Voilà à quoi me fait penser la "démocratie" du temps de parole des candidats.
Ce n'est absolument à l'égalité du temps de parole mais la programmation à plus ou moins long terme de la disparition des petits candidats.
Il est inévitable, inéluctable que le candidat qui ne court pas tous les plateaux télés ou radios disparaîtra complètement du champ politique.
Nous nous voyons aller doucement vers un système américain bi-parti, pour l'instant tri-parti.
Quels sont les dangers d'un tel raisonnement?
Le danger premier est que devant la déliquescence des partis dits républicains, nous nous retrouvions, à terme avec le parti qui s'en sera le mieux sorti et le Front National. Et que deviendra le "choix" des électeurs: droite extrême ou extrême droite?
Nous devons tous se battre pour que cela ne se produise pas. Hier soir, chez Ruquier, j'ai eu pitié de Philippe Poutou qui a du courir derrière un chrono sans pitié. Mais alors que la journaliste galopait dans la semoule et perdait, volontairement ou involontairement, des secondes précieuses en ne réussissant à poser une question simple, nous avons vu un Poutou regarder une baignoire qui fuit.
Ensuite, il a fallu qu'il parle du terrorisme, de la guerre, du chômage et des réfugiés dans un discours qui ne ressemblait à rien.
Où est le débat démocratique?
Le système électoral, tel qui se profile de plus en plus, va mettre en place les professionnels de la politique. Il n'y aura plus ceux qui parlent de mandats mais des personnes qui vont nous dire à tout bout de champ, "laissez nous faire, nous savons". De là nous nous apercevons qu'ils n'ont plus aucun parti pris avec la réalité de la vie du peuple.
Regardons les candidats et leurs moyens de vivre. Fillion, un domaine; les Le Pen, un domaine; Macron vient de la banque Rotchild, etc.
Une chose évidente que Poutou a répondu à la journaliste lorsqu'elle celle ci, toujours avec la même délicieuse perversité, a posé SA question: "pourquoi les ouvriers et les salariés votent Front National et pas le NPA?"
Depuis Napoléon, les français ont été conditionnés pour vivre un leader, on leur a répété à longueur de journée qu'ils devaient laissé faire ceux qui savent, qu'ils devaient déléguer. Alors que font-ils? Ils délèguent. Comme je le dis depuis des années, il est plus facile de laisser faire les autres et, ensuite, de pleurer et de geindre que de ne rien déléguer et de prendre en main sa vie. Parce que ça demande de l'investissement, du temps, de la patience. Il faut des assemblées, des réunions, des prises de décisions.
Pourtant, dans l'Espagne en pleine guerre civile, le peuple espagnol a mis en place la collectivisation. Et ça a marché. Pas de leaders mais un peuple investit, heureux et solidaire. Et ça a marché. Lorsque Franco a pris le pouvoir et que les gros propriétaires ont repris leurs biens, jamais ils n'avaient été aussi rentables, jamais les terres pourtant pauvres n'avaient été aussi développées et tout était à l'avenant. Au lieu que ce soit à certains, c'était à tout le monde selon ses besoins. Mais pour cela, il fallait être dispo, ouvert, tolérant.
Aujourd'hui, pour faire fonctionner ce système mortifère, on vous oblige à rire. Pas à être heureux mais à rire. On vous occupe l'esprit. Hanouna est le maître de la diversion. La charité en spectacle en lieu et place à la solidarité. Plus de 20 ans des restos du coeur.
On a voulu empêché Poutou de dire qu'il était internationaliste. Mais de quel droit? Tout cela parce que tous les populistes clament qu'il faut revenir aux frontières closes et chacun chez soi? Mais il a droit de le dire que le nationalisme n'est pas la solution des problèmes mais bien l'une des causes. D'ailleurs combien de temps réussirions nous à les contenir au dehors de nos frontières?
Hier, nous aurions pu entendre un discours qui ne soit pas dans l'air du temps, un discours innovant, qui nous aère peut-être l'esprit, qui nous aurait fait regarder ailleurs et en haut plutôt que de baisser nos têtes sous les discours sempiternels de "on est mauvais, on ne travaille pas assez, on nous paie trop, les chômeurs sont assistés".
Mais la société, celle que nous laissons installer, est celle de la pénitence, celle de la domination d'un chef, d'un "messie", celle de la soumission.
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