mardi 18 avril 2023

A tout ceux M.A.

Je dédie ce texte cette pensée cette diatribe à ceux tout ceux qui sont campés sur leurs positions qui pensent que penser c'est une bonne fois pour tout que rien ne change que si la pensée évolue c'est qu'elle se pervertit c'est que l'on a changé de camp nous ne sommes plus sur le droit chemin


Depuis que la littérature est entrée sur mon blog il y a eu  qui continuent à regarder à lire à se curiotiser sa modeste vie se cultiver découvrir et apprécier

il y a ceux qui ne veulent plus venir car peur de changer peur de ne pas changer peur de ne plus penser que penser est une pensée qui n'est pas rectiligne comme la route qui nous mène à la mort à la sclérose à la mort à la mort de la culture de la pensée politique artistique poétique


La littérature l'art la politique la révolte pour le peu de révolution  c'est ceux qui écrivent qui pensent se réunissent rient ensemble rient seul luttent tombent aiment à en mourir mourir pour ne jamais être vieux dans la tête mourir car la déception peut à tout moment nous prendre les meilleurs et nous laisser les pires

les pires sont là ils sont sur les plateaux dans nos télés à nous dire que tout va bien que travailler plus en fait ce n'est pas travailler plus que les riches seront toujours plus riches pendant que les pauvres crèveront de diabète de cancers ou de cirrhoses merci pour eux pour eux qui se moquent qui nous méprisent qui ne se cachent plus qui ont leurs télés leurs clowns  et tous ceux qui tapent des mains pour nous distraire de l'important de l'urgent qui nous détournent de la vérité  la seule vérité l'unique


c'est que la révolution, le peu de révolution c'est l'homme l'unique homme sur la terre à côté autour ceux que l'on n'aime pas ceux qui nous déteste parce que différent parce qu'on leur a appris comme ça parce que personne ne pense qu'il peut être facile de rire et d'aimer aimer aimer à en faire société société c'est à dire aimer à vouloir secourir aider porter guider


A oser dire que le faible n'est faible parce que moi-même je suis faible je suis faible car dans ce monde les forts ceux qui s'autodéterminent forts dénoncent pointent du doigts et décident ceux qui sont faibles

Nous sommes à genoux face à des nains où est notre faiblesse là dedans ?


Je vous invite tous à continuer à venir me voir me lire découvrir vibrer vivre aimer s'aérer et rêver  rêver avant de créer 

dimanche 16 avril 2023

Les premiers mots. De Bernard Noël

 " Vous auriez vite découvert qu’on n’écrit pas pour se souvenir, mais pour jouer avec l’oubli."



"Vous auriez également découvert que l’écriture relève davantage de l’absence que de la présence, et que c’est d’ailleurs ce décalage qui ouvre en elle une fêlure propice au plaisir, ou au tourment d’écrire." 




samedi 15 avril 2023

Qui fait la soupe doit la manger Louis Auguste Blanqui

 La richesse naît de l'intelligence et du travail, l'âme et la vie de l'humanité. Mais ces deux forces ne peuvent agir qu'à l'aide d'un élément passif, le sol, qu'elles mettent en oeuvre par leurs efforts combinés. Il semble donc que cet instrument indispensable devrait appartenir à tous les hommes. Il n'en est rien.

Des individus se sont emparés par ruse ou par violence de la terre commune, et, s'en déclarant les possesseurs, ils ont établi par des lois qu'elle serait à jamais leur été, et que ce droit de propriété deviendrait la base de la constitution sociale, c'est-à-dire qu'il primerait et au besoin pourrait absorber tous les droits humains, même celui de vivre, s'il avait le malheur de se trouver en conflit avec le privilège du petit nombre.

Ce droit de propriété s'est étendu, par déduction logique, du sol à d'autres instruments, produits accumulés du travail, désignés par le nom générique de capitaux. Or, comme les capitaux, stériles d'eux-mêmes, ne fructifient que par la main-d'oeuvre, et que, d'un autre côté, ils sont nécessairement la matière première ouvrée par les forces sociales, la majorité, exclue de leur possession, se trouve condamnée aux travaux forcés, au profit de la minorité possédante. Les instruments ni les fruits du travail n'appartiennent pas aux travailleurs, mais aux oisifs. Les branches gourmandes absorbent la sève de l'arbre, au détriment des rameaux fertiles. Les frelons dévorent le miel créé par les abeilles.

Tel est notre ordre social, fondé par la conquête, qui a divisé les populations en vainqueurs et en vaincus. La conséquence logique d'une telle organisation, c'est l'esclavage. Il ne s'est pas fait attendre. En effet, le sol ne tirant sa valeur que de la culture, les privilégies ont conclu, du droit de posséder le sol, celui de posséder aussi le bétail humain qui le féconde. Ils l'ont considéré d'abord comme le complément de leur domaine, puis, en dernière analyse, comme une propriété personnelle, indépendante du sol.

Cependant le principe d'égalité, gravé au fond du coeur, et qui conspire, avec les siècles, à détruire, sous toutes ses formes, l'exploitation de l'homme par l'homme, porta le premier coup au droit sacrilège de propriété, en brisant l'esclavage domestique. Le privilège dut se réduire à posséder les hommes, non plus à titre de meuble, mais d'immeuble annexe et inséparable de l'immeuble territorial.

Au XVIème siècle, une recrudescence meurtrière de l'oppression amène l'esclavage des noirs, et aujourd'hui encore les habitants d'une terre réputée française possèdent des hommes au même titre que des habits et des chevaux. Il y a du reste moins de différence qu'il ne paraît d'abord entre l'état social des colonies et le nôtre. Ce n'est pas après dix-huit siècles de guerre entre le privilège et égalité que le pays, théâtre et champion principal de cette lutte, pourrait supporter l'esclavage dans sa nudité brutale. Mais le fait existe sans le nom, et le droit de propriété, pour être plus hypocrite à Paris qu'à la Martinique, n'y est ni moins intraitable, ni moins oppresseur.

La servitude, en effet, ne consiste pas seulement à être la chose de l'homme ou le serf de la glèbe. Celui-là n'est pas libre qui, privé des instruments de travail, demeure à la merci des privilégiés qui en sont détenteurs. C'est cet état qui alimente la révolte. Pour conjurer le péril, on essaie de réconcilier Caïn avec Abel. De la nécessité du capital comme instrument de travail, on s'évertue à conclure la communauté d'intérêts, et par la suite la solidarité entre le capitaliste et le travailleur. Que de phrases artistement brodées sur ce canevas fraternel ! La brebis n'est tondue que pour le bien de sa santé. Elle redoit des remerciements. Nos Esculapes savent dorer la pilule.

Ces homélies trouvent encore des dupes, mais peu. Chaque jour fait plus vive la lumière sur cette prétendue association du parasite et de sa victime. Les faits ont leur éloquence; ils prouvent le duel, le duel à mort entre le revenu et le salaire. Qui succombera ? Question de justice et de bon sens. Examinons.

Point de société sans travail ! partant point d'oisifs qui n'aient besoin des travailleurs. Mais quel besoin les travailleurs ont-ils des oisifs ? Le capital n'est-il productif entre leurs mains, qu'à la condition de ne pas leur appartenir ? Je suppose que le prolétariat, désertant en masse, aille porter ses pénates et ses labeurs dans quelque lointain parage. Mourrait-il par hasard de l'absence de ses maîtres ? La société nouvelle ne pourrait-elle se constituer qu'en créant des seigneurs du sol et du capital, en livrant à une caste d'oisifs la possession de tous les instruments de travail ? N'y a-t-il de mécanisme social possible que cette division de propriétaires et de salariés ?

En revanche, combien serait curieuse à voir la mine de nos fiers suzerains, abandonnés par leurs esclaves ! Que faire de leurs palais, de leurs ateliers, de leurs champs déserts ? Mourir de faim au milieu de ces richesses, ou mettre habit bas, prendre la pioche et suer humblement à leur tour sur quelque lopin de terre. Combien en cultiveraient-ils à eux tous ? J'imagine que ces messieurs seraient au large dans une sous-préfecture.

Mais un peuple de trente-deux millions d'âmes ne se retire plus sur le Mont Aventin. Prenons donc l'hypothèse inverse, plus réalisable. Un beau matin, les oisifs, nouveaux Bias, évacuent le sol de France, qui reste aux mains laborieuses. jour de bonheur et de triomphe ! Quel immense soulagement pour tant de millions de poitrines, débarrassées du poids qui les écrase ! Comme cette multitude respire à plein poumon ! Citoyens, entonnez en choeur le cantique de la délivrance!

Axiome : la nation s'appauvrit de la perte d'un travailleur ; elle s'enrichit de celle d'un oisif. La mort d'un riche est un bienfait.

Oui ! Le droit de propriété décline. Les esprits généreux prophétisent et appellent sa chute. Le principe essénien de Réalité le mine lentement depuis dix-huit siècles par l'abolition successive des servitudes qui formaient les assises de sa puissance. Il disparaîtra un jour avec les derniers privilèges qui lui servent de refuge et de réduit. Le présent et le passé nous garantissent ce dénouement. Car l'humanité n'est jamais stationnaire. Elle avance ou recule. Sa marche progressive la conduit à l'égalité. Sa marche rétrograde remonte, par tous les degrés du privilège, jusqu'à l'esclavage personnel, dernier mot du droit de la propriété. Avant d'en retourner là, certes, la civilisation européenne aurait péri Mais par quel cataclysme ? Une invasion russe ? C'est le Nord, au contraire, qui sera lui-même envahi par le principe d'égalité que les Français mènent à la conquête des nations. L'avenir n'est pas douteux.

Disons tout de suite que l'égalité n'est pas le partage agaire. Le morcellement infini du sol ne changerait rien, dans le fond, au droit de propriété. La richesse provenant de la possession des instruments de travail plutôt que du travail lui-même, le génie de l'exploitation, resté debout, saurait bientôt, par la reconstruction des grandes fortunes, restaurer l'inégalité sociale.

L'association, substituée à la propriêté individuelle, fondera seule le règne de la justice par l'égalité. De là cette ardeur croissante des hommes d'avenir à dégager et mettre en lumière les éléments de l'association. Peut-être apporterons-nous aussi notre contingent à l'oeuvre commune.

Avis au peuple ( le toast de Londres) 25.2.1851

 Quel écueil menace la révolution de demain ?

L'écueil où s'est brisée celle d'hier : la déplorable popularité de bourgeois déguisés en tribuns.

Ledru-Rollin, Louis Blanc, Crémieux, Lamartine, Garnier-Pagès, Dupont de l'Eure, Flocon, Albert, Arago, Marrast !

Liste funèbre ! Noms sinistres, écrits en caractères sanglants sur tous les pavés de l'Europe démocratique.

C'est le gouvernement provisoire qui a tué la Révolution. C'est sur sa tête que doit retomber la responsabilité de tous les désastres, le sang de tant de milliers de victimes.

La réaction n'a fait que son métier en égorgeant la démocratie.

Le crime est aux traîtres que le peuple confiant avait acceptés pour guides et qui l'ont livré à la réaction.

Misérable gouvernement ! Malgré les cris et les prières, il lance l'impôt des 45 centimes qui soulève les campagnes désespérées, il maintient les états-majors royalistes, la magistrature royaliste, les lois royalistes. Trahison !

Il court sus aux ouvriers de Paris ; le 15 avril, il emprisonne ceux de Limoges, il mitraille ceux de Rouen le 27 ; il déchaîne tous leurs bourreaux, il berne et traque tous les sincères républicains. Trahison ! Trahison !

A lui seul, le fardeau terrible de toutes les calamités qui ont presque anéanti la Révolution.

Oh ! Ce sont là de grands coupables et entre tous les plus coupables, ceux en qui le peuple trompé par des phrases de tribun voyait son épée et son bouclier; ceux qu'il proclamait avec enthousiasme, arbitres de son avenir.

Malheur à nous, si, au jour du prochain triomphe populaire, l'indulgence oublieuse des masses laissait monter au pouvoir un de ces hommes qui ont forfait à leur mandat ! Une seconde fois, c'en serait fait de la Révolution.

Que les travailleurs aient sans cesse devant les yeux cette liste de noms maudits ! Et si un seul apparaissait jamais dans un gouvernement sorti de l'insurrection, qu'ils crient tous, d'une voix : trahison !

Discours, sermons, programmes ne seraient encore que piperies et mensonges ; les mêmes jongleurs ne reviendraient que pour exécuter le même tour, avec la même gibecière ; ils formeraient le premier anneau d'une chaîne nouvelle de réaction plus furieuse !

Sur eux, anathème, s'ils osaient jamais reparaître !

Honte et pitié sur la foule imbécile qui retomberait encore dans leurs filets !

Ce n'est pas assez que les escamoteurs de Février soient à jamais repoussés de l'Hôtel de Ville, il faut se prémunir contre de nouveaux traîtres.

Traîtres seraient les gouvernements qui, élevés sur les pavois prolétaires, ne feraient pas opérer à l'instant même :

1° - Le désarmement des gardes bourgeoises.

2° - L'armement et l'organisation en milice nationale de tous les ouvriers.

Sans doute, il est bien d'autres mesures indispensables, mais elles sortiraient naturellement de ce premier acte qui est la garantie préalable, l'unique gage de sécurité pour le peuple.

Il ne doit pas rester un fusil aux mains de la bourgeoisie. Hors de là, point de salut.

Les doctrines diverses qui se disputent aujourd'hui les sympathies des masses, pourront un jour réaliser leurs promesses d'amélioration et de bien-être, mais à la condition de ne pas abandonner la proie pour l'ombre.

Les armes et l'organisation, voilà l'élément décisif de progrès, le moyen sérieux d'en finir avec la misère.

Qui a du fer, a du pain.

On se prosterne devant les baïonnettes, on balaye les cohues désarmées. La France hérissée de travailleurs en armes, c'est l'avènement du socialisme.

En présence des prolétaires armés, obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra.

Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours.

Que le peuple choisisse !

dimanche 9 avril 2023

Les premiers mots" de Bernard Noël

 

Il expliquera que, de toute façon, nous sommes en train de mourir. Il nous montrera la paix du déjà mort. Je veux que ce déjà nous fasse rire du haut de notre pas encore.

 

Vous retournez mon miroir. Vous nous condamnez à l’immobilité, nous qui pourtant connaissons encore l’attente. Vous ne pensez pas que sa haine des miroirs avait quelque chose de très puritain. Je crois que c’était chez lui une vieille histoire. Il doutait de son apparence. Il ne se trouvait pas beau. Il craignait d’être confronté à une réalité qu’il lui était suffisamment pénible d’imaginer sans devoir, en plus, la contempler. Il avait cru comprendre, étant enfant, qu’il était laid, et qu’à cause de cela sa mère ne pouvait pas l’aimer. Il n’essayait de se faire aimer que pour vaincre, en chaque femme, l’image de sa mère.

 

Je vous demande pardon. Je pense à lui encore. Je trouve que les morts sont égoïstes : ils nous laissent aux prises avec leur absence, et il nous faut en plus nous débrouiller pour trouver une explication à leur départ. Je l’entends hurler : La vie manque de réalité.

 

Vous ne pouvez savoir qu’il m’a fait à peu près la même scène : Tu devrais avaler un couteau à ouvrir les mots, disait-il. Tu saurais peut-être enfin qu’ils sont vides. Tu comprendrais que le vide ne peut véhiculer que le vide, et que ce n’est pas la peine d’aller baver du vide sur ma tombe.

 

 

Je suppose que nous échappons de temps en temps au raisonnable, et que c’est alors seulement que nous tombons parfois dans le vrai

samedi 8 avril 2023

Les premiers mots de Bernard Noël

 "je lui ai entendu dire que l'oubli n'était pas ce que l'on croyait, qu'il ne s'agissait pas de bien se faire oublier, mais d'accéder à l'oubli par la voix dure, qui consiste à laisser flotter son nom dans la langue, mais vide de tout visage, impersonnel, anonyme. Vous imaginez qu'u jour, en vous-même, il aura accédé à cet oubli".


"je ne saurai jamais si sa mort fut pour lui ce qu'elle est pour moi. J'ai senti, parfois, que je ne pourrais mourir par excès de vie, en offrant à la vie ce sacrifice excessif: oui, je l'ai senti physiquement, au plus profond de mon corps".


"Qu'est ce que la logique, c'est la pensée qui se vomit"

mardi 4 avril 2023

La pornographie. Texte de Bernard Noël

 Il y a les faits et leur lecture. 

Leur lecture est changeante, 

et c’est cela qu’on appelle l’histoire : 

je l’ai déjà dit. Ce changement qui fait trembler les souvenirs dans la mémoire, j’en observe les effets avec méfiance, mais écrivant, je ne me souviens pas : j’écris. 

Les lettres qui suivent s’éclairent l’une l’autre : elles ont paru dans la revue Digraphe au début de cette année 1985. 

Entre la mémoire, qui leur sert de terrain, et l’écriture, il y a un rapport offensif. 

Je ne sais trop comment aborder ce rapport. 

Je ne sais trop parce qu’il m’échappe à l’instant même où, le percevant, il me paraît capital.

 L’écriture est ce qui isole. 

L’écriture est ce qui rend public. 

Entre l’isolement et le public, la liaison est du genre de celle qu’on voit entre opposition et majorité : une liaison qui ne serait pas dévoyée par le goût du pouvoir. 

L’écriture s’oppose à ce qui la porte en public, et cependant elle appelle ce public – cette publication. 

Devenue publique, l’écriture n’appartient plus à l’écriture. 

Elle se rappelle à elle-même à travers son lecteur. 

La publication conteste l’écriture, mais c’est en la poussant vers l’audelà de sa limite. 

L’écriture conteste la publication, qui la ramène à son effacement, à son oubli. 

Ce jeu d’opposition, j’y sens l’aube d’une règle, qui changerait la situation sociale par une véritable alternance. 

L’opposition n’est pas une guerre : elle est une exigence. 

Cette exigence est pareille au mouvement de l’altérité, qui fait de l’autre mon opposé et mon semblable. 

L’écriture s’oppose à l’agressivité malade, à la prise du pouvoir, à la totalité triomphante parce qu’elle ne vit qu’en se remettant en jeu. 

L’opposition est cette relance, qui fait que rien ne sera jamais acquis.

Elle rature en nous le mouvement de la mort qui toujours voudrait couvrir le mouvement de la vie.