Que dit la loi de 1905 sur la division de l'Etat et de l'église?
Il ne doit y avoir aucun pont, aucun lien, aucunes accointances. La religion doit rester dans la sphère privée.
Lorsqu'un présidentiable accepte un repas avec une association cultuelle, il fait entrer la religion dans la politique. Il laisse passer un message clair: "je vais vous entendre".
Mais en sous-entendu, que dit-il aux autres confessions? J'ai fait un choix, j'ai ordonné mes préférences. Eux d'abords, les autres ensuite.
La volonté forcenée de ne pas être considéré "anti" quelque chose pousse les acteurs politiques à se fourvoyer dans des compromis avec les lois mais aussi avec l'égalité de traitement des citoyens en en favorisant certains mais pas d'autres.
Les religions ne laissent apparaître dans leurs discours aucune trace de tolérance vis à vis des autres, vis à vis des différences. Les textes n'évoluent plus, ils sont dans le marbre. Seuls ceux qui les lisent et les interprètent sont différents. L'ambiance générale de la société, les peurs exacerbées par les populismes, font que les angles d'approche de ces textes sont de plus en plus fermés. On entend les prêches des uns et des autres basés sur les différences qui font peurs, et non celles qui nous enrichissent; sur une civilisation qui veut en détruire une autre. Les "valeurs" défendues deviennent les derniers remparts avant la disparition de cette civilisation qui est la nôtre.
Nous ne sommes plus dans la complémentarité, mais dans "le grand remplacement"; nous ne sommes plus dans la "différence nous enrichit" mais la " fin du monde chrétien".
Du fait des différentes entorses à cette fameuse loi: depuis le voyage des Chirac au Vatican, filmé, commenté, comme le voyage d'un chef d'état, non vers un autre chef d'état, celui du Vatican, mais comme un président rendant hommage au gardien des valeurs chrétiennes, en passant par Sarkozy qui rencontre Benoit XVI à Lacan pour y faire ce célèbre discours sur les curés meilleurs enseignants que les instituteurs, les institutions religieuses y ont vu l'invitation à se mêler des problèmes de la société. On les a invité implicitement à peser sur les débats sociétaux. Avec le poids de leurs peurs, de leurs rejets du modernisme qui nous mène insensiblement à la fin de ce monde que l'on connaît. A la fin de cette société dans laquelle on a bien du mal à s'y retrouver.
Alors, nous avons assisté à des scènes hallucinantes: des gens à genoux dans la rue pour prier contre l'avortement, alors qu'ils refusent aux musulmans le droit de le faire aussi faute de mosquées; des gens appelés "veilleurs", mais ils veillent sur la mort de quoi, ils veillent quel cadavre?; des groupes extrêmement fanatiques tel que Civitas qui a eu le droit de devenir un parti politique.
Si nous devions veiller sur quelque chose de mort, il serait temps de veiller sur la loi de la laïcité.
Lorsqu'un candidat critique le fait que cette association a invité untel ou untel et ne l'a pas invité parce que celle ci considère qu'il a la même position que la leader du Front National, il devrait plutôt avoir cette même attitude auprès de tous ceux qui lui font ce même procès. Dans les débats, dans les journaux télévisés...
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