage le capitalisme que l'anticapitalisme qui conspire à le renverser ( de ce point de vue, l'analogie avec les années trente serait plausible).

La difficulté qu'on n'a alors vu presque personne aborder: les rapports de puissance ne sont-ils pas en train de changer au point que penser selon les termes des puissances respectives du capitalisme et de son opposition ne suffit plus. Une autre puissance émerge qui ravage des territoires entiers, y répandant la terreur (terreur qui n'atteint encore l'Europe qu'épisodiquement), qui n'est sans aucun doute pas moins hostile à l'anticapitalisme qu'au capitalisme lui-même. De là que l'étau se resserre : plus de gauche ou presque, où que ce soit; un plébiscite au contraire pour un libéralismle sans fard ni frein; une extrême droite, comme on pouvait le craindre depuis longtemps, à l'affût et aux portes du pouvoir; et, enfin, le déferlement d'un archaisme historique qu'on ne voit pas à quoi comparer sinon à une variante du fascisme - l'opposition dominante serait dès lors celle-ci: d'un néo-fascisme djihadiste et d'un ancien fascisme européen.

Que penser donc de cette situation nouvelle?

jeudi 25 juillet 2024

Introduction aux prochains articles. Par M.A

 Michel Surya s est lancé il y a quelques années maintenant dans la description de cette société où la très grande majorité se débat pour tenter de garder la tête hors de l'eau. 

Dans une série d'ouvrages dont je vais vous donner les titres ci-dessous, il décrit la politique (décor creux de cinéma), l'extrême droite (épouvantail à électeurs et d'un barrage républicain qui n'existe pas en fait), les trahisons des uns des autres (les plus virulents défenseurs du système en place comme pour justifier leur récente adhésion), la soumission de tous (devant un système que l'on nous impose comme étant le seul ou pour le moins le moins pire et par faineantisme intellectuelle, le meilleur . Le moins pire n'étant pas, loin de là, le meilleur mais qui nous laisse sans le courage d'envisager autre chose, de chercher d'autres alternatives ou de construire carrément un autre système qui demanderait des investissements personnels pour un avenir collectif solidaire. En fait, tenter de détruire cette construction individualiste qui nous isole les uns des autres, pointe de faux coupables désignés et imposés par les dominants et, de fait, protège ceux qui dominent. 


Ses ouvrages très courts sont denses mais extrêmement compréhensibles.

 

Il y a dans le refus de certains de ne pas les lire, soit de maintenir pour leur compte personnel ce système (compagne électorale, professionnalisation des mandats, courses au siège, compromissions et calculs divers etc, soit la peur de constater l'ampleur de ce qu'il y a à renverser  


Dans les articles qui vont suivre, je vais retranscrire l integralite du n 6, "capitalisme et djihadisme: guerre de religion" afin de tenter de vous donner envie de lire cette série d ouvrages.


 Puis ensuite, je vous reparlerai encore de ce qui m'a incité à appeler ainsi un groupe sur Facebook : "principes pour une littérature qui empeste".


Titre De la série : "de la domination"


1/ le capital, la transparence et les affaires 


2/ De l'argent : La ruine de la politique.


3/ Portraits de l'intellectuel en animal de compagnie


4/ Portraits de l'intermittent du spectacle en supplétif de la domination.


5/ Les singes de leur idéal.


6/ Capitalisme et Djihadisme : guerre de religion

dimanche 14 juillet 2024

Olivet. Par Michel Surya

 "...le malheur la fit jouir si elle jouit jamais c est sur elle qu un jour je sentirai "que le malheur sent" que le malheur a une odeur et que c est la sienne rencontrer celui dont j enduis la nuit le cul et qu elle dut caresser qui sait si elle n y prit pas le plaisir qu on prend enfant  à ce qui dégoûte fut son miracle noir son destin domestique sa nuit elle avait donc eu raison de souffrir autant et si tôt ce n aurait pas été  en vain il lui fallait le rang des bêtes et il le lui fit il y a souvent de ces épousailles dont ne sont jamais nés que des monstres ou des fous les enfants sont le sacrifice qu appellent des noces aussi obscènes leur obscénité en fit mourir d'eux il n a tenu qu à leur âge sans doute de n en pas faire mourir davantage.."

mercredi 3 juillet 2024

Réflexion d'entre deux tours. Par M. A.

  Le vote RN est dit-on Le symptôme de grave colère de la part des français.

D election en élection les résultats progressent, le danger se fait de plus en plus réel, et, à chaque fois, il est demandé à tous de faire l'effort de faire un "barrage" soi-disant "républicain".

Première réflexion: si le Rn est considéré comme un parti non républicain le jour des élections et que le reste du temps il est considéré comme un parti respectable, quand dit on la vérité?

2e réflexion: Si donc ce vote est l'expression d'une colère, si la volonté de tous les politiques est de mettre un terme définitif aux dangers de l'extreme-droite en France, Il faudrait peut-être répondre à leurs peurs.

Troisième Réflexion: Le probleme du vote des gens de gauche vers l extreme droute est du a toutes les trahisons de la gauche qui n a jamais mis en place les politiques qu elle annoncait lors des campagnes. Jamais !

Quatrieme reflexion: aujourd hui, est elle en mesure de faire ce qu elle annonce, c est a diire une rupture radicale avec l'Europe liberale, rompre tous les acvords de libre echange et la question fondamentale: est on encore libre d avoir une reelle politique nationale sans subir les regles et sanctions des differentes institutions europeennes? A t on la possibilite de survivre si on rompt avec tous?


Et si non, jusqu ou sommes nous capables d aller pour obtenir ce que nous voulons


De toutes les manieres, le Rn n est pas la solution ni la reponse a toutes ces questions


mardi 2 juillet 2024

Formation de Pierre Guyotat

a propos des gens du voyage:


"Mais comment peuvent ils voler autant, enfants, bébés et s'enfuir avec des véhicules aussi lents? C'est à ce moment et par eux, les bohémiens, qu'à la suite de ce que je sais de la  résistance de l'esprit dans les camps de la mort, je comprends la force de la liberté: il y a donc une limite à l'exercice de la loi, c'est la force de la parole et regard humains. Il y a donc des gens sur cette terre qui en imposent aux représentants de la loi. Etant éduqué dans le respect de la loi, plus encore de la loi divine, je ne me ressens alors déjà aucun droit, pas même celui de vivre, dans un temps où l'autorité parentale est totale, où aucune des représentations superficielles à venir des droits de l'enfant n'est à l'oeuvre, où, si l'on s'efforce partout de choyer les enfants de la guerre, un enfant n'existe encore et toujours que pour ses parents. Ce droit je le conquiers alors, dans le doute, la culpabilité et l'angoisse.

Ces gens, qui sortent, pour la plupart, des camps, que tout condamne et affaiblit, leurs coutumes, les pratiques qu'on leur prête, la précarité de leur existence, leur domicile roulant, leur langue inconnue, leurs métiers de musique et de paille, en imposent. On peut résister à la loi sur sa seule existence, par la seule affirmation de sa présence sur un lieu, même mobile. Ce peuple qui ne connait pas vraiment son origine, ces enfants qui paraissent n'appartenir à personne et leur liberté de gestes et d'action vis=à=vis de leurs adultes, comment ne pas en avoir le coeur qui bat de plus en plus fort à mesure que sorti du jardin de ma gran=mère, et de ses goûters frugaux mais très ordonnés, je marche et m'approche dans le chemin qui mène à l'emplacement du campement?

Que des mains se tendent au bout pour me prendre, et me voici revenir, l'année prochaine, ans leur troupe et méconnaissable, faire des cabrioles, jouer du violon et danser, et ayant déjà, moi, des enfants, devant les miens qui ne me reconnaissent plus.

C'est de Dieu père et fils que je descends et non de mon ascendance terrestre. De ce que je ressens de plus profond et qui me fait venir les larmes aux yeux quand je suis seul avec ma flûte, c'est pour cette origine aérienne."