mardi 26 novembre 2024

L'outrage aux mots de Bernard Noël

 Texte : Monsieur le Premier ministre,


Que, tous les jours, vous bradiez les restes du socialisme, peu nous importe car de Mollet à Mitterand et de Mitterand à Jospin la vieille charogne pue depuis trop longtemps. Liquidez la au plus vite, cela diminuera la pollution. Que vous trahissiez vos promesses et n'ayez à votre actif que le record absolu des privatisations, c'est après tout l'affaire de vos électeurs. Il faut croire qu'après eux votre hypocrisie fait des miracles d'illusion. Que vous invoquiez les droits de l'homme pour laisser massacrer les Kosovars sous l'abri de vos frappes, puis ces mêmes massacres pour flatter vos interventions humanitaires, voilà un tour de passe-passe meurtrier qui - hélas ! - nous concerne tous. Vous avez si bien conduit la banalisation de l'injustice sociale qu'il n'est pas étonnant de vous voir jouer du dégraissage ethnique pour justifier vos dégâts collatéraux et vos troupes d'occupation. Il ne vous restait plus qu'à salir  notre culture. C'est fait avec l'utilisation des noms de Baudelaire et de Rimbaud pour désigner quelques manœuvres de vos mercenaires. Baudelaire, en son temps, a craché sur la France, celle qui est toujours la vôtre, et nous lui prêtons volontiers nos bouches vivantes afin qu'il continue. Quand à Rimbaud, il a fait de la poésie une arme qui détruit déjà votre avenir. Nous ne pouvons pas grand-chose contre votre présent, mais l'avenir sait forcèment qui vous êtes : il disqualifie à jamais vos actes cependant que les poètes futurs crachent sur votre tombe : pour eux, vous n'avez plus d'autre identité que d'avoir en 1999, insulté Baudelaire et Rimbaud.

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