mardi 23 février 2021

Le mouvement anarchiste des origines à 1914 de Jean Maitron

 

Les  anarchistes individualistes

 

« C’est idiot – lui écrivait-il- que ceux qui ont compris soient forcés d’attendre que la masse des crétins qui barrent la route, aient évolué. Le troupeau sera toujours le troupeau. Laissons-le donc piétiner sur place, et travaillons à notre propre émancipation.

Mets tes vieilles rengaines au rancart. Nous en avons assez de toujours nous sacrifier pour quelque chose. La patrie, la société, la morale sont par terre…C’est très bien, mais ne contribuez pas à nous ressusciter des entités nouvelles : l’idée, la révolution, la propagande, la solidarité, nous nous en foutons. Ce que nous voulons, c’est vivre, avoir nos aises et le bien-être auxquels nous avons droit. Ce que nous voulons réaliser, c’est le développement de notre individualité en tous les sens, en toute son intégralité…

L’individu a droit à tout le bien-être possible, et ce bien-être il doit chercher à la réaliser à chaque instant, par n’importe quels moyens. »

 

Marius Jacob : « Je ne crois pas que l’illégalisme puisse affranchir l’individu dans la société présente. Si, par ce moyen, il réussit à s’affranchir de quelques servitudes, l’inégalité de la lutte lui en suscite d’autres encore plus lourdes, avec au bout la perte de la liberté, de la mince liberté dont il jouissait et, parfois, de la vie. Au fond, l’illégalisme considéré comme acte de révolte est plutôt affaire de tempérament que de doctrine. C’est pourquoi il ne peut être d’aucun effet éducatif sur l’ensemble des masses laborieuses. J’entends d’un bon effet éducatif. »

 

Libertad : « J’ai connu autrefois un pauvre diable qui ne pouvant faire autre chose que le métier de vidangeur s’était embauché dans la corporation. Il sentait mauvais quand on s’approchait de lui, mais, voyez-vous, je préférerais encore sentir la m…que sentir un policier ! Le métier de policier est dégoûtant. Je ne puis comprendre qu’il y ait des hommes assez vils pour faire un si sale métier. »

 

Victor Serge : « Na pas attendre la révolution. Les prometteurs de révolutions sont des farceurs comme les autres. Faire sa révolution soi-même. Etre des hommes libres, vivre en camaraderie…De là partirent naturellement bien des déviations. »

 

André Girard dans les Temps Nouveaux : « Il se peut que les agresseurs de Caby aient professé ou professent des opinions anarchistes, il se peut même qu’ils prétendent – comme d’autres, d’ailleurs, en ce qui concerne par exemple la fausse monnaie, la cambriolage, etc – rattacher leur acte à la conception anarchiste. Pour nous, non seulement une pareille prétention repose sur un sophisme, mais encore nous dirons qu’au moment où ils ont commis cet acte, ils ont cessé d’être anarchistes. De tels actes n’ont rien d’anarchiste, ce sont des actes purement et simplement bourgeois…La fraude, le vol, le meurtre bourgeois s’opèrent à la faveur des lois bourgeoises ; la fraude, le vol, le meurtre prétendus anarchistes s’opèrent en dehors et à l’encontre d’elles. Il n’est pas d’autre différence. Et si les bourgeois, dans l’application de leurs principes d’individualisme égoiste, sont des bandits, les soi-disant anarchistes qui suivent les mêmes principes deviennent, par ce fait, des bourgeois et sont aussi des bandits. Bandits illégaux, peut-être, mais bandits quand même et également bourgeois. »

 

G. Hervé : « Tous ceux-là, nous les revendiquons – malgré les réserves que nous pouvons faire sur l’utilité de leurs gestes – comme nous aurions revendiqué Bonnet et Garnier faisant payer à Clémenceau les massacres des nôtres à Villeneuve-Saint-Georges ou à Briand et Rothschild l’étranglement crapuleux de la grève des cheminots. Mais Bonnot et Garnier tuant froidement des chauffeurs et des employés de banque à 150 F par mois pour s’offrir des billets de mille, ah ! Non ! Ils sont à vous, Messieurs les détrousseurs et les massacreurs du Maroc ! Gardez-les ! »

 

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