Les anarchistes individualistes
« C’est idiot – lui
écrivait-il- que ceux qui ont compris soient forcés d’attendre que la masse des
crétins qui barrent la route, aient évolué. Le troupeau sera toujours le
troupeau. Laissons-le donc piétiner sur place, et travaillons à notre propre
émancipation.
Mets tes vieilles rengaines au
rancart. Nous en avons assez de toujours nous sacrifier pour quelque chose. La
patrie, la société, la morale sont par terre…C’est très bien, mais ne
contribuez pas à nous ressusciter des entités nouvelles : l’idée, la
révolution, la propagande, la solidarité, nous nous en foutons. Ce que nous
voulons, c’est vivre, avoir nos aises et le bien-être auxquels nous avons
droit. Ce que nous voulons réaliser, c’est le développement de notre individualité
en tous les sens, en toute son intégralité…
L’individu a droit à tout le
bien-être possible, et ce bien-être il doit chercher à la réaliser à chaque
instant, par n’importe quels moyens. »
Marius
Jacob : « Je ne crois pas que l’illégalisme puisse affranchir
l’individu dans la société présente. Si, par ce moyen, il réussit à
s’affranchir de quelques servitudes, l’inégalité de la lutte lui en suscite
d’autres encore plus lourdes, avec au bout la perte de la liberté, de la mince
liberté dont il jouissait et, parfois, de la vie. Au fond, l’illégalisme
considéré comme acte de révolte est plutôt affaire de tempérament que de
doctrine. C’est pourquoi il ne peut être d’aucun effet éducatif sur l’ensemble
des masses laborieuses. J’entends d’un bon effet éducatif. »
Libertad : « J’ai
connu autrefois un pauvre diable qui ne pouvant faire autre chose que le métier
de vidangeur s’était embauché dans la corporation. Il sentait mauvais quand on
s’approchait de lui, mais, voyez-vous, je préférerais encore sentir la m…que
sentir un policier ! Le métier de policier est dégoûtant. Je ne puis
comprendre qu’il y ait des hommes assez vils pour faire un si sale
métier. »
Victor
Serge : « Na pas attendre la révolution. Les prometteurs de
révolutions sont des farceurs comme les autres. Faire sa révolution soi-même.
Etre des hommes libres, vivre en camaraderie…De là partirent naturellement bien
des déviations. »
André Girard dans les Temps
Nouveaux : « Il se peut que les agresseurs de Caby aient
professé ou professent des opinions anarchistes, il se peut même qu’ils
prétendent – comme d’autres, d’ailleurs, en ce qui concerne par exemple la
fausse monnaie, la cambriolage, etc – rattacher leur acte à la conception
anarchiste. Pour nous, non seulement une pareille prétention repose sur un
sophisme, mais encore nous dirons qu’au moment où ils ont commis cet acte, ils
ont cessé d’être anarchistes. De tels actes n’ont rien d’anarchiste, ce sont
des actes purement et simplement bourgeois…La fraude, le vol, le meurtre
bourgeois s’opèrent à la faveur des lois bourgeoises ; la fraude, le vol,
le meurtre prétendus anarchistes s’opèrent en dehors et à l’encontre d’elles.
Il n’est pas d’autre différence. Et si les bourgeois, dans l’application de
leurs principes d’individualisme égoiste, sont des bandits, les soi-disant
anarchistes qui suivent les mêmes principes deviennent, par ce fait, des
bourgeois et sont aussi des bandits. Bandits illégaux, peut-être, mais bandits
quand même et également bourgeois. »
G.
Hervé : « Tous ceux-là, nous les revendiquons – malgré les
réserves que nous pouvons faire sur l’utilité de leurs gestes – comme nous
aurions revendiqué Bonnet et Garnier faisant payer à Clémenceau les massacres
des nôtres à Villeneuve-Saint-Georges ou à Briand et Rothschild l’étranglement
crapuleux de la grève des cheminots. Mais Bonnot et Garnier tuant froidement
des chauffeurs et des employés de banque à 150 F par mois pour s’offrir des
billets de mille, ah ! Non ! Ils sont à vous, Messieurs les
détrousseurs et les massacreurs du Maroc ! Gardez-les ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire