samedi 25 octobre 2025

Rappel : article paru le 17 juin 2018 Gustave le Bon Psychologie des foules

 « Il était donc nécessaire de montrer comment le système actuel l'a façonnée , et comment la masse des indifférents et des neutres est devenue progressivement une immense armée de mécontents, prête à obéir à toutes les suggestions des utopistes et des rhéteurs. C'est à l'école que se forment aujourd'hui les socialistes et les anarchistes et que se préparent pour les peuples latins les heures prochaines de décadence ».


« La puissances des mots est liée aux images qu'ils évoquent et tout à fait indépendante de leur signification réelle. Ce sont parfois ceux dont le sens est le plus mal défini qui possèdent le plus d'action. Tels par exemple, les termes : démocratie, socialisme, égalité, liberté etc,...dont le sens est si vague que de gros volumes ne suffisent pas à le préciser.Et pourtant il est certain qu'une puissance vraiment magique s'attache à leurs brèves syllabes, comme si elles contenaient la solution de tous les problèmes. Ils synthétisent les aspirations inconscientes les plus diverses et l'espoir de leur réalisation.
La raison et les arguments ne sauraient lutter contre certains mots et certaines formules. On les prononce avec recueillement devant les foules ; et, dès qu'ils ont été prononcés, les visages deviennent respectueux et les fronts s'inclinent. Beaucoup les considèrent comme des forces de la nature, des puissances surnaturelles. Ils évoquent dans les âmes des images grandioses et vagues, mais le vague même qui les estompe augmente leur mystérieuse puissance. Ils sont les divinités mystérieuses cachées derrière le tabernacle et dont le dévot ne s'approche qu'en tremblant. »

« Les mots n'ont donc que des significations mobiles et transitoires, changeantes d'âge en âge et de peuple à peuple ; et, quand nous voulons agir par eux, sur la foule, ce qu'il faut savoir, c'est le sens qu'ils ont pour elle à un moment donné , et non celui qu'ils eurent jadis et qu'ils peuvent avoir pour des individus de constitution mentale différente ».

« Si l'on détruisait, dans les musées et les bibliothèques, et que l'on fit écrouler , sur les dalles des parvis , toutes les œuvres et tous les monuments d'art qu'ont inspirés les religions, que resterait-il des grands rêves humains ? Donner aux hommes la part d'espoir et d'illusion sans laquelle ils ne peuvent exister , telle est la raison d'être des dieux, des héros et des poètes. Pendant cinquante ans , le science parut assumer cette tâche. Mais ce qui l'a compromise dans les cœurs affamés d'idéal, c'est qu'elle n'ose plus assez promettre et qu'elle ne sait pas assez mentir ».

« Le grand facteur de l'évolution des peuples n'a jamais été la vérité, mais bien l'erreur. Et si le socialisme est si puissant aujourd'hui, c'est qu'il constitue la seule illusion qui soit vivante encore. Malgré toutes les démonstrations scierntifiques, il continue à grandir. Sa principale force est d'être défendu par des esprits ignorant assez les réalités des choses pour oser promettre hardiment à l'homme le bonheur. L'illusion sociale règne aujourd'hui sur toutes les ruines amoncelées du passé, et l'avenir lui appartient. Les foules n'ont jamais eu soif des vérités. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant déifier l'erreur, si l'erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître, qui tente de les désillusionner est toujours leur victime ».

« 

Rappel : artiche paru le 24 juin 2018 Gustave Le Bon : psychologie des foules

 Je remets un certain nombre d'articles paru il y a déja quelques années sur Gustave Le Bon car, aujourd'hui un certain nombre de personnes le cite.


« Dans toutes les sphères sociales, des plus hautes aux plus basses, dès que l'homme n'est plus isolé, il tombe bientôt sous la loi d'un meneur. La plupart des hommes, dans les masses populaires surtout, ne possèdent, en dehors de leur spécialité, d'idée nette et raisonnée sur quoi que ce soit. »


« L'affirmation pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, est un des plus sûrs moyens de faire pénétrer une idée dans l'esprit des foules. Plus l'affirmation est concise, plus elle est dépourvue de toute apparence de preuves et de démonstration, plus elle a d'autorité. Les livres religieux et les codes de tous les âges ont toujours procédé par simple affirmation. Les hommes d’État appelés à défendre une cause politique quelconque, les industriels propageant leurs produits par l'annonce, savent la valeur de l'affirmation. »

« C'est précisément pour cette raison que les hommes trop supérieurs à leur époque n'ont généralement aucune influence sur elle. L'écart est trop grand. »

« Il est très facile d'établir une opinion passagère dans l'âme des foules, mais il est très difficile d'y établir une croyance durable. Il est également for difficile de détruire cette dernière lorsqu'elle a été établie. Ce n'est, le plus souvent, qu'au prix de révolution violentes qu'on peut la changer. Les révolutions n'ont même ce pouvoir que lorsque la croyance a perdu presque entièrement son empire sur les âmes. Les révolutions servent alors à balayer finalement ce qui était à peu près abandonné déjà, mais ce que le joug de la coutume empêchait d'abandonner entièrement. Les révolutions qui commencent sont en réalité des croyances qui finissent. »

« Dès qu'un dogme nouveau est implanté dans l'âme des foules, il devient l'inspirateur de ses institutions, de ses arts et de sa conduite. L'empire qu'il exerce alors sur les âmes est absolu. Les hommes d'action ne songent qu'à le réaliser, les législateurs ne font que l'appliquer, les philosophes, les artistes, les littérateurs ne sont préoccupés que de le traduire sous des formes diverses. »

« Les journaux ont tellement conscience de l'inutilité de tout ce qui est critique ou opinions personnelle, qu'ils ont progressivement supprimé les critiques littéraires, se bornant à donner le titre du livre avec deux ou trois lignes de réclame, et, dans vingt ans, il en sera probablement de même pour la critique théâtrale. »

« Cette absence totale de direction de l'opinion, et en mêmed temps la dissolution des croyances générales, ont eu pour résultat final un émiettement complet de toutes les convictions, et l'indifférence croissante des foules pour ce qui ne touche pas nettement leurs intérêts immédiats. »
«Impitoyables aux crimes qui semblent pouvoir les atteindre – et qui sont précisément d'ailleurs les plus redoutables pour la société – les jurés sont au contraire très indulgents pour les crimes dits passionnels. Ils ont rarement sévères pour l'infanticide des filles-mères, ni bien durs pour la fille abandonnée qui vitriolise un peu son séducteur, sentant fort bien d'instinct que ces crimes-là sont peu dangereux pour la société, et que dans un pays où la loi ne protège pas les filles abandonnées, le crime de celle qui se venge est plus utile que nuisible, en intimidant d'avances les futures séducteurs. »

« Mais comment peuvent-ils oublier que ces erreurs tant reprochées au jury, ce sont des juges qui les ont d'abord commises, et qu, quand l'accusé arrive devant le jury, iul été considéré comme coupable par plusieurs magistrats : le juge d'instruction, le procureur de la république et la chambre des mises en accusation. Et ne voit-on pas alors que, si l'accusé était définitivement jugé par des magistrats au lieu de l'être par des jurés, il perdrait sa seule chance d'être reconnu innocent. »

« Le programme écrit du candidat ne doit pas être trop catégorique, parce que ses adversaires pourraient le lui opposer plus tard, mais son programme verbal ne saurait être trop excessif. Les réformes les plus considérables peuvent être promises sans crainte. Sur le moment, ces exagérations produisent beaucoup d'effet, et pour l'avenir elles n'engagent en rien. Il est d'observation constante, en effet, que l'électeur ne s'est jamais préoccupé de savoir jusqu'à quel point l'élu a suivi la profession de foi acclamée, et sur laquelle l'élection est supposée avoir eu lieu. »

« Les radicaux avaient découvert qu'une république unitaire est une monarchie déguisée, et , pour leur faire plaisir, les Cortès avaient proclamé d'une seule voix la république fédérale sans qu'aucun des votants eût pu dire ce qui venait d'être voté. Mais cette formule enchantait tout le monde, c'étaient une ivresse, un délire. On venait d'inaugurer sur la terre le règne de la vertu et du bonheur. Un républicain, à qui son ennemi refusait le titre de fédéral, s'en offensait comme une mortelle injure. On s'abordait dans les rues en se disant : Salud y republica fédéral : Après quoi on entonnait des hymnes à la sainte indiscipline et à l'autonomie du soldat. »

Rappel La psychologie de la masse du fascisme par Wilhelm Reich article paru le 20 juillet 2021

 « Quand un leader honnête s’engage dans une impasse, quand il ne sait plus comment s’en tirer, il donne sa démission et cède sa place à d’autres. S’il n’y a personne capable de mieux tenir son rôle, il exposera devant tout le monde avec franchise les obstacles et attendra ensemble avec la communauté qu’une solution se présente, soit par les circonstances, soit par la découverte de particuliers. Mais le politicard n’a pas le courage d’être aussi honnête!

Pour la défense du mouvement ouvrier mondial il faut bien dire qu’on lui a rendu particulièrement difficile la lutte pour la démocratie des foules laborieuses, pour la démocratie authentique et réelle, et non la pseudo-démocratie qui se gargarise de mots. On a toujours donné raison à ceux qui proclamaient: «La dictature du prolétariat est une dictature comme les autres. On s’en rend nettement compte aujourd’hui, car autrement on ne serait pas obligé d’«introduire la démocratie.» On aurait tort de se réjouir des éloges que la social-démocratie a prodigués à l’Union Soviétique («recueillement», «démocratie», «enfin»). C’était une pilule amère, une formalité. Une régression objective au cours de l’évolution est souvent nécessaire et doit être acceptée ; mais la dissimulation de la régression, le recours aux illusions, aux méthodes et aux mensonges fascistes ne sauraient se justifier. Qu’on s’imagine que Lénine eût déclaré, en introduisant en 1923 la «Nouvelle Politique Économique» (N.E.P.): «Nous nous sommes haussés d’une phase inférieure à une phase supérieure de la dictature prolétarienne. L’introduction de la «Nouvelle Politique Économique» constitue un immense pas en avant sur la route du communisme.» Une telle déclaration aurait sapé la confiance du peuple dans les dirigeants soviétiques. En réalité, Lénine commenta sa «Nouvelle Politique Économique «par les propos suivants:

« C’est une mesure triste et cruelle, mais pour le moment inévitable. L’économie du communisme de guerre s’est heurtée à des difficultés imprévues. Il nous faut faire un pas en arrière, pour reprendre ensuite avec d’autant plus de certitude notre marche en avant. Nous rendons un peu de liberté au commerce privé pour nous en tirer, mais nous savons fort bien ce que nous faisons ».

 Lors de l’«introduction de la démocratie soviétique» on aurait cherché en vain tant d’objectivité et tant de franchise. Or, en 1935, elle aurait été plus nécessaire que jamais. Elle aurait contribué à gagner à la cause soviétique des millions d’amis dans le monde; elle aurait mobilisé la pensée; elle aurait peut-être rendu inutile le pacte avec Hitler, dont on a essayé d’attribuer la responsabilité aux Trotskystes. En fait, on assista à la transformation de la démocratie sociale de Lénine en un nouveau nationalisme russe.

Dans la Gazette Rouge de Leningrad, l’organe central des bolcheviks russes, nous lisons, dans le n° 14 du 4 février 1935:

«Notre amour, notre fidélité, notre force, notre cœur, notre héroïsme, notre vie – tout est à toi, prends-les, ô grand Staline, tout t’appartient, ô leader de la grande patrie. Commande à tes fils, ils sont capables de se déplacer en l’air et sous terre, dans l’eau et dans la stratosphère [11] . Les humains de toutes les époques et de toutes les nations diront que ton nom est le plus glorieux, le plus fort, le plus sage, le plus beau de tous. Ton nom figure sur chaque usine, sur chaque machine, sur chaque lopin de terre, dans chaque cœur humain. Si ma femme bien-aimée met au monde un enfant, le premier mot que je lui apprendrai sera « Staline ». »

 

Dans la Pravda du 19 mars 1935 (citée par le Rundschau, n° 15, p. 787, 1935) on nous brosse sous le titre «Patriotisme soviétique», un tableau du «patriotisme socialiste» qui commence à faire une concurrence sérieuse au «patriotisme fasciste»:

« Le patriotisme soviétique – sentiment ardent d’amour illimité, de dévouement inconditionnel à la patrie, de responsabilités de sa destinée et de sa défense – jaillit des profondeurs insondables de notre peuple. Jamais nulle part, l’héroïsme du combat pour la patrie ne s’est haussé à un niveau comparable au nôtre. L’histoire inimitable et merveilleuse du mouvement révolutionnaire en Russie, l’histoire de l’Union Soviétique, ont montré et montrent encore ce que les travailleurs sont capables d’accomplir quand le sol de la patrie est en jeu. Dans l’activité illégale, sur les barricades, dans les cavalcades de la rapide cavalerie de Boudjenni, au feu de la boîte à mitraille des armées d’airain de la Révolution, au pas cadencé des ouvriers d’usines et de l’industrie socialiste, dans l’hymne des travailleurs des villes et des campagnes, dans l’activité du Parti Communiste a retenti et retentit encore le chant immense, immortel de notre cher pays libéré et rénové.

C’est l’Union Soviétique choyée et élevée par Lénine et Staline ! Elle se laisse caresser par les rayons du printemps qui a commencé avec la Révolution d’Octobre ! Les ruisseaux se mirent à murmurer, les rivières engourdies rompirent la glace, toutes les énergies des populations laborieuses se mirent en mouvement pour ouvrir de nouvelles perspectives à l’évolution historique grâce à l’Union Soviétique, grâce au rayonnement de sa gloire et de sa puissance. On voit se lever la semence d’une vie prospère et d’une culture socialiste. Nous portons la bannière rouge du communisme vers de nouvelles hauteurs, tout près du ciel bleu.

Le patriotisme soviétique, c’est l’amour de notre peuple pour un pays qui a été arraché, au prix du sang et à la pointe de l’épée, aux capitalistes et aux grands propriétaires fonciers; c’est son attachement à la vie grandiose créée par notre grand peuple ; c’est la garde vigilante et armée que nous montons à l’Est et à l’Ouest; c’est le dévouement au grand héritage culturel du génie humain qui s’est épanoui dans notre pays et seulement dans notre pays [12] . Peut-on s’étonner que des étrangers s’approchent de la frontière de l’Union Soviétique, des gens ayant reçu une éducation différente, pour s’incliner profondément devant ce refuge de la civilisation, devant l’État du drapeau rouge ?

Union Soviétique, ô printemps de l’humanité ! Le nom de Moscou a pour les travailleurs, pour les paysans, pour tous les hommes honnêtes et cultivés de la terre la résonance d’un tocsin, mais il signifie aussi l’espoir d’un avenir lumineux et de la victoire sur la barbarie fasciste… Dans notre pays socialiste il est impossible de séparer les intérêts du peuple de ceux du pays et de son gouvernement. La source du patriotisme soviétique réside dans le fait que notre peuple est en train de forger sous la direction du Parti Communiste sa propre vie, que notre beau et riche pays n’a été révélé aux couches laborieuses que par l’autorité soviétique. À l’attachement naturel à la patrie, à la terre et au ciel qui nous ont vus naître, s’ajoute la force gigantesque de la fierté que nous éprouvons à l’endroit de notre patrie socialiste, de son grand parti communiste, de son Staline. C’est l’idée du patriotisme soviétique qui donne naissance, qui fait grandir des millions de héros, de chevaliers, de guerriers prêts à se ruer comme une avalanche dévorante sur les ennemis du pays et à les balayer de la surface de la terre. C’est au sein maternel que notre jeunesse boit l’amour de la patrie. Nous sommes obligés d’élever de nouvelles générations de patriotes soviétiques qui placent les intérêts du pays plus haut que tout le reste, plus haut que leurs vies… …

C’est avec le plus grand soin, avec la plus grande adresse, la plus grande force créatrice que nous nourrissons – comme une plante fragile – l’esprit invincible du patriotisme soviétique. Le patriotisme soviétique est une des manifestations les plus éminentes de la Révolution d’Octobre. Il est un réservoir inépuisable de force, de hardiesse, de fraîcheur juvénile, d’héroïsme, d’émotion, de beauté, de mouvement!

Le patriotisme soviétique embrase notre pays comme une immense flamme. Il fait avancer la vie. Il réchauffe les moteurs de nos chars d’assaut, de nos bombardiers lourds, de nos destroyers, il sert de munition à nos canons. Le patriotisme soviétique veille à nos frontières, où des ennemis perfides et voués au désastre menacent notre vie paisible, notre puissance et notre gloire…»

 

« Quand les masses humaines réclament à grands cris des statues plus grandes que nature de leurs «führer», elles sont en train de perdre le sens de leurs responsabilités. Du temps de Lénine, on ignorait le culte artificiel des leaders et on ne voyait nulle part les images gigantesques des leaders du prolétariat. On sait que Lénine détestait ce genre d’hommages. »

 

« Les organisations social-démocrates des ouvriers de la ville de Vienne ont considéré l’inauguration du métro par la municipalité social-démocrate de Vienne comme une prouesse spécifiquement social-démocrate. Les ouvriers de Moscou réunis sous la bannière communiste, qui, par principe, considèrent la social-démocratie viennoise comme un parti ennemi, voient dans le métro réalisé par la municipalité communiste de Moscou une prouesse spécifiquement communiste. Les ouvriers allemands considèrent le projet du chemin de fer de Bagdad comme une réalisation spécifiquement allemande. Ces exemples mettent en évidence le caractère pestiféré des satisfactions politiques illusoires puisées à la source de l’irrationalisme. Elles dissimulent le fait pourtant patent qu’un chemin de fer allemand ou viennois ou moscovite se construit selon des principes internationaux strictement similaires, d’une manière absolument semblable. Tous ces travailleurs ne disent pas: «Le lien qui nous unit tous, c’est notre travail et nos performances. Tâchons de nous mettre ensemble, de nous consulter et de voir comment nous pourrons apprendre aux ouvriers chinois à appliquer nos principes de travail.» Non! L’ouvrier allemand est profondément convaincu que son chemin de fer est tout à fait différent, qu’il est meilleur, disons plus «wotanique» que le chemin de fer russe. C’est pourquoi il ne songe pas à aider les Chinois à construire le leur. Bien au contraire, fasciné par sa satisfaction nationaliste imaginaire, il suit quelque général pestiféré qui se propose de voler aux Chinois leur chemin de fer. C’est ainsi que la peste émotionnelle de la politique sème la dissidence et l’inimitié dans la même classe, qu’elle suscite l’envie, la vantardise, l’opportunisme, l’irresponsabilité. La suppression des satisfactions illusoires et leur remplacement par des satisfactions réelles fondées sur l’intérêt du travail et par la coopération ouvrière internationale sont les conditions sine qua non du déracinement de l’État totalitaire dans les structures caractérielles des travailleurs. Ce n’est qu’ainsi que les masses laborieuses trouveront les forces nécessaires pour adapter la technique aux besoins des masses. »

dimanche 19 octobre 2025

Emmanuel Lévinas : Totalité et infini

3 La volonté et la mort


La mort s'interprète dans toute la tradition philosophique et religieuse soit comme passage au néant, soit comme passage à une existence autre, se prolongeant dans un nouveau décor. On la pense dans l'alternative de l'être et du néant, qu'accrédite la mort de nos prochains qui, effectivement, cessent d'exister dans le monde empirique, ce qui signifie, pour ce monde, disparition ou départ. Nous l'abordons comme néant d'une façon plus profonde et en quelque manière a priori, dans la passion du meurtre. L'intentionnalité spontanée de cette passion vise l'anéantissement. Caïn, quand il tuait Abel, devait posséder de la mort ce savoir-là. L'identification de la mort au néant convient à la mort de l'Autre dans le meurtre. Mais ce néant s'y présente, à la fois, comme une sorte d'impossibilité. En effet en dehors de ma conscience morale, Autrui ne saurait se présenter comme Autrui et son visage exprime mon impossibilité morale d'anéantir. Interdiction qui n'équivaut certes pas à l'impossibilité pure et simple et qui suppose même la possibilité qu'elle interdit précisément; mais, en réalité, l'interdiction se loge déjà dans cette possibilité même, au lieu de la supposer; elle ne s'y ajoute pas après coup, mais me regarde du fond même des yeux que je veux éteindre et me regarde comme l'œil qui dans la tombe regardera Cain. Le mouvement d'anéantissement dans le meurtre, a donc un sens purement relatif, comme passation à la limite d'une négation tentée à l'intérieur du monde . Il nous amène en réalité vers un ordre dont nous ne pouvons rien dire, pas même l'être, antithèse de l'impossible néant. On pourrait s'étonner que l'on conteste ici la vérité de la pensée qui situe la mort soit dans le néant, soit dans l'être, comme si l'alternative de l'être et du néant n'était pas la dernière. Allons-nous contester que tertium non datur ? Et cependant ma relation avec ma propre mort, me place devant une catégorie qui n'entre dans aucun terme de cette alternative. Le refus de cette alternative ultime contient le sens de ma mort. Ma mort ne se déduit pas, par analogie, de la mort des autres, elle s'inscrit dans la peur que je peux avoir pour mon être. La « connaissance » du menaçant précède toute expérience raisonnée sur la mort d'Autrui ce qui, en langage naturaliste, se dit commeconnaissance instinctive de la mort. Ce n'est pas le savoirde la mort qui définit la menace, c'est dans l'imminence de la mort, dans son irréductible mouvement d' approche, que consiste la menace o riginellement, que se profère et s'articule, si l'on peut s'exprimer ainsi, le « savoir de la mort ». La peur mesure ce mouvement. L'imminence de la menace ne vient pas d'un point précis de l'avenir. Ultirna latet . Le caractère imprévisible de l'instant ultime ne dépend pas d'une ignorance empirique, de l'horizon limité de notre intelligence et qu'une intelligence plus grande aurait pu surmonter. Le caractère imprévisible de la mort vient de ce qu'elle ne se tient dans aucun horizon. Elle ne s'offre à aucune prise . Elle me prend sans me laisser la chance que laisse la lutte, car, dans la lutte réciproque, je me saisis de ce qui me prend. Dans la mort, je suis exposé à la violence absolue, au meurtre dans la nuit. Mais à vrai dire, dans la lutte déjà je lutte avec l'invisible. Elle ne se confond pas avec la collision de deux forces dont on peut prévoir et calculer l'issue. La lutte est déjà, ou encore, guerre où, entre les forces qui s'affrontent, bée l'intervalle de la transcendance à travers laquelle vient et frappe, sans qu'on l'accueille la mort. Autrui, inséparable de l'événement même de la transcendance, se situe dans la région d'où vient la mort, possiblement meurtre . L'heure insolite de sa venue approche comme l'heure du destin fixée par quelqu'un. Des puissances hostiles et malveillantes, plus rusées, plus sages que moi, absolument autres et par là seulement hostiles, en gardent le secret. Comme dans la mentalité primitive où la mort n'est j amais naturelle, d'après Levy-Bruhl, mais requiert une explication magique, la mort conserve, dans son absurdité, un ordre interpersonnel où elle tend à prendre une signification. Les choses qui me la donnent, soumises au travail et saisissables, obstacles plutôt que menaces, renvoient à une malveillance,résidu d'un mauvais vouloir qui surprend et guette. La mort me menace d'au-delà. L'inconnu qui fait peur, le silence des espaces infinis qui effraie, vient de l'Autre et cette altérité, précisément comme absolue, m'atteint dans un mauvais dessein ou dans un jugement de justice. La solitude de la mort ne fait pas disparaître autrui, mais se tient dans une conscience de l'hostilité et, par là même, rend encore possible un appel à autrui, à son amitiéet à sa médication. Le médecin est un principe a priori de la mortalité humaine. La mort approche dans la peur de quelqu'un et espère en quelqu'un. « L'Eternel fait mourir et fait vivre ». Une conjoncture sociale se maintient dans la menace . Elle ne sombre pas dans l' angoisse qui la transformerait en « néantisation du néant ». Dans · l'être pour la mort de la peur, je ne suis pas en face du néant, mais en face de ce qui est contre moi, comme si le meurtre, plutôt que d'être l'une des occasions de mourir, ne se séparait pas de l'essence de la mort, comme si l ' approche de la mort demeurait l'une des modalités du rapport avec Autrui. La violence de la mort menace comme une tyrannie, comme procédant d'une volonté étrangère. L' ordre de la nécessité qui s' accomplit dans la mort, ne ressemble pas à une loi implacable du déterminisme régissant une totalité, mais à l'aliénation de ma volonté par autrui . Il ne s'agit pas, bien entendu, d'introduire la mort dans un système religieux primitif (ou évolué) qui l'explique, mais de montrer, derrière la menace qu'elle porte .contre la volonté, sa référence à un ordre interpersonnel dont elle n'anéantit pas la signification. On ne sait quand viendra la mort. Qu'est-ce qui viendra ? De quoi la mort me menace-t-elle ? De néant ou de recommencement ? Je ne sais. Dans cette impossibilité de connaître l'après de ma mort, réside l'essence de l'instant suprême. Je ne peux absolument pas saisir l'instant de la mort - « surpassant notre portée », comme dirait Montaigne. Ultirna latet contrairement à tous les instants de ma vie, qui s'étalent entre ma naissance et ma mort, et qui peuvent être rappelés ou anticipés. Ma mort vient d'un instant sur lequel, sous aucune forme, j e ne peux exercer mon pouvoir. Je ne me heurte pas à un obstacle que dans ce heurt du moins je touche et qu'en surmontant ou en supportant, j 'intègre dans ma vie et dont je suspends l'altérité. La mort est une menace qui s'approche de . Moi comme un mystère; son secret la détermine elle s'approche sans p ouvoir être assumée, de sorte que le temps quime sépare de ma mort, à la fois s'amenuise et n'en finit pas de s' amenuiser, comporte comme un dernier intervalle que ma conscience ne peut franchir et où un saut, en quelque façon se produira de la mort à moi . Le dernier bout de chemin se fera sans moi, le temps de la mort coule en amont, le moi dans son proj et vers l'avenir se trouve bouleversé par un mouvement d'imminence, pure menace et qui me vient d'une absolue altérité. Ainsi dans un conte d'Edgar Poë où les murs qui enferment le conteur se rapprochent sans cesse e t o ù i l vit l a mort par l e regardqui, comme regard, a touj ours une étendue devant lui, mais perçoit aussi l'approche ininterrompue d'un instant infiniment futur pour le moi qui l'attend ultirna latet mais qui, dans un mouvement à contre-courant, effacera cette distance infinitésimale mais infranchissable. Cette interférence de mouvements à travers la distance qui me sépare de l'instant suprême, distingue l'intervalle temporel de la distance spatiale. Mais l'imminence est à la fois menace et ajournement .Elle presse et elle laisse le temps . Etre temporal, c'est être à : la fois pour la mort et avoir encore du temps, être contre la mort: Dans la façon dont la menace m'affecte dans l'imminence, réside ma mise en cause par la menace et l' essence de la peur. Relation avec un instant dont le caractère exceptionnel ne tient pas au fait qu'il se trouve au seuil du néant ou d'une renaissance, mais au fait que, dans la vie, il est l ' impossibilité de toute possibilité secousse d'une passivité totale à côté de laquelle la passivité de la sensibilité qui se mue en activité, n'imite que de loin la passivité. La peur pour mon être qui est ma relation avec la mort, n'est donc pas la peur du néant, mais la peur de la violence (et ainsi se prolonge-t-elle en peur d'Autrui, de l'absolument imprévisible) . C'est dans la mortalité que l'interaction du psychique et du physique se montre sous sa forme originelle . L'interaction du physique et du psychique abordée à partir d'un psychique, posé comme pour soi ou comme causa sui, et du physique, posé comme s'écoulant en fonction de « l'autre », soulève un problème à cause de l'abstraction à laquelle on réduit les termes en relation. La mortalité est le phénomène concret et originel. Elle interdit de poser un pour soi qui ne soit pas déjà livré à autrui et qui, par conséquent, ne soit pas chose. Le pour soi, essentiellement mortel, ne se représente pas seulement les choses, mais les subit. Mais si la volonté est mortelle et susceptible de violence à partir du tranchant de l'acier, de la chimie du poison, de la faim et de la soif, si elle est corps se tenant entre la santé et la maladie, ce n'est pas qu'elle soit seulement bordée par le néant. Ce néant est un intervalle au-delà duquel gît une volonté hostile. Je suis une passivité menacée non seulement par le néant dans mon être, mais, par une volonté, dans ma volonté. Dans mon action, dans le pour soi de ma volonté, je suis expo sé à une volonté étrangère. C'est p ourquoi la mort ne peut pas enlever tout sens à la vie. Non pas par l'effet d'un divertissement pascalien ou d ' une chute dans l'anonymat de la vie quotidienne au sens heideggerien du terme. L'ennemi ou le Dieu sur lequel je ne peux pouvoir et qui ne fait pas partie de mon monde, reste encore en relation avec moi et me permet de vouloir, mais d'un vouloir qui n'est pas égoïste, d'un vouloir qui se coule dans l'essence du désir dont le centre de gravitation ne coïncide pas avec le moi du besoin, d'un désir qui est pour Autrui. Le meurtre auquel remonte la mort révèle un monde cruel, mais à l'échelle des relations humaines. La volonté, déj à trahison et aliénation de soi, mais qui ajourne cette trahison, allant vers la mort, mais toujours future, qui s'y expose, mais pas tout de suite, a le temps d'être pour Autrui et de retrouver ainsi un sens malgré la mort. Cette existence p our Autrui, ce Désir de l'Autre, cette bonté libérée de la gravitation égoïste, n'en conserve pas moins un caractère personnel. L'être défini dispose de son temps précisément parce qu'il ajourne la violence c'est-à-dire parce que, au-delà de la mort, subsiste un ordre sensé et qu'ainsi, toutes les possibilités du discours ne se réduisent pas à des coups désespérés d'une tête frappée contre le mur. Le Désir où se dissout la volonté menacée, ne défend plus les pouvoirs d'une volonté, mais a son centre hors d'elle-même, comme la bonté à laquelle la mort ne peut enlever son sens. Il nous faudra le montrer, en dégageant, en cours de route, l'autre chance que la volonté saisit dans le temps que lui laisse son être contre la mort : la fondation des institutions où la volonté, par-delà la mort assure un monde sensé, mais impersonnel.


Réponse à un "socialiste"

 Je répondais à un ami qui m'expliquait pourquoi le PS n'a pas voté la motion de censure et voilà ma réponse

Cher X,



Comme tu peux t'en douter, je ne suis pas d'accord avec toi.


Dans un premier temps, le parti « socialiste » n'aurait jamais du s'appeler « socialiste » lorsque l'on sait que ce sont les anarchistes « les socialistes », d'où « La Sociale ».


Vous êtes ce qui existe de pire pour le peuple, vous êtes des réformistes. Le réformisme, quelque soit l'endroit où il apparaitra, c'est la fin du progrès social et le début de la casse de tout ce qui fait améliorer la vie des gens.


Il ne faut pas oublier que la plupart des lois anti-social qui ont été votées par l'assemblée viennent du parti « socialiste », je ne prends pour exemple que les lois travail. On a eu beau manifester pendant des mois, cela n'a servi à rien et c'est à ce moment que la répression policière a véritablement commencé. Macron n'a rien inventé pendant les gilets jaunes, il n'a fait que suivre l'exemple de ceux qui avaient été au pouvoir juste avant lui.


Les véritables « socialistes » étaient des révolutionnaires et je t'assure que ce mot n'est pas horrible. Il porte en lui une utopie réelle de ce que nous pouvons espérer changer véritablement. Tu vas me dire, et je suis d'accord avec toi, il y a la menace de l'extrême droite qui n'est pas mineure. Je te l'accorde mais remontons un peu le temps. Qui a permis que le Front National progresse de cette manière là ? Vous n’êtes pas les seuls coupables mais lorsque l'on dit que l'on va abroger certaines lois néfastes au peuple et qu'on ne le fait pas, eh bien, il y a des conséquences.

La différence entre tous les partis « politiques », dans ce que ce terme a de plus péjoratif de nos jours, seuls les pires appliquent ce qu'ils disent. Vous, vous tentez de nous faire croire que vous êtes contre le « capital » mais vous êtes des « libéraux », donc il n'y a plus aucune politique dans vos décisions, aucune. Vous mettez en place les lois que l'Europe des marchés vous demandent de mettre en place. Vous n'avez aucune marge de manœuvre à moins, à moins...tu connais la suite.

Mais ce n'est pas que vous ne pouvez pas, c'est que vous ne voulez pas car vous êtes des libéraux et le libéralisme n'est pas une idée politique mais un dogme économique fasciste qui va de l’extrême droit jusqu'à la gauche dit de « gouvernement ». Terme ridicule et infantilisant.


Pour ce qui est du guignol Lecornu, il a été un attrape socialiste-libéraux et vous avez accepté de faire semblant d'y croire. Et là, vous des traîtres comme les socialistes ont toujours été.


Blum disait si vous voulez vraiment changer les choses, il faut « une révolution sociale », sinon prendre le pouvoir et marcher avec les institutions en place, le capital sera toujours là, voire même plus fort puisqu'il aura intégré ceux qui se disaient opposés à lui. (Quand ce n'est qu'une posture mensongère odieuse puisqu'elle massacre la vie des gens sans aucune pitié).


Tu me dis, voter la censure, c'est comme pratiquer la stratégie de la chaise vide. C'est là la différence entre les révolutionnaires (anarchistes) et les réformistes. C'est que vous croyez ( et quand je dis ça je pars de ma volonté de croire que vous êtes honnêtes dans votre démarche, mais bien sur je sais qu'elle n'est pas honnête quand elle peut être électoraliste) que vous allez grappiller un peu sur les projets proposés. Dès le départ, les propositions sont horribles pour les plus démunis, c'est à dire la majorité du peuple, dès le départ et donc vous pensez que vous allez arriver de passer du plus horrible au plus supportable. C'est à dire la merde totale mais sans l'odeur.


La différence avec les révolutionnaires, c'est qu'ils retournent la table car ils partent du principe que même si tu dis que tu es contre, que tu es entré dans la salle des négociations, c'est déjà une victoire pour eux.


La deuxième chose, vous n'avez aucun projet ou mesure à mettre en face de qui que ce soit. Vous êtes en perdition et vous n'arrivez plus à rien voir. Vous naviguez à vue, aux instruments. Vous me faites pitié, et le mot est faible par rapport à véritablement ce que je pense.


Donc voilà, et je suis triste de te savoir là-dedans, au milieu de ces requins à peut-être, je dis bien peut-être, être le seul de sincère.


Voilà, j'ai peut-être été dur mais à la suite des dernières élections, je réentends tous les politiques nous tenir le même discours :

« écoutons le peuple »

« nous sommes redevables »

« ne faisons pas de la politique politicienne »

« nous allons devoir travailler avec tous » sous-entendu sauf LFI.


Je suis dans un tel état de dégoût vis à vis de la politique, de la bêtise du peuple qui n'en est plus un, du mensonge, de l'hypocrisie, de la lâcheté, de la misère intellectuelle, de tout en fait tout ce qui actuellement remplace une vraie société.


Je vais te laisser et j'espère que tu ne m'en voudras pas


Amitiés

samedi 18 octobre 2025

Soutien a Bertrand

 https://www.facebook.com/share/1B1BkEosdP/

Georges Bataille Oeuvres complètes 6

 Vous avez fait intervenir tout de suite ces différentes entre deux sortes de communications qui sont de l'ordre de celles que l'on faisait intervenir tout à l'heure entre l'être fermé et l'être ouvert. La communication peut, en effet , viser l'être ouvert ou viser l'être fermé. Dans le second cas, on peut parler plutôt d'union ou bien le le désir d'union. On peut parler exactement de désir d'union et l'on aboutit justement à se refermer sur soi-même à partir d'une union. C'est ce que l'on trouve aussi bien dans le thème du mariage que dans le thème de l'église. Le thème du mariage qui peut être opposé à la vie mystique pure. Vous avez tout à l'heure introduit de façon adéquate ces deux notions. Cette différence devant être maintenue, je ne vois pas la possibilité de faire intervenir, quand à des jugements de valeur, une précision si grande en ce qui concerne la différence entre la dépense et la communication. Le jugement de valeur que j'introduis porte sur la différence entre l'être fermé" et l'être ouvert. Mais il ne peut pas porter sur la différence entre la communication et la dépense qui me paraissent plutôt des façons de parler d'une même chose - avec évidemment des différences entre ces deux façons de parler - que des différences sur lesquelles pourrait porter un jugement de valeur.


vendredi 17 octobre 2025

Soutien à Bertrand pour la justice

 Et on voit qu'on est loin d'être au bout du tunnel


https://www.facebook.com/100076150654363/posts/pfbid0E4oZLbpBPHUuS42c56uB5LUbEtPZVtjiqnviHNNuB6mDX5NZiu9nrMLquiDSgpATl/

Devoir de mémoire : 17 octobre 1961

Nous devons garder en mémoire que nous sommes capable du pire.

Les messages de certains aujourd'hui ressemblent fortement à ceux d'hier.

 https://www.facebook.com/share/1DaTizthpJ/

lundi 13 octobre 2025

mardi 7 octobre 2025

Terre perdue. Par M.A.

 


"La terre

                        Rayée

  Grattée

                          Griffée 

Scarifiee 

          A en oublier la Vie

Avec les ongles

             Avec les dents

                     Avec nos os

quand la peau a disparu

               A la chair en 

                                   LAMBEAUX

Et ce froid que l'on boit

   Que l'on touche.     

                      Qui nous grignote

Que l'on voit

       Que nous touchions

qui avait le goût de la mort


   MORTS     après             MORTS


A chaque botte, nous n'étions plus HUMAINS


nous n'étions plus SIGNIFIÉS


Nous n'étions plus        SIGNIFIÉS         

     

Si c'était un homme..."



lundi 6 octobre 2025

samedi 4 octobre 2025

Urgence : Soutien a Bertrand

 https://www.facebook.com/share/17Wg4ZA2LQ/



État d'esprit. Par M.A.


 

"Arbeit match frei"


Terres gelées  

               Froids glaçants


        Tout revient, tout revient ....


Chiens en bottes 


                 Claquent.    


Silence des humains....


            Crematorium. ...


On boit le sang dans les salons....


...........les enfants meurent dans les salons surchauffés ...

On boit leur sang dans les discours des démocratures....


M.A.  04/10/25

vendredi 3 octobre 2025

Soutien a Bertrand : 6°jour de grève

 Voilà un message du médecin qui le suit ...

https://www.facebook.com/100066458331527/posts/pfbid0uQ5uUfKT9RLsGWizhw5F6n5ATsjC6MgguA8EbbACb6wPkLa8P4MaA5EBWWcJFP9Wl/


Lorsque des personnes sont capables de compromissions avec l'extreme droite pour une place, un petit pouvoir, il ne faut rien attendre de bon de l'engeance politique...


S'acoquiner avec ce qu'il y a de pire comme idéologie pour ne plus parler d'humanité, alors on peut s'attendre au retour de ce que nous avons combattu il y a maintenant 86 ans, si près de nous pour un nouvel holocauste et si loin pour des mémoires sclerosees par les discours confusionnistes de l extreme droite avec le soutien des ventres mous du centre et les fachos-liberaux macronistes.


Alors les humanistes (les wokistes comme disent tous les decerebrés), à nous de nous faire entendre. 

mardi 30 septembre 2025

Soutien a Bertand Deléon

 Kevarc'h deoc'h holl.


Communiqué – 3e jour de la grève de la faim


Le jeûne de Bertrand a franchi le cap des 72 heures et s’installe désormais dans la durée.


Pourtant, la direction et la présidence du réseau Diwan, comme le rectorat, demeurent silencieux. Jadis prompts à intervenir, ils choisissent aujourd’hui de laisser courir une bombe à retardement, dont les conséquences risquent de les atteindre de plein fouet.


Depuis la préparation de cette grève, Bertrand a déjà perdu 20 kilos. L’ajout de ce jeûne strict accroît encore les risques immédiats pour sa santé. Chaque jour compte désormais.


Dans les prochains jours, il envisage d’organiser une rencontre publique, probablement sur le marché de Vannes, afin de poursuivre le dialogue avec toutes celles et ceux qui refusent que l’injustice devienne la norme.


En attendant, et face aux nombreuses demandes d’information, nous vous invitons à relayer largement la vidéo réalisée devant le tribunal judiciaire de Vannes - elle résume clairement la situation.

(merci à Frédérique pour ce film).

Harz-debriñ / Grève de la faim de Bertrand Deléon.

samedi 20 septembre 2025

"Lambeaux" Par M.A.

 "J'ai clamé à celle que j'aime « lambeaux »


que ne m'a-t-elle pas répondu lorsque ce cri est sorti au milieu de la nuit, au milieu de ce sommeil qui ne me possède plus et qui ne m'envisage plus non plus.

Elle a allumé et m'a regardé. Elle a cherché à comprendre.

Je me suis aussitôt retourné afin de ne pas à avoir à lui répondre. Sans doute allais-je devoir le faire le lendemain. C'est à dire dans à peine quelques heures, celles qui séparent le matin de cet instant isolé.

« Que viens tu de dire ? »

Elle ne veut pas me laisser ce répit. Elle exige la réponse immédiate, sans doute pour clore l'incident. De ne à avoir à y penser, juste y faire face dans l'instant.

« J'ai dit Lambeaux.
-et peux tu expliquer que tu aies à clamer cela dans la nuit alors que chacun cherche le sommeil ?
-Ce mot là est installé dans ma tête et veut jaillir à chaque parole que je porte et là, je n'ai pas pu l’empêcher de sortir, comme je le fais depuis des jours et des jours.
-Veux tu dire que tu es « lambeaux » ?
-En fait, je suis la perte de moi-même à chaque fois que je pense le monde tel qu'il est. Toute les chairs du monde se représentent comme une suite sans fin de peau que l'on déchire. Lentement, et on jette dans les bûchers les restes des humaines dépecés.
-En fait, c'est un cauchemar...
-C'est le monde tel que je l'entends se tordre sous les coups. J'ai le goût du sang.
-Comment on fait maintenant ? En fait comme si on n'avait rien entendu, comme si tu avais encore retenu ce cri ?
-Je ne sais pas. Je ne voulais plus en parler mais c'est toi qui veut savoir. Savoir n'est pas la paix. En fait, lorsque je pense cela, je suis à l'extérieur de moi et je visite l'extériorité de mes sensations. Je veux le silence, je veux le silence, je ne veux plus des mots, je ne veux plus. Je ne crois plus en eux. Tous les discours sont la vérité que l'on ne veut pas dire. La vérité est sue mais silencieuse, cachée. Pour ceux qui feignent d'y croire. Le silence est fait de mots qui gardent le sens réel, il ne peut être perverti, il est ce que je veux oublier de ce que par quoi je souffre. Dis moi, peut-on sortir encore quelque chose de tout ce merdier ? « Lambeaux » ou le silence. Mais ce silence qui n'est pas un choix est une violence personnelle que je m'inflige. Mais cette souffrance est moindre par rapport à ce que mes oreilles entendent. Je n'écoute plus rien mis je ne peux empêcher mes organes d'entendre. Je veux ne plus avoir envie de répondre de justifier de communiquer, d'argumenter. Je veux opposer le silence à tous discours à toutes fanfaronnades, toutes les gesticulations sont des agressions non seulement sonores mais également verbales. Ce mot n'est pas le silence que je veux vous imposer mais il est un instant verbal non anticipable. Maintenant, pouvons nous dormir, éloigner tout cela suffisamment de nous pour nous endormir ? »

Sans attendre, je me retourne de nouveau. Et je me dis : « comment expliquer que l'on puisse dire « lambeaux » sans aucune raison?"

samedi 13 septembre 2025

RACE (RACES) n. f. (du latin ratio ; puis l’italien razza) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 Le mot race paraît tirer son étymologie de l’italien razza. En français, il représente la lignée d’une même famille, d’un peuple ou d’une région plus ou

moins étendue. Pour faciliter les recherches d’ordre physique, on applique le mot race aux animaux aussi bien qu’aux hommes. Tout particulièrement, nous nous intéresserons au mot race relativement aux diverses variétés de l’espèce humaine, telles que races blanche, jaune, rouge et noire, sans oublier qu’il existe une infinité de races de couleurs intermédiaires. Au figuré, l’on parle quelquefois de race quand il s’agit de désigner certaines catégories d’hommes ayant une profession ou une inclination commune. Ces définitions ont pour but de simplifier le sens à accorder au mot race dans les divers emplois que l’on en fait. Le mot race nous intéresse sérieusement au point de vue socialiste ; et c’est la raison qui nous incite à entrer dans un développement de notre pensée sur ce sujet. S’il ne s’agit, par le mot race,

que d’exprimer le caractère distinctif d’un peuple, caractère dérivant de ses

dispositions organiques et dû au climat où ce peuple vit, aussi bien qu’à des

habitudes que les siècles ont consacrées et qui le portent à concevoir les choses et à raisonner sur elles dans un sens particulier, le terme race a une valeur admissible. En présentant la valeur du mot race d’après ce qui précède, nous verrons qu’il y a des peuples et des races plus ou moins lents ou vifs d’allure, d’autres graves ou badins, constants ou légers, économes ou prodigues, guerriers ou pacifiques ; d’autres conquérants ; d’autres pacificateurs, organisateurs ; enfin, d’autreschasseurs, bergers, nomades, cultivateurs, industriels, etc. Le même raisonnement nous montrera qu’il y a des races d’hommes de toute nuance, à cheveux plus ou moins foncés, plats, crépus ou frisés, et des parties de l’organisme plus ou moins améliorées dans le sens de la civilisation. Si, quittant ces considérations qui se rapportent davantage à l’ordre social, nous voulons donner au mot race la

signification de peuple essentiellement différent des autres peuples physiquement, organiquement destiné à être trompeur ou trompé, méchant ou bon, maître ou esclave, nous verrons que ce mot n’offre à l’esprit qu’une absurdité. Nous ne rechercherons pas, ici, si l’homme a paru sur le globe par un seul couple ou par plusieurs à la fois et en différents lieux ; cela nous mènerait trop loin,et ce n’est pas nécessaire pour le bien-fondé de notre thèse. Nous ne voulons voir dans l’homme que l’être raisonnable qui se manifeste à son prochain par le sentiment qu’il a de son existence, qui préside à son intelligence et en permet la manifestation pour son usage exclusif. Il en est ainsi parce qu’il n’y a, pour l’homme, qu’un raisonnement, comme il n’y a qu’une raison pour l’orienter vers le progrès, le bien et la pratique de la justice vis-à-vis de tous et de chacun. Sans doute, selon les races, certains organismes diffèrent, mais cette circonstance etcelles qui, du dehors, facilitent ou contrarient son action font que l’homme raisonne plus où moins facilement sur un certain nombre de questions. Ainsi, il peut conserver, plus ou moins longtemps, à travers les générations et les événements,

l’impression et le souvenir des idées qu’il a acquises. L’empirisme, comme

développement intellectuel, aboutit à ce résultat. S’il en était autrement, si l’homme caractérisé par les races n’était qu’une machine agencée par la nature, représentant l’unique matière combinée, fatalement, pour le mouvement particulier qui s’appelle vie et pour le fonctionnement spécial qu’on nomme raisonnement, tout serait déterminé, par avance, et l’action individuelle ne serait qu’un résultat mécanique inévitable, même non modifiable. C’est pour cette raison que la morale n’est pas une sottise seule profitable aux puissants, aux déterminés supérieurs. L’homme moral ne dépend plus de l’influence de sa race, que l’on pourrait prétendre son essence supérieure et différente de celle des autres races. En nous reportant toujours au mot race, et par suite à celui d’homme, nous verrons qu’il ne peut y avoir de conscience, au sens exact du mot, sans idées, point d’idées sans travail intellectuel de comparaison et de déduction rationnelle. En définitive, pour les hommes, rien n’existerait, socialement parlant, sans le raisonnement, comme c’est le cas pour les autres êtres. Or, l’expérience qu’on aime à mettre à contribution dans les milieux avancés nous prouve que l’homme ne naît pas avec des raisonnements tout faits niavec le mécanisme d’où jailliront des raisonnements déterminés. Ainsi, l’expérience, le raisonnement et l’intelligence s’accordent pour nous prouver qu’on naît simplement avec son organisme et la faculté de sentir et de raisonner. Les

races, et par voie de conséquence tous les hommes qui les composent, sont

susceptibles de bien raisonner et de s’élever aux connaissances que l’harmonie sociale nécessite pour fonder une société rationnelle.

  • Élie SOUBEYRAN.

RACES

Les hommes appartiennent-ils à une ou à plusieurs espèces originelles ? On

discute beaucoup sur ce sujet : pour les polygénistes, les hommes descendraient de plusieurs espèces apparues sur divers points du globe ; pour les monogénistes, au contraire, ils proviendraient tous d’un type unique. Couleur de la peau, aspect des cheveux, forme du crâne, des yeux, du nez permettent de distinguer aisément les grandes races humaines ; mais il a fallu de longues et pénibles recherches pour établir scientifiquement les principaux groupes et sous-groupes qu’elles comportent. L’antagonisme des races, dont parlent si souvent les écrivains patriotes, n’a d’autre raison d’être que la volonté des chefs et l’intérêt des marchands de canons. Parce qu’ils diffèrent par leurs aptitudes, leurs goûts et maintes particularités physiques,

les hommes n’ont pas besoin de se quereller et de se battre. « Vigne et blé noir ne poussent pas dans les mêmes terres : un laboureur habile diversifie les cultures selon le sol et le climat. Mais c’est l’accord harmonieux des peuples, non la lutte de chacun contre tous, qui s’impose au degré d’évolution où nous sommes. » (L’Ère du Coeur.) Dans l’explication de l’histoire, certains penseurs attribuent une importance capitale à la question des races. Selon Taine, race, milieu, moment suffisent à rendre compte des oeuvres d’art, de la littérature, de l’histoire. Gobineau, au XIXème siècle, a émis des idées sur les races qui furent plutôt mal accueillies en France, mais qui lui ont valu une réputation durable. Il croit à la supériorité des races nordiques et à la décadence des races latines. Très aristocrate, adversaire des théories démocratiques, ayant une haute idée des peuples germaniques, Gobineau, qui était diplomate de carrière, trouva de bonne heure des partisans en Allemagne. Chez nous, ses ouvrages obtinrent un succès d’estime dans un cercle très restreint. Durant la guerre de 1914-1918, on a parfois rappelé sa mémoire, mais en condamnant ses conceptions. Quelques penseurs continuent néanmoins d’avoir pour lui une estime profonde.

QUINTESSENCE n. f. (du latin : quinta essentia, cinquième essence) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 Certains philosophes anciens, dans leurs essais d’explication de l’univers,

admettaient quatre éléments primordiaux, et Aristote, reprenant une partie des conceptions d’Empédocle, enseignait que la matière provenait de la terre, ou sec + froid ; de l’eau, ou humide + froid ; du feu, ou sec + chaud et de l’air, ou humide + chaud. À ces quatre éléments, les anciens en ajoutaient un cinquième (quintessence ou cinquième essence), de nature encore plus subtile, animant probablement les quatre autres éléments.

De tous temps, les penseurs profonds ont cherché, au delà du connu immédiat, les causes profondes de l’univers. Bien que leurs moyensd’expérimentation aient été infiniment plus grossiers et réduits que les nôtres, leurs observations et leurs raisonnements, poussés à des degrés surprenants, leur firent réellement trouver les points difficultueux de la compréhension de l’univers ; et si quelques-uns de leurs essais d’explication nous paraissent naïfs, c’est probablementparce que nous ignorons tous les détails techniques de leurs conceptions. Mieux connues, elles nous paraîtraient peut-être moins simplistes et plus ingénieuses. Il est d’un usage courant, par exemple, de nier toute valeur scientifique à la conception atomistique de Démocrite, parce qu’il ne nous a point laissé les raisons

de sa philosophie et parce que son époque ignorait le microscope ou le calcul

infinitésimal. On oublie que ses observations constituaient des données aussi

certaines que les observations scientifiques actuelles, mais que, faites sur de plus grandes échelles, elles ne pouvaient engendrer que des concepts plus généraux. C’est ainsi que le spectacle de l’évolution et de la transformation de toutes choses, l’accroissement des êtres vivants, leur disparition progressive et totale suggérèrent l’idée de particules extrêmement ténues, puisqu’elles échappaient à touteobservation directe, s’agrégeant les unes aux autres en nombre prodigieux, vu leur petitesse infinie. Mais l’absence d’évaluation exacte et d’observations plus précises ne permit, à ces penseurs géniaux, que des conceptions forcément plus vagues et plus générales que celles plus récentes sur la constitution élémentaire de l’univers. Ceci nous montre que la connaissance philosophique s’effectue dans deux voies parallèles : l’une strictement expérimentale et analytique, qui nous donne le

monde tel qu’il est, au temps présent, dans les limites étroites des expériences sensorielles ; l’autre synthétique, groupant toutes les données sensorielles pour en extraire les rapports, les causalités, les identités, les variations, etc., en vue dedécouvrir des processus applicables à tous les problèmes posés par la curiosité humaine et les expliquant. Il est donc évident que, toujours, la synthèse dépendra de l’analyse, et qu’une analyse grossière, imparfaite et superficielle ne saurait aboutir à une synthèse profonde et définitive. C’est pourquoi nous assistons à des modifications successives et incessantes des conceptions de la matière et de l’énergie, conceptions dépassant inévitablement le cadre strictement expérimental du présent, puisque le but de la connaissance est de nous préparer à l’inconnu de tout devenir et de tout avenir. Parmi ces inconnus, la quintessence des anciens, malgré tous nos progrès, reste toujours d’actualité ; et les mêmes difficultés que rencontrèrent ces penseurs profonds se dressent toujours devant nous. Nous ignorons encore l’essence réelle des phénomènes ; et si nous connaissons assez bien la constitution de l’atome, nous ignorons la constitution des électrons, la cause de leur rotation et de leurorganisation et surtout la cause de leur vagabondage d’un atome à l’autre. Nous mesurons admirablement les effets divers de l’énergie, mais nous ne savons point qu’elle est sa structure définitive.

Ce n’est pas là une question oiseuse de métaphysique. Certes, la science

moderne, en ramenant tous les aspects de l’univers à des manifestations de

l’énergie, a chassé les dieux terrifiants ct malfaisants ; mais le mystère de la

quintessence reste toujours d’actualité, à peine rajeuni et modernisé, sous cette forme plus précise : d’où vient la variation du mouvement ?L’univers nous apparaît, dans ses changements perpétuels et ses simultanéités d’équilibres, comme une suite ininterrompue de stabilités et d’instabilités. La

science actuelle étudie le stable et même le variable, mais elle n’en tire une source de connaissances que lorsque cette variation est régulière, continue et peut devenir une loi. Il n’en est pas de même de l’instable. La météorologie, par exemple, par son irrégularité et son imprévision des temps à venir, ne saurait être une science réelle.

Ainsi, l’essence des variations phénoménales nous échappe ; et cela est si

vrai que la connaissance réelle des phénomènes nous permet de les adapter à nos besoins, de nous adapter à eux, tandis qu’ignorant actuellement la cause de pertes ou de gains des électrons par les atomes nous ne pouvons ni enlever un électron à l’atome de mercure, ni en enlever trois à l’atome de plomb – ce qui les transformerait tous deux en atomes d’or –, ni ajouter un électron à l’atome d’azote pour en faire un atome d’oxygène. Cela prouve qu’au-delà de nos moyens actuels d’analyse expérimentale, il y a d’autres faits déterminant tous les effets que nous appelons énergie, pesanteur, lumière, électricité, etc. Ces faits sont doués de propriétés telles que tous les processus universels : variation, évolution, équilibre, énergie, matière, vie, pensée, etc., doivent pouvoir être expliqués par eux. Déjà, nous pouvons penser que, par le changement de direction du mouvement de la substance, l’énergie et la masse peuvent s’expliquer en grande partie : l’énergie étant du mouvement rectiligne à grande vitesse linéaire, et la masse du mouvement circulaire à grande vitesse rotatoire. L’énergie peut donc se transformer en masse (inertie apparente d’une toupie due à sa grande vitesse rotatoire) ; et, inversement, la masse peut se transformer en énergie (vitesse linéaire de la toupie après heurt d’un obstacle). Il est probable qu’au-delà de la vitesse de la lumière existent d’autres vitesses, beaucoup plus rapides, préexistant et participant à toutes les combinaisons, les engendrant et les détruisant par cette propriété de stabilité et d’instabilité qui est le secret même de l’univers, la quintessence des anciens.

Le mouvement a bien sa cause en lui-même, c’est entendu, et l’on ne pourra

jamais aller plus avant dans cette voie ; mais il reste à trouver pour quelles causes ce mouvement varie et présente une infinité d’équilibres et d’instabilités. Les lois scientifiques ont, jusqu’à présent, précisé l’évolution équilibrée de notre univers présent ; elles doivent se compléter par la découverte de lois plus synthétiques s’appliquant à toutes les durées de l’univers.

IXIGREC.

QUIÉTISME n. m. (du latin quies, repos, silence) encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 S’unir à dieu par l’anéantissement de la volonté personnelle, se perdre amoureusement en lui par une contemplation qui laisse l’âme dans un complet repos, dans une inaction totale, voilà ce qu’ont désiré nombre d’ascètes orientaux et, après eux, les philosophes néoplatoniciens de l’école d’Alexandrie. Avec desvariantes, nous retrouvons les mêmes aspirations foncières chez les Albigeois, chez les Vaudois et chez les moines chrétiens du Moyen Âge qui s’adonnaient à la contemplation dans l’intérieur de leurs couvents. On découvre le germe de cettedoctrine dans les écrits de mystiques orthodoxes restés célèbres, ainsi que chez beaucoup d’hérétiques. Mais c’est au XVIIème siècle, avec Molinos, Mme Guyon et Fénelon, que le quiétisme devint l’objet de controverses fameuses. Le théologien Molinos, né près de Saragosse, en 1627, s’était fixé à Rome où il fut grandement apprécié comme directeur de conscience. Dans un livre paru en 1671, sous le titre de La Guide spirituelle, il préconisait un amour de dieu pur de tout désir du salut, vide de tout motif d’intérêt. Parvenue à l’état de contemplation parfaite, déclarait-il, l’âme ne raisonne plus et reçoit passivement l’impression de dieu ; oublieuse des manifestations de la piété extérieure, elle devient « indifférente, même à sa condamnation éternelle ». Molinos fut arrêté par l’Inquisition romaine, en 1685, et le pape condamna son livre en 1687. Il fit amende honorable, mais resta néanmoins en prison jusqu’à sa mort, survenue en 1696. Bien d’autres ecclésiastiques avaient publié, vers la même époque, des ouvrages qui s’inspiraient d’idées semblables. L’un d’eux, le barnabite La Combe, auteur d’une Analyse de l’Oraison mentale, les

fit connaître à une jeune veuve, née à Montargis, en 1648, Mme Guyon, qui s’était fait remarquer de bonne heure par son mysticisme ardent. Elle écrivit plusieurs ouvrages, Moyen court et facile pour l’oraison, Le Cantique des cantiques, les Torrents spirituels, fut accusée de renouveler la doctrine de Molinos et enfermée au couvent de la Visitation. Mais, fort séduisante, elle fit des adeptes parmi les dames de la cour ; les duchesses de Chevreuse et de Beauvilliers, Mme de Maintenon devinrent ses amies. Fénelon, alors précepteur des enfants de France, se déclara son protecteur. Après avoir joui d’une certaine faveur à Versailles, elle tomba en disgrâce et fut invitée à quitter Saint-Cyr où elle s’était fixée. Mme de Maintenon, conseillée par l’évêque de Chartres, avait redouté les conséquences d’une doctrine

qui aboutissait au mépris des dogmes et des autorités ecclésiastiques. Plus tard, on enferma Mme Guyon dans un couvent, puis en prison. Remise en liberté, elle se retira chez son fils, près de Blois, en 1703 ; le silence s’était fait autour d’elle, lorsqu’elle mourut, quinze ans plus tard. Dans l’histoire du quiétisme, ce qui scandalisa particulièrement les contemporains, ce fut la lutte sans bienveillance qui mit aux prises deux prélats intrigants, l’orgueilleux évêque de Meaux, Bossuet, et l’hypocrite archevêque de Cambrai, Fénelon. Les pamphlets se succédèrent : soutenu par Louis XIV, le premier se montra cassant, autoritaire, d’une arrogance qui donne une piètre idée de son caractère ; le second, insidieux et perfide, gardait une humilité doucereuse,

même lorsqu’il tâchait de frapper à mort son ennemi exécré. Et ce furent des

intrigues de tous genres : Bossuet menaçait le pape de la colère du roi, tandis que les partisans de Fénelon, nombreux à la cour de Rome, s’agitaient en sa faveur. Comme il est de mode, dans l’Université, d’attribuer un génie transcendant à l’évêque de Meaux, qui fut pourtant un penseur d’une médiocrité insigne, on lui donne généralement raison. Malgré ses préférences personnelles pour Fénelon, Innocent XII condamna finalement (sur les instances de Louis XIV, qui parlait haut et sec) le livre de l’archevêque de Cambrai intitulé Explication des maximes des saints. Dans cet ouvrage était soutenue la doctrine du pur amour, désapprouvée, lors des conférences d’Issy, par Bossuet, de Noailles, alors évêque de Châlons, et

Tronson, directeur du séminaire de Saint-Sulpice, les trois juges officiellement

chargés d’examiner les écrits de Mme Guyon. Loin de s’associer à ceux qui

blâmaient le quiétisme, Fénelon en faisait l’apologie. Toutefois, il n’allait pas aussi loin que Molinos, ni même que Mme Guyon. Alors que cette dernière préconisait une méthode permettant d’arriver à un état de contemplation immuable et d’amour pur qui dispensait des autres pratiques religieuses, son défenseur parlait seulement de la possibilité d’un état habituel d’amour divin qui excluait le désir du ciel et la crainte de l’enfer.

Certes, nous n’avons pas plus de sympathie pour cette conception que pour

celle de Bossuet. Comme Voltaire, nous trouvons étrange que l’archevêque de Cambrai se soit laissé séduire « par une femme à révélations, à prophéties et à galimatias, qui suffoquait de la grâce intérieure, qu’on était obligé de délacer et qui se vidait (à ce qu’elle disait) de la surabondance de la grâce pour en faire enfler le corps de l’élu assis auprès d’elle ». Ainsi que d’autres saintes canonisées par l’Église, elle avait épousé Jésus-Christ durant une de ses extases. Rendue frénétique par excès d’amour ou, plus exactement, par manque de satisfaction complète, elle donnait à dieu l’assurance qu’elle l’aimait « plus que l’amant le plus passionné n’aimait sa maîtresse ». Elle s’écriait parfois : « Je veux l’amour qui transit l’âme de frissons ineffables, l’amour qui met en pamoison. » Puis, quand son divin galant l’avait exaucée, elle lui déclarait toute frémissante : « Si vous faisiez sentir aux personnes les plus sensuelles ce que je sens, elles quitteraient bientôt leurs faux plaisirs pour jouir d’un bien si véritable. » Ainsi, Mme Guyon apparaissait digne d’être placée parmi les saintes hystériques, à côté de Catherine de Sienne, de Thérèse d’Avila, de Marie Alacoque. Ce fut la jalousie de Bossuet qui rendit la chose impossible ; ce prélat était vexé de n’avoir jamais pu atteindre aux extasesdes grands mystiques ; il enrageait surtout de voir Fénelon plus apte que lui à éprouver ce genre d’émotions. Il faut un parti pris évident pour ne pas reconnaîtreque, dans cette querelle, comme dans celles qu’il eut avec le père Caffaro, avec Richard Simon et avec d’autres, l’évêque de Meaux fit preuve d’un sectarisme très mesquin. En acteur consommé, Fénelon termina cette affaire par des scènes de

haute comédie. Quand il apprit sa condamnation par le pape et les marques

d’hostilité que ne lui ménageait pas Louis XIV, il monta en chaire, rétracta publiquement les idées qu’il avait soutenues et publia un mandement où il déclarait se soumettre sans réserve. Puis, ayant assemblé les évêques de sa province, il souscrivit avec eux le bref pontifical qui le condamnait ; et il fit don à sa cathédrale d’un magnifique ostensoir, en souvenir de sa rétractation. En réalité, plusieurs saints, plusieurs chefs d’ordre, approuvés par l’Église, avaient déjà prétendu, comme Mme Guyon, qu’il était possible à tous d’arriver à un état d’oraison extraordinaire. Parmi ses précurseurs, le quiétisme pouvait ranger, à bon droit, les pères et les écrivains mystiques les mieux accrédités ; il trouvait même dans l’Évangile des textes en sa faveur. Dans les premiers siècles de notre ère, les esprits contemplatifs rattachèrent leur doctrine à saint Jean, dont l’exaltation amoureuse contrastait avec le tempérament positif et la vie militante des autres apôtres. À toutes les époques, certains ascètes admirent que l’âme absorbée en dieu s’oubliait

elle-même pour ne plus songer qu’au céleste objet de son affection. Le quiétisme se rattachait à une tradition qui remontait à l’origine du christianisme et qui lui était même antérieure, car elle avait sa source première dans les élans d’un mysticisme érotique, familier aux peuples de l’Antiquité. Si son nom a disparu, il subsiste, néanmoins, en fait, dans l’Église ; aujourd’hui encore, les grandes hystériques des couvents rêvent d’union amoureuse avec Jésus, ce mâle superbe dont elles sentent

les caresses pendant leurs contemplations nocturnes ou au moment de la

communion.

L. BARBEDETTE.

QUESTION (TORTURE) n. f. encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure

 C’est à la législation romaine que nos juges empruntèrent l’usage de la torture, de la question si l’on préfère ; et ce moyen de procédure avait pour but, assurait-on, de connaître la vérité, en arrachant à l’accusé l’aveu de son crime ou des révélations sur ses complices. On sait à quels raffinements de cruauté les Orientaux, en général, et les Chinois, en particulier, descendent en matière de supplices. À Athènes, la torture était réservée aux esclaves ; à Rome, le témoignage de ces derniers ne devenait valable que s’il était obtenu au milieu des tourments. La nomenclature des divers modes de torture serait immense ; après avoir servi contre les premiers chrétiens, les pires supplices furent employés contre les hérétiques. En France, la question remplaça les épreuves judiciaires ou ordalies, couramment utilisées au Moyen Âge. Comme dieu, disait-on, ne pouvait abandonner l’innocent, l’accusé devait prouver, au moyen de l’ordalie, qu’il avait pour lui l’amitié du ciel. Parmi ces épreuves, certaines sont restées célèbres. Celle de l’eau se faisait soit par

l’eau bouillante, soit par l’eau froide. Dans le premier cas, il fallait plonger le bras dans une cuve d’eau bouillante, à une profondeur plus ou moins grande, selon la nature de l’accusation, pour en extraire une pierre ou un anneau bénit par le prêtre. On entourait ensuite le bras d’une enveloppe que scellait le juge. Si, au bout de trois jours, le patient n’avait pas de brûlure, il était proclamé innocent. Dans l’épreuve par l’eau froide, on jetait l’accusé dans un lac, une rivière ou une cuve, après avoir lié sa main gauche avec son pied droit et sa main droite avec son pied gauche. S’il enfonçait, il était déclaré innocent ; s’il surnageait, il était reconnu coupable, car l’eau, bénite au préalable, le repoussait à cause de ses crimes. Pourtant, dans certaines localités, on admettait la règle contraire : c’était le coupable qui enfonçait,

l’innocent qui surnageait. L’épreuve du fer ardent se pratiquait de différentesfaçons. Tantôt il fallait marcher, pieds nus, sur des socs de charrue rougis au feu, tantôt c’était une barre de fer chaude qu’on devait empoigner et soulever à plusieurs reprises ; dans d’autres cas, on engageait main et bras dans un gantelet de fer. Au bout de trois jours, le juge proclamait la non culpabilité du patient, s’il n’y avait pas trace de brûlure. Pour l’épreuve de la croix, accusateur et accusé se tenaient debout, les bras en croix ; celui qui restait le plus longtemps dans cette position incommode gagnait son procès. Dans le combat judiciaire, les deux parties en présence luttaient l’une contre l’autre ; parfois même, témoins et juge avaient à répondre aux provocations.

Des avoués ou champions pouvaient se substituer aux parties ; c’était la règle lorsqu’il s’agissait de femmes ou de clercs. Les vilains étaient munis de bâtons, les nobles avaient une armure complète avec bouclier, lance et épée. En permettant la victoire de l’un des hommes en présence, dieu, assurait-on, se portait garant de son innocence. Avant ces diverses épreuves, on avait coutume de célébrer une messe, dont on a retrouvé le texte dans de vieux missels. Pourtant, ces pratiques étaient si absurdes et conduisaient à des injustices si manifestes qu’on finit par les interdire. Mais elles disparurent très lentement : l’épreuve par l’eau froide était encore employée au début du XVIIème siècle ; et le duel, dont l’usage subsiste à titre privé, même de nos jours, dérive en droite ligne des anciens combats judiciaires. Hélas ! Les enquêtes criminelles s’appuyèrent sur la question, lorsque les ordalies furent passées de mode. Sous prétexte d’améliorer la législation, on la rendit plus atroce : les épreuves judiciaires étaient iniques, mais on ne les renouvelait point ; il n’en fut pas ainsi pour la question qui devint parfois un interminable supplice. Établie, affirmait-on, pour défendre l’innocence, elle n’était propre qu’à la perdre. « Les géhennes, remarquait Montaigne, sont d’une dangereuse invention ; c’est un essai de patience plus que de vérité ; car, pourquoi la douleur fera-t-elle plutôt confesser à un malheureux ce qui est qu’elle ne le forcera de dire ce qui n’est pas ! Et, au rebours, si celui qui n’a pas fait ce dont on l’accuse est assez patient pour supporter tourments, pourquoi ne le sera celui qui a fait un crime : un si beau guerdon que celui de la vie lui étant assuré. En un mot, c’est un moyen plein d’incertitude et de danger. Que ne dirait-on, que ne ferait-on pour fuir de si graves douleurs ? D’où il advient que celui que le juge a géhenné, pour ne le faire mourir innocent, il le fasse mourir en coupable. » De la question, La Bruyère dira de son côté : « C’est une invention sûre pour sauver un coupable robuste. » Et Beccaria fera remarquer que l’aveu arraché par la torture manque de valeur probante : « L’impression de la douleur peut croître au point qu’absorbant

toutes les facultés de l’accusé, elle ne lui laisse d’autre sentiment que le désir de se soustraire, par le moyen le plus rapide, au mal qui l’accable. » Malgré les protestations de tous les esprits généreux, la question subsista jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. L’ordonnance criminelle rendue en 1670, par Louis XIV, fut draconienne. Elle obligeait les accusés à « répondre par leur bouche, sans le ministère de conseil ». À condition que « le crime ne soit pas capital », les juges « pourront permettre aux accusés de conférer avec qui bon leur semblera », après l’interrogatoire seulement. Pour empêcher les témoins à charge de revenir sur leur déclaration, « ceux qui rétracteront leurs dépositions, disait la loi, seront poursuivis et punis comme de faux témoins ». On invitait le juge à ne pas pousser la question jusqu’à la mort, se bornant sur ce sujet à rappeler d’anciennes ordonnances. Mais la façon de l’appliquer fut laissée à l’arbitraire des magistrats, l’ignoble et cruel Pussort ayant estimé qu’une description de la torture serait « indécente ». L’ordonnance restait fort ambiguë concernant ceux que l’on ne devait pas soumettre à la question. Aussi, en pratique, les tribunaux n’avaient-ils d’autre règle que leur fantaisie. On distinguait la question préparatoire, destinée à arracher l’aveu de son

crime à l’accusé, et la question préalable, qu’on faisait subir au condamné pour obtenir des renseignements sur ses complices. Quand la première était ordonnée sans réserve de preuves, le patient qui n’avouait pas était absout ; par contre, lorsqu’il y avait eu réserve, l’absence d’aveu ne l’arrachait à la peine de mort que sil’on manquait, par ailleurs, de témoignages probants. Un chirurgien ou un barbier, présents aux séances de torture, indiquaient les limites que l’on ne pouvait dépasser sans ôter la vie. En plein XVIIIème siècle, on avait encore recours à des tourments effroyables. Pour avoir fait une écorchure au flanc de Louis XV, Damiens subit de longs supplices préalables, puis, dans une dernière séance, on brûla sa main droite, on le tenailla, on versa du plomb fondu dans ses plaies, enfin on l’écartela. Il est

vrai qu’à la même époque, le vol d’une paire de draps, par un domestique, était puni de la pendaison, et qu’un délit de chasse valait au coupable les galères à perpétuité. Pilori, roue, mutilations barbares n’avaient pas disparu. Dans le supplice de la roue, on brisait bras, jambes et côtes du patient, attaché sur deux morceaux de bois disposés en forme de croix de Saint-André ; puis on le plaçait, bras et jambes ramenés derrière le dos, sur une petite roue soutenue par un poteau. La question par le feu, que des brigands fameux pratiquèrent eux aussi, consistait à soumettre la plante des pieds à un feu de plus en plus vif. On écrasait les pouces avec une machine, dans la question par le fer. Mais, à partir du XVIème siècle, l’extension, l’eau, les brodequins furent les formes de torture les plus habituelles. Au premier degré de l’extension, on attachait un poids de 180 livres au pied droit de l’accusé,

puis on le suspendait à l’aide d’une corde ; au second degré, on tirait pieds et mains avec des cordes fixées d’un côté à un anneau du pavé, de l’autre à des anneaux placés dans le mur à une hauteur de trois pieds : pour disloquer les membres, on passait sous lui des tréteaux de plus en plus élevés. Une corne, faisant office d’entonnoir, était introduite dans la bouche du sujet, lorsqu’avait lieu la question parl’eau. S’il n’avouait pas, on ne s’arrêtait qu’après l’avoir contraint d’avaler six litres environ de liquide dans la question ordinaire, douze dans la question extraordinaire. Pour le supplice des brodequins, les jambes étaient rapprochées à l’aide de cordes, après avoir été assujetties au préalable chacune entre deux planchettes de chêne ; ensuite le tourmenteur introduisait à coups de maillet, entre les ais du milieu, des coins de fer ou de bois dont le nombre dépassait huit dans certains cas. Les jambes devenaient informes et les os brisés laissaient échapper la moelle. En matière detorture, nos pères avaient donc peu de chose à envier aux Chinois !

Les philosophes du XVIIIème siècle protestèrent avec ardeur contre ces

pratiques inhumaines. Montesquieu dénonça la barbarie de nos lois pénales ; la traduction française du Traité des délits et des peines de l’Italien Beccaria obtint un prodigieux succès ; Voltaire flétrit la procédure secrète, l’injustice des tribunaux, les châtiments atroces. En 1780, le roi supprima la question préparatoire ; mais la question préalable subsista jusqu’à la Révolution.

Hélas ! La torture fut remplacée au XIXème siècle par le secret. Maintenu

dans l’isolement le plus absolu, l’accusé ne voyait que son geôlier ; toute distraction lui était interdite ; il ne devait ni lire, ni écrire. Et cette épreuve abrutissante se prolongeait parfois des mois entiers ! On sait que, de nos jours, policiers et commissaires continuent de soumettre les prévenus à d’horribles brimades. Dépouillé de ses vêtements, roué de coups de matraque, quand il ne subit pas detortures plus raffinées, le malheureux, tombé aux mains des agents, n’a même pas le droit de se plaindre. Juges et autorités ferment volontairement les yeux, puis proclament, sans barguigner, que de telles pratiques n’existent pas. Et si un patient expire sous les coups des policiers, sa famille ne peut le dire sans s’exposer à de ruineuses condamnations pécuniaires et même à des peines encore pires. C’est à

faire souffrir ceux qu’ils tiennent entre leurs griffes que s’appliquent, par ailleurs, maints gardiens de prison. Les anciens abus se transforment, mais ils perdurent grâce à la complicité des chefs.

L. BARBEDETTE.