samedi 13 juin 2020

Eugène Varlin Ouvrieur-Relieur Partie 2




« « Chers camarades, « La chambre syndicale des ouvriers cordonniers de Paris, en présence de l’insuffisance et de la baisse continue des salaires, a pris les décisions suivantes : « Reconnaissant qu’une grève est devenue urgente et nécessaire, vu l’augmentation continuelle des prix de location et des premiers besoins de la vie, convoque les ouvriers de la profession pour statuer sur cette décision. « Quoique la grève ait été repoussée en principe dans le Syndicat, elle est acceptée comme moyen transitoire ; acceptons-la pour équilibrer nos façons, qui ne permettent plus à l’ouvrier cordonnier de vivre honorablement. « Nous sommes en droit d’exiger la juste répartition de nos salaires, c’est un droit que nul ne peut contester ; en conséquence, le devoir nous impose de nous servir de l’arme que nous possédons pour alléger notre triste situation… »

«9 avril 1869 Aux électeurs de 1869
Citoyens, Le moment est venu où le parti démocratique et socialiste doit s’affirmer. L’époque des élections approche ; nous allons être appelés de nouveau à élire les mandataires qui doivent nous représenter. Ne suivons plus les errements d’autrefois. Au lieu de se rallier à des candidats qui ne se recommandent à ses suffrages que par une notoriété plus ou moins établie, le peuple souverain doit lui-même faire son programme, dresser la liste des réformes dont il a besoin, et ensuite choisir parmi les citoyens ceux qui lui paraissent le plus aptes à exprimer sa volonté. En principe absolu, les mandataires devraient toujours être révocables, à tout instant, dès qu’ils ne remplissent pas leurs engagements ; mais, en présence des difficultés actuelles, nous devons demander, tout au moins, qu’ils se tiennent constamment en relation avec leurs mandants, et que, chaque année, ils viennent se retremper dans le suffrage universel. Il n’y a pas de temps à perdre.
 Il faut que tous les groupes de socialistes formulent leur programme au plus vite, et qu’ils se fassent les  concessions nécessaires, afin qu’une entente puisse s’établir pour arrêter un programme commun. Quant à nous, voici les réformes que nous croyons urgentes :
1. Suppression des armées permanentes : armement de tous les citoyens.
2. Suppression du budget des cultes ; séparation de l’Église et de l’État : liberté de discussion religieuse et philosophique.
3. Réforme générale de la législation ; élection de la magistrature, temporairement et par le suffrage universel ; établissement du jury pour les affaires civiles et criminelles.
4. Instruction laïque et intégrale, obligatoire pour tous, et à la charge de la nation ; indemnité alimentaire à tous les enfants pendant la durée des études.
5. Suppression des privilèges attachés aux grades universitaires.
6. Liberté d’association.
7. Liberté de réunion sans restriction.
8. Liberté de la presse, de l’imprimerie et de la librairie ; abolition du timbre et du cautionnement.
 9. La liberté individuelle garantie par la responsabilité effective et permanente de tous les fonctionnaires, quel que soit leur rang.
10. Établissement de l’impôt progressif ; suppression de tous les impôts indirects, octrois ou autres.
11. Liquidation de la dette publique.
12. Expropriation de toutes les compagnies financières et appropriation par la nation, pour les transformer en services publics, de la banque, des canaux, chemins de fer, roulages, assurances, mines.
13. Les communes, les départements et les colonies affranchis de toute tutelle pour ce qui concerne leurs intérêts locaux et administrés par des mandataires librement élus. »

«5 mai 1869 Paris, le 5 mai 1869 Mon cher Cluseret, Je vous envoie en quelques mots la pensée des signataires du programme sur la question de la liquidation de la dette publique et de l’établissement de l’impôt progressif. Nous voulons la liquidation de la dette ; nous ne voulons pas transmettre aux générations futures des intérêts à payer pour les uns et des rentes à recevoir pour les autres, c’est-à-dire l’inégalité sociale. Quant au moyen, cela est secondaire pour nous ; nous aurions pu en indiquer plusieurs, au besoin. Par exemple : on peut, en supprimant l’héritage, rendre la rente viagère, la payer aux porteurs actuels de titre, de cette façon on ne pour[r]ait pas nous reprocher de spolier les rares travailleurs qui se sont privés pour s’assurer l’existence de leurs vieux jours, et la dette s’éteindrait assez promptement. On peut encore, et c’est là le moyen auquel on paraît se rallier, reconnaissant que l’intérêt du capital est injuste, déclarer qu’à partir de ce jour, la rente sera considérée comme annuité de remboursement ; il nous faudrait dans ce cas 33 ans pour opérer la liquidation, c’est long. Un moyen qui me paraîtrait pour quant à moi plus équitable, plus expéditif et plus commode serait le remboursement immédiat au moyen de papier  monnaie ayant cours forcé ; les porteurs ne seraient nullement laisés [lésés] puisqu’ils seraient payés de juste. On pourraît [pourrait] amortir ce papier en un certain nombre d’années, ce qui reviendrait à peu près à la même chose, pour nous que le précédent moyen, avec cet avantage que les porteurs n’auraient rien à dire ; de plus cette mon[n] aie entre leurs mains serait une tentation perpétuelle à la dépense, à moins qu’ils n’essayent de prêter, ce qui, sur la grande abondance de monnaie ferait tomber à presque rien l’intérêt en même temps que la tendance à la dépense ferait augmenter le prix du travail, ce qui produirait pour les porteurs une véritable liquidation. Maintenant il est possible, il est probable même, que si la liquidation se fait à la suite d’une commotion violente, elle consistera en la suppression pure et simple du Grand Livre ; dans ce cas quelques indemnités pourront être accordées aux porteurs âgés, qui auraient réellement compté sur la rente pour vivre leurs derniers jours. Mais avant d’en arriver là, il est bon de prévenir les bourgeois que le peuple ne veut pas payer éternellement la rente, et qu’il y a lieu de liquider à l’amiable si l’on veut éviter une banqueroute. Pour l’impôt progressif, nous trouverions juste que chaque citoyen contribua [contribuât] pour une part égale dans les charges de l’État, frais généraux de la nation, si chaque citoyen possédait une part égale de la richesse naturelle ou de celles créées et accumulées par les générations antérieures et qui doivent constituer une propriété collective. Comme il n’en est point ainsi, nous devons tendre à égaliser les positions en faisant peser l’impôt très lourdement sur les citoyens trop bien partagés et en dégrevant ceux qui le sont mal. Voici par des chiffres comment nous comprenons l’établissement de l’impôt progressif :
Je suppose que la population de la France soit de 40 millions d’habitants, la richesse générale de 80 milliards et le budget à fournir chaque année de 2 milliards. L’impôt serait d’un quarantième du capital soit 2 ½ % et chaque individu devrait posséder 2 000 frs. Selon nous, chaque individu possédant sa part, soit 2 000 frs, devrait payer à raison de 2 ½ %. Tous ceux qui possèdent moins mais plus de 1 000 paieraient à raison de 1 % et ceux ayant moins de 1 000 frs ne paieraient rien. Pour combler le déficit, ceux possédant plus paieraient en augmentant progressivement, pour 10 000 fr, 3 %, 20 000 frs, 4 %, 50 000 frs, 5 %, 100 000 frs 6 % et ainsi de suite de telle sorte que tous les avantages des grosses propriétés soient absorbés par l’impôt et même qu’à un certain chiffre l’impôt dépasse le revenu fourni par la propriété et force le propriétaire à s’en débarrasser.
Tout à vous E. Varlin »

« Une violente répression par l’armée, le 16 juin, contre les mineurs du bassin de Saint-Étienne, a fait à La Ricamarie 13 morts, dont deux femmes et un bébé. »

« Je dois vous dire que, pour nous, la révolution politique et la révolution sociale s’enchaînent et ne peuvent pas aller l’une sans l’autre. Seule, la révolution politique ne serait rien ; mais nous sentons bien, par toutes les circonstances auxquelles nous nous heurtons, qu’il nous sera impossible d’organiser la révolution sociale tant que nous vivrons sous un gouvernement aussi arbitraire que celui sous lequel nous vivons. »

« L’association internationale soutient les grèves, parce que, actuellement, c’est le seul moyen pratique pour les travailleurs de défendre leur pain quotidien. L’association internationale n’a pas pour but d’organiser les travailleurs en vue de soutenir une lutte permanente contre les détenteurs des capitaux. Elle vise plus haut. Elle se propose de réaliser l’affranchissement complet du travail, en amenant les travailleurs à la possession de l’outillage social et des éléments naturels indispensables à la production. Loin de vouloir organiser la guerre, elle a la prétention d’établir la fraternité entre les hommes sans distinction de race, de couleur et de croyance ; et ce qui embête surtout nos gouvernants c’est de voir chaque jour ces tendances prendre corps et de penser que bientôt il ne leur sera plus possible de faire se ruer leurs peuples les uns contre les autres pour la satisfaction de leur orgueil et de leurs intérêts économiques. »

«  À ceux qui seraient désireux de quitter l’ancien monde, où les populations se sentent à l’étroit, pour venir au-delà des mers dans ce pays où un homme est un homme s’il veut travailler et où le plus pauvre peut jouir du fruit de son travail, je suis chargé d’adresser une cordiale invitation. Je leur dirai : Vous trouverez des frères prêts à vous tendre la main. Nous ne vous demandons qu’une chose : de venir à nous en amis pour nous aider dans la revendication de nos droits, et de ne pas vous associer aux projets de ces hommes qui, sous le spécieux prétexte de servir vos intérêts, combattent de toutes leurs forces vos meilleurs et vos plus vrais amis, les trade-unionistes d’Amérique. L’établissement d’un bureau d’émigration sous le double contrôle de American labor Union et de l’Association internationale des travailleurs, qui serait chargé de donner constamment des renseignements authentiques, pourrait produire, selon moi, le plus heureux résultat ; et je suis assuré que toute proposition venant de vous à cet effet serait cordialement appuyée par notre comité exécutif. » Le président Jung a remercié, au nom du Congrès, les sociétés américaines et le citoyen Cameron en particulier, de leur demande fraternelle et bienveillante, et leur a assuré qu’ils pouvaient compter désormais sur le concours des travailleurs européens. »

« 14 octobre 1869 Les délégués des Sociétés ouvrières, réunis pour conclure un pacte fédératif, protestent de toute leur énergie contre les actes sanglants commis sur les travailleurs des mines d’Aubin. En présence de pareils attentats contre la vie et le droit du peuple, nous déclarons qu’il nous est impossible de vivre sous un régime social où le capital répond à des manifestations parfois turbulentes, mais toujours justes, par la fusillade. Les travailleurs savent ce qu’ils ont à espérer de cette caste, qui n’a exterminé l’aristocratie que pour hériter de ses injustes prétentions. Était-ce pour arriver à ce résultat que le peuple scella de son sang la proclamation des droits de l’homme ? Les faits accomplis nous autorisent à affirmer de nouveau que le peuple ne peut attendre que de ses propres efforts le triomphe de la justice. »

« 31 octobre 1869 Grève et résistance La grève, la résistance du travail contre le capital, est la grande préoccupation du moment pour tous les travailleurs. De tous côtés, dans toutes les professions, dans tous les pays, les grèves surgissent dans des propositions démesurées. Que veut dire ce mouvement ? Où nous conduit-il ? Les travailleurs qui, depuis quelques années, se sont groupés, ont créé des sociétés de solidarité, de résistance, des chambres syndicales, et pour organiser la revendication du prolétariat moderne, font de suprêmes efforts pour conseiller, guider, et aider ceux qui actuellement se laissent entraîner comme par un courant irrésistible, sans s’être préparés, sans avoir calculé les chances de succès ni réfléchi aux conséquences de leur acte, parviendront-ils à maîtriser cette situation ? En tout cas, les efforts qu’ils y consacrent, prouvent l’importance qu’ils attachent à ce mouvement. Le peuple a soif d’une répartition plus juste de la production générale ; il veut participer aux avantages que la science ait [a] mis au service de l’industrie, et qu’une minorité de la population a accaparé[s] et prétend conserver pour elle seule. En un mot, c’est la question sociale qui s’impose et qui veut être résolue. Est-ce la grève qui doit la résoudre ? Non, tout au moins sous sa forme actuelle. Plus tard nous verrons. Aujourd’hui, en présence de l’acharnement que les détenteurs des capitaux mettent à défendre leurs privilèges, la grève n’est qu’un cercle vicieux, dans lequel nos efforts semblent tourner indéfiniment. Le travailleur demande une augmentation de salaires pour répondre à la cherté créée par la spéculation ; les spéculateurs répondent à l’augmentation du prix de la main-d’œuvre par une nouvelle élévation de la valeur des produits. Et ainsi de suite, les salaires et les produits s’élèvent sans cesse. Pourquoi des ouvriers dévoués, actifs et intelligents, consacrent-ils donc toute leur énergie, toute l’influence qu’ils sont susceptibles d’avoir sur leurs camarades à poursuivre ce mouvement qu’ils savent être sans issue ? C’est que pour eux la question préalable à toute réforme sociale, c’est l’organisation des forces révolutionnaires du travail. Ce n’est pas tant la légère augmentation de salaires, la petite amélioration des conditions du travail qui nous préoccupent dans toutes les grèves qui se produisent, tout cela n’est que secondaire : ce sont des palliatifs bons à obtenir en attendant mieux ; mais le but suprême de nos efforts, c’est le groupement, des travailleurs et leur solidarisation. Jusqu’alors, nous avons été malmenés, exploités à merci parce que nous étions divisés et sans force ; aujourd’hui, on commence à compter avec nous, nous pouvons déjà nous défendre ; c’est l’époque de la résistance. Bientôt quand nous serons tous unis, que nous pourrons nous appuyer les uns sur les autres, alors, comme nous serons les plus nombreux et comme après tout la production tout entière sera le résultat de notre labeur, nous pourrons exiger, en fait comme en droit, la jouissance de la totalité du produit de notre travail, et ce sera justice. Alors les parasites devront disparaître de la surface du globe ; ils devront s’ils veulent vivre, se transformer en producteurs, en hommes utiles… Ce qu’il importe avant tout et par-dessus tout, c’est que les travailleurs soient organisés… Le mouvement est en bonne voie ; dans toutes les branches de l’activité humaine on commence à s’unir. Les ouvriers industriels ne sont plus les seuls à ressentir ce besoin d’organisation. Les employés de commerce d’abord ont suivi notre exemple, que semblent vouloir suivre également les employés, d’administration : télégraphe, postes, chemin de fer, etc. Pour que nous puissions envisager sans crainte l’avenir gros d’orages, il faut que tous les travailleurs se sentent solidaires. »

« 12 décembre 1869 Les ouvriers mégissiers La grève des ouvriers mégissiers entre dans une nouvelle phase. Après avoir été maintenue pendant six semaines avec autant d’héroïsme de la part des grévistes que des sociétés ouvrières qui les ont soutenus, pour mettre fin à cette lutte désastreuse pour tous, la chambre fédérale et la société des ouvriers mégissiers ont décidé d’organiser un vaste atelier de production pour faire travailler le plus grand nombre possible d’ouvriers en attendant qu’on puisse les employer tous. Il n’est point rare d’entendre parler association dans les corporations en grève, et cela se comprend. L’ouvrier habitué à produire pour satisfaire à ses besoins, dès qu’il se trouve réduit à l’inaction par le mauvais vouloir des détenteurs de l’outillage, se révolte moralement contre cet interdit, qui pèse sur son courage et le rend impuissant. Alors, il songe aux moyens de se passer du patron pour travailler, et l’idée de l’association vient tout naturellement à son esprit. Les impossibilités matérielles font que souvent cette idée n’a pas de suite, surtout quand la grève se termine vite ; toutefois bien des associations ont pris leur germe dans la grève et même quelques-unes en sont sorties spontanément. Mais ce qui donne à l’association des ouvriers mégissiers toute l’importance d’un événement social, c’est que, cette fois, il ne s’agit plus d’une association de quelques personnes, comme dans toutes celles qui se sont produites jusqu’à ce jour, cette fois, c’est la corporation tout entière qu’il s’agit de soustraire à l’arbitraire du patronat. Et ce n’est plus par leurs seuls efforts et avec leurs faibles ressources que les mégissiers s’associent, c’est avec le concours de toutes les sociétés ouvrières. L’œuvre des mégissiers n’est pas leur œuvre propre, c’est notre œuvre à tous, à tous les travailleurs. Nous les avons soutenus dans leur grève, nous nous sommes engagés solidairement à ne pas les laisser succomber ; aujourd’hui nous voulons les affranchir et nous les affranchirons. La Chambre fédérale fait appel à tous les travailleurs pour qu’ils souscrivent des petites obligations de un franc afin de réaliser le capital nécessaire aux mégissiers. Nous sommes certains que tous répondront à cet appel et que les fonds seront promptement réalisés. Assez de temps perdu et de sacrifices improductifs ! Un atelier social pouvant contenir 150 ouvriers vient d’être loué, l’installation est commencée, dans quelques jours on pourra y travailler. Les clients visités par les délégués des mégissiers ont promis du travail de suite. Le chômage des autres maisons ou la défectuosité de leurs dernières livraisons assurent le succès de cette entreprise qui débute dans les meilleures conditions. Une des grandes difficultés, pour toutes les associations de production qui se fondent par l’initiative personnelle de quelques-uns, c’est l’insuffisance du capital avec lequel elles commencent leurs opérations, ou le taux exorbitant de l’intérêt qu’elles sont obligées de payer si elles ont recours à l’emprunt. Obligées d’entrer en concurrence avec des maisons bien outillées, bien achalandées, et jouissant d’un crédit sur la place, elles sont forcées souvent de faire des rabais pour obtenir des travaux qu’elles exécutent avec plus de peine, faute de posséder un outillage complet et perfectionné ; de plus elles doivent passer par les fourches caudines des usuriers, pour l’escompte de leurs effets. Ce n’est qu’à force d’énergie, de persévérance et de privations que des associations peuvent réussir dans ces conditions ; souvent, même, elles succombent, malgré tout le dévouement des associés. Ce n’est point ainsi qu’il faut procéder désormais. L’association des mégissiers est le premier jalon d’une voie nouvelle que nous ouvrons aujourd’hui ; que tous nos camarades veuillent bien y réfléchir un peu. Par un effort collectif, en nous privant de un, de deux, de cinq francs, chacun selon nos faibles revenus, nous réalisons immédiatement un capital qui va permettre aux mégissiers de produire dans des conditions supérieures à celles des autres maisons ; outillage aussi complet et aussi perfectionné que possible, et, avec cela, les meilleurs ouvriers de la profession. Et pour le capital, nous ne demandons pas de part dans les bénéfices, de même que les travailleurs n’en réclament pas non plus ; ils se contentent d’un salaire suffisamment rémunérateur. Tous les bénéfices serviront à augmenter l’outillage social jusqu’à ce que tous les membres de la corporation puissent travailler dans les ateliers sociaux. Il est facile de l’entrevoir, c’est toute une révolution dans le mouvement des associations ouvrières. Après les mégissiers, nous pourrons affranchir du patronat, par le même procédé, d’autres corporations, en commençant, bien entendu, par celles qui souffrent le plus de l’état économique actuel. La grève des ouvriers mégissiers, qui nous a coûté de si durs sacrifices aura, au moins, été féconde en résultats. Déjà, elle nous a forcés à constituer cette fédération que nous rêvions depuis si longtemps, et que des réticences mesquines nous avaient empêchés de réaliser jusqu’alors ; aujourd’hui, en nous révélant notre puissance collective, elle ouvre à nos yeux une nouvelle voie d’émancipation. Serrons les rangs ; plus nous serons unis, plus nous serons forts. E. Varlin »



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